KABOUL: Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait renoncer à faire "pression" sur le gouvernement afghan, a estimé vendredi un haut responsable taliban, qui réagissait à l'adoption d'une résolution dénonçant les restrictions croissantes imposées par Kaboul à l'encontre des femmes.
Les 15 membres du Conseil de sécurité ont adopté jeudi à l'unanimité une résolution condamnant en particulier la décision prise début avril par les autorités talibanes d'étendre à l'ONU une interdiction empêchant les ONG d'employer du personnel féminin afghan, laquelle "compromet les droits humains et les principes humanitaires".
Ils ont aussi lancé un appel plus large au gouvernement taliban pour qu'il "revienne rapidement" sur l'ensemble de ses politiques restreignant les libertés fondamentales des femmes, et exhorté "tous les Etats et organisations à utiliser leur influence" pour obtenir leur annulation.
"Le Conseil de sécurité ne devrait pas continuer à appliquer la politique de pression qui a échoué", a répliqué vendredi sur son compte Twitter Anas Haqqani, un haut responsable taliban.
"Toute position adoptée qui n'est pas basée sur une compréhension profonde (de l'Afghanistan) ne donnera pas les résultats escomptés et sera toujours inefficace", a ajouté M. Haqqani, qui n'occupe pas de poste officiel mais est le frère de l'influent ministre de l'Intérieur, Sirajuddin Haqqani.
Il a également appelé le Conseil à renoncer aux sanctions diplomatiques et financières ciblées, qui "équivalent à une punition collective" de tous les Afghans.
L'ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, malgré son vote favorable à la résolution, a regretté que les Occidentaux aient "bloqué" une approche plus "ambitieuse" notamment sur la question des sanctions financières. "Si vous êtes sincère, pourquoi ne pas rendre les avoirs volés, sans précondition", a-t-il lancé.
Après le retour au pouvoir des talibans en août 2021, Washington a gelé 7 milliards de dollars d'avoirs de la Banque centrale afghane déposés aux Etats-Unis. En septembre, les Américains avaient annoncé la création d'un fond en Suisse pour gérer la moitié de ces avoirs.
Amnesty International a accueilli vendredi avec satisfaction le vote de la résolution, mais a aussi observé que le texte "échoue à présenter des mesures concrètes" que les Etats membres de l'ONU pourraient prendre pour aider à restaurer les droits des Afghanes.
Les talibans sont revenus à l'interprétation austère de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001) et ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes.
Les écoles secondaires et universités sont fermées aux filles. Les femmes ont aussi été exclues de nombreux emplois publics et n'ont pas non plus le droit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics.