Le Soudan près du «point de rupture», une nouvelle trêve violée

La guerre a fait 528 morts et 4.599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués (Photo, AFP).
La guerre a fait 528 morts et 4.599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 02 mai 2023

Le Soudan près du «point de rupture», une nouvelle trêve violée

  • Khartoum, la capitale de cinq millions d'habitants, est «sous les avions de combat» tandis que des tirs et des explosions résonnent dans différents quartiers, selon des témoins
  • «L'échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan (sont) sans précédent», a estimé dimanche l'ONU

KHARTOUM: Raids aériens, tirs et explosions ont de nouveau secoué Khartoum lundi, malgré l'annonce d'une trêve dans les combats entre l'armée et les paramilitaires qui ont plongé le Soudan dans une situation humanitaire proche "du point de rupture" selon l'ONU.

Khartoum, la capitale de cinq millions d'habitants, est "survolée par les avions de combat" tandis que des tirs et des explosions résonnent dans différents quartiers, ont rapporté des témoins à l'AFP.

Les combats qui ont fait des centaines de morts ont éclaté le 15 avril entre les deux généraux aux commandes du pays depuis leur putsch de 2021, piégeant des millions de Soudanais.

"L'échelle et la vitesse à laquelle se déroulent les événements au Soudan (sont) sans précédent", a estimé dimanche l'ONU, qui a dépêché dans la région son responsable pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths.

"Je suis en route (...) afin d'étudier comment nous pouvons apporter une aide immédiate" aux habitants, a déclaré M. Griffiths, pour qui la "situation humanitaire atteint un point de rupture" dans le pays, l'un des plus pauvres du monde.

Le pillage massif des bureaux et des entrepôts humanitaires a "épuisé la plupart de nos stocks", a-t-il dit.

Malgré tout, dans un pays où un tiers des habitants souffraient de la faim avant la guerre, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé "lever immédiatement la suspension de ses activités", ordonnée après la mort de trois de ses employés.

Le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et le patron des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, avaient accepté de prolonger dimanche à minuit le cessez-le-feu de trois jours, après une "médiation des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite", selon l'armée soudanaise.

Mais depuis le début du conflit, plusieurs trêves ont été annoncées avant d'être aussitôt violées. Selon les experts, elles signifient uniquement que les couloirs sécurisés pour les évacuations des étrangers sont maintenus et que les négociations, qui ont lieu à l'étranger, se poursuivent.

Jusqu'ici, les deux généraux refusent des négociations directes.

Les combats ont fait 528 morts et 4 599 blessés, selon des chiffres officiels largement sous-évalués.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est parvenu dimanche à faire atterrir à Port-Soudan, à 850 kilomètres à l'est de Khartoum, un premier avion chargé de huit tonnes d'aide.

Cela ne soignera que "1.500 blessés", a-t-il prévenu.

L'ONU a recensé 75 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays. Au moins 20 000 ont fui vers le Tchad, 6 000 vers la Centrafrique et des milliers d'autres vers le Soudan du Sud et l'Ethiopie.

Au total, jusqu'à 270 000 personnes, selon une estimation de l'ONU, pourraient fuir les combats qui touchent 12 des 18 Etats de ce pays de 45 millions d'habitants.

Un premier avion d'aide humanitaire a atterri au Soudan

Un premier avion chargé de "huit tonnes" d'aide dont "du matériel chirurgical" a atterri au Soudan où il doit permettre "de soigner 1 500 patients" dans le pays où la plupart des hôpitaux sont hors service en raison des combats entre les deux généraux rivaux.

L'avion, à bord duquel se trouve également du personnel humanitaire, a décollé d'Amman et a atterri à Port-Soudan, ville côtière à 850 km à l'est de Khartoum où se concentrent les combats. L'espace aérien soudanais est fermé depuis 15 avril car les combats ont débuté à l'aéroport de Khartoum.

Selon le CICR, cette cargaison contient "des produits anesthésiques, des pansements, du matériel de suture et d'autres articles chirurgicaux".

Ce matériel "permettra de soigner 1 500 blessés, on espère maintenant pouvoir le livrer rapidement aux plus grands hôpitaux de Khartoum", a d'autre part affirmé à des journalistes le directeur régional pour l'Afrique du CICR, Patrick Youssef.

Mais, prévient-il, pour acheminer les secours "on a besoin de plus de garanties de sécurité à Khartoum et au Darfour", où la majorité des combats, qui ont fait plus de 500 morts en plus de deux semaines, se poursuivent.

Au Darfour, la situation est "très difficile", ajoute-t-il, "les populations se déplacent, en temps normal on les suivrait mais dans la situation actuelle c’est impossible".

Pour les médecins au Soudan, il faut surtout rétablir l'eau et l'électricité et faire sortir les combattants qui occupent certains établissements. Il faut également des solutions de rechange pour les 15 hôpitaux bombardés et des équipes pour relayer des médecins qui parfois n'ont pas cessé de travailler depuis deux semaines.

"Seuls 16% des hôpitaux fonctionnent à Khartoum selon l'ONU, la situation est catastrophique en raison du manque de médecins et du manque de matériel médical" alerte également M. Youssef qui précise que si "en temps normal, un hôpital doit être réapprovisionné tous les deux jours, en temps de guerre, surtout si comme en ce moment les hôpitaux sont pillés et attaqués, ce délai se raccourcit".

Il faut également, préviennent les médecins, trouver les ressources pour prendre en charge "12 000 malades" qui, sans dialyse dans des hôpitaux où les stocks sont vides et les générateurs en panne de carburant, "risquent de mourir".

"Les maladies chroniques compteront parmi nos priorités ultérieures" leur répond M. Youssef.

D'abord, affirme l'organisation internationale basée à Genève, "le CICR s'apprête à affréter un deuxième avion pour acheminer davantage de secours médicaux et de personnel humanitaire".

"On espère que cela va ouvrir la voie aux humanitaires pour qu'ils puissent aider à résoudre la crise", confirme de son côté M. Youssef.

Depuis le 15 avril, 528 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessés, selon le ministère soudanais de la Santé. Mais ce bilan reste très provisoire tant les corps jonchant les rues sont inaccessibles et donc impossible à recenser.

"Le Croissant rouge soudanais est dans les rues pour essayer de récupérer les corps", selon M. Youssef.

«Situation intenable»

Les habitants de la capitale, quand ils ne fuient pas, restent barricadés, essayant de survivre malgré les pénuries de nourriture, d'eau et d'électricité.

L'Etat de Khartoum a donné "congé jusqu'à nouvel ordre" aux fonctionnaires, tandis que la police assure se déployer pour prévenir les pillages.

La plupart des hôpitaux du pays sont hors service. Pour ceux fonctionnant encore, "la situation est intenable" car le matériel manque, a affirmé à l'AFP Majzoub Saad Ibrahim, médecin à Ad-Damir, au nord de Khartoum.

Plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis, ont évacué leurs ressortissants et d'autres étrangers. Le Canada a mis fin à ses évacuations "en raison des conditions dangereuses".

La Ligue arabe se réunit lundi au Caire pour discuter de la situation au Soudan, après que les Emirats arabes unis, alliés du général Daglo selon les experts, ont annoncé avoir appelé le chef de l'armée.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, avait reçu dimanche un émissaire du général Burhane.

En outre, Riyadh a réclamé une réunion mercredi de l'Organisation de la coopération islamique.

Pour le Carnegie Middle East Center, le général Daglo cherche à gagner du temps car "plus il pourra tenir longtemps ses positions à Khartoum, plus grand sera son poids à la table des négociations."

«Tribus armées»

Selon l'ONU, une centaine de personnes ont été tuées au Darfour-Ouest, une région marquée par la sanglante guerre civile déclenchée en 2003 entre la dictature d'Omar el-Béchir et des minorités ethniques.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre une situation "terrible", avec "des tribus qui essaient désormais de s'armer".

