BEYROUTH: Une délégation judiciaire européenne a achevé vendredi le deuxième procès avec Marianne Hoayek, assistante du gouverneur de la banque centrale du Liban.
Hoayek est interrogée en tant que suspecte dans une affaire de blanchiment d'argent impliquant des comptes bancaires européens appartenant au gouverneur Riad Salameh et à son frère Raja Salameh.
La délégation judiciaire de l'UE a également interrogé Madeleine Shaheen, assistante de Marwan Khaireddine, président de la banque Al-Mawarid.
La délégation est dirigée par la juge française Aude Buresi et comprend un procureur de Munich et des enquêteurs du Luxembourg.
Une source judiciaire a révélé à Arab News: «La délégation a posé une centaine de questions à Mme Hoayek. Elle a répondu à chacune des questions.»
Hoayek a assisté au procès sans son avocat et elle a été interrogée sur son rôle au sein de la Banque du Liban et de ses opérations financières, ainsi que sur son travail en tant que conseillère exécutive de Salameh depuis avril 2020.
Le premier juge d'instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, chargé de l'exécution des autorisations européennes, ainsi que la juge Helena Iskandar, cheffe de l’autorité des affaires au ministère de la Justice, représentant l'État libanais dans sa plainte contre Salameh, ont participé à ces deux procès.
La juge Buresi a commencé à interroger Khaireddine en France il y a plusieurs semaines dans le cadre d'accusations qui comprennent «l'association à une bande criminelle dans le but de détourner des fonds publics, l'abus de confiance et la corruption d'un fonctionnaire public».
La délégation européenne a indiqué à la justice libanaise que Khaireddine, qui est récemment rentré à Beyrouth, devait s'abstenir d'entrer dans sa banque, Al-Mawarid Bank, ou de communiquer avec Riad Salameh, Raja Salameh, Nadi Salameh (fils de Riad Salameh), Hoayek, Marwan Khoury, Nabil Aoun et Antoine Salameh.
L'accusation française a fourni des informations sur l'assistance offerte par Khaireddine à Riad Salameh, à son frère, à son fils et à ses proches par le biais de comptes financiers, ce qui aurait facilité les opérations de blanchiment d'argent.
«Le Liban n'est pas obligé d'exercer un contrôle sur Khaireddine sur le sol libanais», a signalé la source judiciaire.
Le procureur général Ghassan Oueidat devrait demander officiellement aux autorités judiciaires françaises de lui fournir une copie des enquêtes menées sur Khaireddine.
La délégation judiciaire européenne doit interroger mardi les auditeurs financiers Samir Gholam, de Gholam & Co. Auditing, et Walid Nakfour d'Ernst & Young, à condition que Raja Salameh et l'ancien directeur de l'organisation et du développement de la BDL Raja Abu Asali soient interrogés mercredi.
Raja Salameh ne s'est pas présenté aux procès prévus mardi et mercredi derniers, son avocat ayant présenté une excuse médicale.
La délégation judiciaire européenne interrogera l'auditeur financier de Deloitte, Nada Makhlouf, jeudi prochain.
Les auditeurs financiers susmentionnés contrôlent les comptes de la BDL depuis les années 1990.
La délégation européenne devrait interroger le ministre des Finances intérimaire, Youssef Khalil, vendredi prochain.
Selon une source judiciaire, la délégation judiciaire étrangère n'est pas habilitée à inculper officiellement les personnes interrogées sur le sol libanais, mais peut prendre les mesures qu'elle juge appropriées après leur retour dans leur pays.
La juge Buresi devrait interroger Riad Salameh à Paris le 16 mai. Reste à savoir si le gouverneur se présentera devant la justice française.
L'enquête financière française sur la fortune de Riad Salameh a débuté en juillet 2021, parallèlement aux enquêtes menées dans d'autres pays européens et en Suisse.
En mars 2022, la France, l'Allemagne et le Luxembourg ont gelé 132 millions de dollars américains (1 dollar américain = 0,90 euro) d'actifs libanais à la suite de l'enquête qui visait Salameh, ses deux frères et ses proches, accusés de blanchiment d'argent et de détournement de fonds publics au Liban pour une valeur de plus de 330 millions de dollars et 5 millions d'euros, respectivement, entre 2002 et 2021.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com