PARIS: Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ont à leur tour attaqué mercredi Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, qui font "la courte échelle" au Rassemblement national selon le chef de l’État et "continuent de mettre en cause les forces de l'ordre" après le 1er-Mai pour la Première ministre.
L'exécutif réfléchit par ailleurs à une nouvelle loi anticasseurs, après cette journée de mobilisation très suivie dans un contexte d'opposition persistante à la réforme des retraites, lors de laquelle plus de 400 policiers et gendarmes ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur.
"Les Insoumis font la courte échelle au RN", a estimé M. Macron lors du Conseil des ministres, ajoutant que "les factieux nourrissent les factions", selon des propos rapportés par BFMTV et confirmés à l'AFP par un participant.
"A l'offensive", le président "a été extrêmement ferme, a condamné" M. Mélenchon, selon un autre participant.
Le leader de LFI est sous le feu des critiques du gouvernement depuis mardi pour n'avoir pas condamné les violences de certains manifestants contre les policiers.
Les "nouvelles outrances" du leader d'extrême gauche "s'inscrivent dans une remise en cause permanente de nos institutions", a de son côté accusé la Première ministre lors des questions au gouvernement au Sénat.
Mme Borne a vu dans ses dernières déclarations "une nouvelle étape" dans une entreprise destinée à "saper la confiance de nos concitoyens dans notre démocratie".
"+A bas la mauvaise République+, dit-il. Chacun le sait bien: pour Jean-Luc Mélenchon, la seule bonne République, c'est lui", a lancé la cheffe du gouvernement, en référence la formule utilisée le 1er-Mai par le leader de LFI pour redire son opposition à la Ve République.
"Madame Borne, après Darmanin, joue sa vilaine partition de calomnies et de haine contre moi. Vivement qu'une personne aussi nuisible au pays quitte le pouvoir", a réagi l'ancien candidat à la présidentielle mercredi sur Twitter.
Au même moment, à l'Assemblée nationale, se tenait un nouveau débat tendu sur le maintien de l'ordre et la "répression du mouvement social", à l'initiative de... La France insoumise. La cheffe du groupe des insoumis Mathilde Panot a lancé la charge contre la "Macronie, citadelle assiégée" pour qui "il n'est plus question de sauver l'ordre public mais l'ordre établi".
Nouveau texte anticasseurs?
Sur le banc du gouvernement, le ministre délégué aux Outre-Mer Jean-François Carenco a souligné que "la très très grande majorité des manifestations se passent très bien". Mais des "éléments pertubateurs ont infiltré les cortèges".
Il a reproché à plusieurs reprises à la gauche de l'interrompre.
Il s'est brièvement absenté pendant une question d'un élu Renaissance, suscitant l'ire de la gauche. A son retour, le ministre Carenco a évoqué un coup de fatigue.
Mathilde Panot a demandé une suspension de séance en réclamant en vain la venue du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Dans ce contexte, l'exécutif a dit réfléchir à un nouveau texte anticasseurs, pour "s'adapter" à leurs "nouveaux usages" lors des manifestations, a résumé le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.
"Est-ce que l'arsenal législatif, est-ce que la loi aujourd'hui permet de le faire ? Je rappelle qu'en 2019, on a adopté un texte important qui a permis d'avoir des améliorations" mais "on n'était pas allé complètement au bout", a-t-il poursuivi.
Il évoquait la loi adoptée sur fond de crise des "gilets jaunes" et dont le Conseil constitutionnel avait cependant censuré certaines mesures, en particulier la possibilité pour les préfets de prononcer des interdictions administratives de manifester.
"Pas de réponse à ce stade" sur la nécessité d'un texte de loi, pour le porte-parole du gouvernement. Mais "en tous cas, on y réfléchit", avait déclaré, dans la matinée sur RTL, Éric Dupond-Moretti, précisant qu'il rencontrerait Gérald Darmanin vendredi pour "travailler ensemble" sur ce sujet.
Devant le Sénat, M. Darmanin a plus explicitement évoqué "une proposition de loi ou d'un projet de loi", en réponse à la sénatrice Les Républicains (LR) Muriel Jourda qui lui demandait ce que faisait le gouvernement pour maintenir l'ordre.