Alors que le drame humanitaire s'aggrave, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a arrêté "la quasi-totalité de (ses) activités" à cause des violences.

A la tête des miliciens Janjawid, le général Daglo avait mené la politique de la terre brûlée au Darfour sur ordre de Béchir.

La guerre a fait environ 300 000 morts et près de 2,5 millions de déplacés, selon l'ONU. Les Janjawid ont officiellement donné naissance en 2013 aux FSR, supplétifs paramilitaires de l'armée.

Les généraux Burhane et Daglo avaient fait front commun lors du putsch de 2021 pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute de Béchir en 2019. Mais des divergences sont ensuite apparues et, faute d'accord sur l'intégration des FSR dans l'armée, ont dégénéré en guerre ouverte.


Un nouveau programme pour renforcer les compétences technologiques des dirigeants saoudiens

Le programme d'études couvre des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, la science des données, la cybersécurité et la transformation numérique, des domaines de plus en plus demandés. (SPA)
Le programme d'études couvre des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, la science des données, la cybersécurité et la transformation numérique, des domaines de plus en plus demandés. (SPA)
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  • Le programme d'études couvre des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, la science des données, la cybersécurité et la transformation numérique.
  • La Tuwaiq Academy cherche à développer un leadership national dans les technologies modernes grâce à des programmes professionnels et à des bootcamps.

RIYAD : d'après l'agence de presse saoudienne, la Tuwaiq Academy a lancé le programme Future Tech Leaders, un cours de six mois conçu pour améliorer les compétences techniques des professionnels occupant des postes de direction.

Parrainé par le Programme national de développement technologique et le ministère des Communications et des Technologies de l'information, ce programme est mené en partenariat avec l'université de Californie à Berkeley. 

Il utilise une approche d'apprentissage pratique pour doter les PDG et les responsables informatiques des compétences nécessaires pour suivre le rythme des technologies émergentes, d'après la SPA.

Le programme d'études couvre des domaines clés tels que l'intelligence artificielle, la science des données, la cybersécurité et la transformation numérique, des domaines de plus en plus demandés.

La Tuwaiq Academy cherche à développer un leadership national dans les technologies modernes grâce à des programmes professionnels et à des bootcamps.

Elle s'associe à des leaders mondiaux tels qu'Apple, Meta, Microsoft et l'université Stanford pour former des professionnels qualifiés dans divers secteurs.

L'académie propose également des programmes supplémentaires pour différents groupes d'âge, disponibles sur le site tuwaiq.edu.sa.

Cette initiative vise à combler l'écart entre l'évolution rapide des technologies modernes et les besoins du marché du travail.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Au Caire, le président français déclare que le Hamas ne devait pas participer à la gouvernance de la ville de Gaza

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président égyptien au palais présidentiel du Caire, le 7 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après sa rencontre avec le président égyptien au palais présidentiel du Caire, le 7 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / POOL / AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a affirmé que le mouvement islamiste palestinien Hamas « ne devait avoir aucune part » dans la gouvernance de la bande de Gaza.
  • Il a exprimé son opposition à « toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie ».

LE CAIRE : Lundi, au Caire, le président français Emmanuel Macron a affirmé que le mouvement islamiste palestinien Hamas « ne devait avoir aucune part » dans la gouvernance de la bande de Gaza, et a dit par ailleurs son opposition à « toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie ».

Accompagné de son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a réitéré son « plein soutien au plan de reconstruction pour Gaza » endossé par la Ligue arabe.

« Je salue ici le travail crucial de l'Égypte sur ce plan, qui offre une voie réaliste à la reconstruction de Gaza et qui doit aussi ouvrir la voie à une nouvelle gouvernance palestinienne dans l'enclave, dirigée par l'Autorité palestinienne », a-t-il ajouté.

« Le Hamas ne doit avoir aucune part à cette gouvernance, ne doit plus constituer une menace pour Israël », a-t-il poursuivi.

