Vingtième jour de guerre au Soudan, une nouvelle trêve vole en éclats

Les combats ont déplacé plus de 335.000 personnes et poussé 115.000 autres à l'exil, selon l'ONU, qui s'attend à huit fois plus de réfugiés. (AFP).
Les combats ont déplacé plus de 335.000 personnes et poussé 115.000 autres à l'exil, selon l'ONU, qui s'attend à huit fois plus de réfugiés. (AFP).
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Publié le Jeudi 04 mai 2023

Vingtième jour de guerre au Soudan, une nouvelle trêve vole en éclats

  • Malgré l'annonce d'un «accord de principe» pour  prolonger jusqu'au 11 mai une trêve jamais respectée, «des affrontements et des explosions» secouent la banlieue nord de Khartoum
  • Au lieu de négociations politiques, les 45 millions de Soudanais se sont réveillés au bruit de l'artillerie et des raids aériens

KHARTOUM: Explosions et tirs résonnent jeudi à Khartoum, au vingtième jour de combats acharnés entre l'armée et les paramilitaires qui se disputent le pouvoir au Soudan, risquant d'entraîner la région dans une crise.

Malgré l'annonce d'un "accord de principe" pour  prolonger jusqu'au 11 mai une trêve jamais respectée, "des affrontements et des explosions" secouent la banlieue nord de Khartoum, rapportent à l'aube des habitants à l'AFP.

Comme les plus de cinq millions d'habitants de la capitale, ils ne vivent plus qu'au rythme des bombardements, terrés pour éviter les balles perdues dans des maisons sans eau ni électricité, avec de moins en moins d'argent et de nourriture, le tout sous une chaleur écrasante.

Depuis le 15 avril, la guerre entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, a fait 550 morts et 5.000 blessés, selon un bilan largement sous-estimé. Les hôpitaux ne peuvent suivre: moins d'un sur cinq est encore en fonctionnement à Khartoum et quasiment aucun au Darfour (ouest).

Les combats ont déplacé plus de 335.000 personnes et poussé 115.000 autres à l'exil, selon l'ONU, qui s'attend à huit fois plus de réfugiés.

Pillages 

Le jour où la guerre a éclaté, les deux généraux -- alliés pour leur putsch de 2021 -- devaient discuter avec l'ONU et les médiateurs internationaux de l'intégration des FSR à l'armée, condition sine qua non à un retour à la transition vers un gouvernement civil et donc à la reprise de l'aide internationale, suspendue en réaction au putsch.

Au lieu de négociations politiques, les 45 millions de Soudanais se sont réveillés au bruit de l'artillerie et des raids aériens.

"Nous pouvons dire que nous n'avons pas réussi à empêcher" la guerre qui a pris l'ONU "par surprise", a reconnu mercredi son secrétaire général Antonio Guterres.

"A chaque minute de guerre de plus, des gens meurent ou sont jetés dans les rues, la société se désagrège et l'Etat s'affaiblit et se décompose un peu plus", a déploré Khalid Omar Youssef, un ancien ministre civil limogé lors du putsch.

Dans la ville côtière de Port-Soudan, épargnée par la violence, le coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, Martin Griffiths, tente d'organiser les réapprovisionnement des stocks après des pillages de masse dans un pays où un habitant sur trois dépendait déjà de l'aide humanitaire avant la guerre.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, décrit le chaos à Khartoum: "un raid de l'armée de l'air sur un hôpital", les FSR qui "lancent des attaques dans des zones urbaines densément peuplées"...

Au Darfour, où des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles selon l'ONU, l'ONG Norwegian Refugee Council (NRC) raconte la désolation: "il y a eu au moins 191 morts, des dizaines d'habitations incendiées, des milliers de déplacés et les bureaux de NRC ont été pillés".

« Solutions africaines »

Le Soudan du Sud, médiateur historique, a annoncé "un accord de principe" sur une trêve "du 4 au 11 mai".

A son entrée en vigueur, l'armée a dit avoir "accepté" à condition que les FSR s'y tiennent également. Les paramilitaires n'ont pas commenté.

Alors que les canaux diplomatiques se multiplient en Afrique et au Moyen-Orient, l'armée a dit choisir cette proposition de l'Igad, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Est car il faut "des solutions africaines aux problèmes du continent".

Elle a également salué les médiations américano-saoudiennes, après une tournée cette semaine de son émissaire à Ryad puis au Caire et à la Ligue arabe.

Le camp du général Burhane s'est engagé à "nommer un émissaire pour négocier une trêve" avec le camp rival, sous l'égide "des présidents sud-soudanais, kényan et djiboutien", dans un pays qui doit encore être déterminé.

Alors que l'exode des Soudanais se poursuit, des étrangers continuent d'être évacués par centaines, principalement via Port-Soudan, sur la mer Rouge.

M. Guterres a jugé "absolument essentiel" que la crise ne s'étende pas au-delà des frontières.

Il a plaidé pour "soutenir massivement le Tchad", voisin du Soudan, rappelant que "d'autres pays de la région (étaient) dans leurs propres processus de paix", comme l'Ethiopie et le Soudan du Sud.


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".

 


Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce 1.042 morts depuis la reprise des frappes israéliennes

 Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures. (AFP)
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  • Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées
  • Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars

GAZA: Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien, dont 41 au cours des dernières 24 heures.

Le ministère ajoute dans un communiqué que les bombardements et l'offensive au sol d'Israël ont également fait 2.542 blessés depuis le 18 mars, et que le bilan total depuis le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, se monte désormais à 50.399 morts dans la bande de Gaza.