Le président français a également affirmé s'opposer « fermement aux déplacements de populations et à toute annexion de Gaza comme de la Cisjordanie ».

« Il s'agirait d'une violation du droit international, d'une menace grave pour la sécurité de toute la région, y compris celle d'Israël », a-t-il déclaré.


Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a mis l'accent sur la cause palestinienne lors de sa rencontre avec son homologue israélien

Cheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan, ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (R) recevant son homologue israélien, Gideon Saar, à Abou Dhabi dimanche. (X : @OFMUAE)
Cheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan, ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis (R) recevant son homologue israélien, Gideon Saar, à Abou Dhabi dimanche. (X : @OFMUAE)
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  • Le cheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan a souligné la nécessité de mettre fin à "l'aggravation de la crise humanitaire dans la bande de Gaza".
  • Cette réunion intervient alors qu'Israël continue d'intensifier ses opérations à Gaza.

DUBAI/RIYADH : Le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a insisté dimanche sur la nécessité d'un cessez-le-feu dans le conflit de Gaza lors d'une réunion à Abou Dhabi avec son homologue israélien, a déclaré le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis dans un communiqué.

Le cheikh Abdullah bin Zayed Al-Nahyan, qui est également vice-premier ministre des Émirats arabes unis, et le ministre israélien des affaires étrangères Gideon Saar ont discuté de "l'aggravation de la crise humanitaire dans la bande de Gaza" et des efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu, selon le communiqué publié sur le site Web du ministère.

Saeed Mubarak Al-Hajeri, ministre adjoint des Émirats arabes unis chargé des affaires économiques et commerciales, et Mohamed Mahmoud Al-Khaja, ambassadeur des Émirats arabes unis en Israël, ont assisté à la réunion.

Saar a écrit sur la plateforme X qu'il s'agissait de sa deuxième rencontre avec le cheikh Abdullah.

Les Émirats arabes unis et Israël ont établi des relations en 2020 dans le cadre des accords d'Abraham négociés par les États-Unis. Mais il y a eu peu de contacts bilatéraux depuis le début de la guerre de Gaza en octobre 2023, après les attaques du Hamas contre Israël.

"Le cheikh Abdullah a souligné la priorité d'œuvrer en faveur d'un cessez-le-feu et de la libération des otages, ainsi que l'importance d'éviter une nouvelle escalade du conflit dans la région", indique le communiqué.

Le cheikh Abdallah a également "réitéré le besoin urgent d'avancer un horizon politique sérieux pour la reprise des négociations afin de parvenir à une paix globale basée sur la solution des deux États", ajoute le communiqué.

"Il a réaffirmé la position fraternelle et historique de longue date des Émirats arabes unis en faveur du peuple palestinien, soulignant l'engagement inébranlable du pays à soutenir le peuple palestinien et son droit à l'autodétermination.

Le ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis a en outre "souligné l'importance de mettre fin à l'extrémisme, aux tensions croissantes et à la violence dans la région".

La réunion a eu lieu alors qu'Israël continue de pilonner Gaza, détruisant des maisons et tuant davantage de civils lorsqu'il a repris son offensive militaire le mois dernier, après avoir ignoré une trêve que les États-Unis avaient aidé à négocier.

Selon le dernier décompte du ministère de la santé du territoire dirigé par le Hamas, plus de 1 330 personnes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a repris l'offensive.

Le nombre total de morts depuis le début de la guerre s'élève désormais à 50 695, selon le ministère.

La guerre a commencé lorsque des militants du Hamas ont attaqué Israël le 7 octobre 2023, tuant environ 1 200 personnes et en prenant 251 en otage. Cinquante-neuf otages sont toujours détenus à Gaza, dont 24 seraient encore en vie.

Parmi les dernières victimes du ciblage délibéré des civils par Israël figurent 15 médecins du Croissant-Rouge, dont les corps ont été retrouvés une semaine seulement après l'incident au cours duquel ils ont été tués. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com