Camion charnier en Angleterre: le parquet demande un procès pour 19 suspects

Le parquet de Paris a requis, début avril, un procès pour 19 hommes mis en examen dans l'enquête sur la mort de 39 migrants vietnamiens, retrouvés asphyxiés dans une remorque de camion en Angleterre en 2019. (AFP)
Le parquet de Paris a requis, début avril, un procès pour 19 hommes mis en examen dans l'enquête sur la mort de 39 migrants vietnamiens, retrouvés asphyxiés dans une remorque de camion en Angleterre en 2019. (AFP)
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Publié le Jeudi 27 avril 2023

Camion charnier en Angleterre: le parquet demande un procès pour 19 suspects

  • Le ministère public a demandé que ces 19 hommes, suspectés d'avoir participé à un vaste réseau d'immigration clandestine du Vietnam en Europe, soient jugés en correctionnelle
  • Un procès pour homicides involontaires a aussi été requis pour quatre d'entre eux qui avaient «pleinement conscience des risques encourus par les victimes», accuse le parquet

PARIS: Le parquet de Paris a requis, début avril, un procès pour 19 hommes mis en examen dans l'enquête sur la mort de 39 migrants vietnamiens, retrouvés asphyxiés dans une remorque de camion en Angleterre en 2019.

Le ministère public a demandé que ces 19 hommes, aujourd'hui âgés de 21 à 58 ans et suspectés d'avoir participé à un vaste réseau d'immigration clandestine du Vietnam en Europe, soient jugés en correctionnelle.

Un procès pour homicides involontaires a aussi été requis pour quatre d'entre eux qui avaient "pleinement conscience des risques encourus par les victimes", accuse le parquet dans ses réquisitions consultées par l'AFP.

A l'issue d'investigations transnationales, sous la direction de la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (JUNALCO), les enquêteurs ont conclu que les 19 hommes - de nationalité vietnamienne, française, chinoise, algérienne ou marocaine - étaient chargés de l'organisation du transport des victimes, chauffeurs de taxi ou encore propriétaires d'appartements servant à l'hébergement temporaire des personnes migrantes en région parisienne.

Ces suspects sont accusés d'avoir "profité de la misère des candidats à l'exil" en demandant "des sommes exorbitantes" pour organiser leur transport de l'Asie en Europe, sur des périodes s'étalant de 2018 à 2020, détaille le parquet.

Plus précisément, le ministère public a demandé leur procès pour aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irrégulier en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs en vue de commettre ce délit. Des infractions passibles de dix ans d'emprisonnement.

Concernant ses réquisitions pour homicides involontaires, si les quatre Vietnamiens mis en cause n'étaient pas à "l'origine de la fermeture de la remorque et de sa prise en charge de la France jusqu'au Royaume-Uni", ils "ont contribué à créer la situation qui a conduit" au décès des 31 hommes et huit femmes, âgés de 15 à 44 ans, tous originaires du Vietnam, a affirmé le parquet.

«Marchandises» ou «poulets»

D'après des interceptions téléphoniques, ces hommes désignaient les personnes migrantes par les termes de "marchandises" ou de "poulets".

Un procès "permettra d'apporter de la nuance", a estimé l'avocat Dylan Slama, qui défend un trentenaire vietnamien, visé pour l'ensemble des infractions requises, notamment homicides involontaires. "La question est de savoir dans quelle mesure on a le choix de ses actes quand on se retrouve dans un système duquel il est très difficile de s'extraire", a-t-il déclaré à l'AFP.

Un autre Vietnamien, 38 ans, "attend" également "de s'expliquer à l'audience", selon ses avocats Antoine Ory et Gaspard Lindon.

En revanche, un non-lieu a été requis pour les poursuites de traite d'êtres humains en bande organisée, infraction criminelle faisant encourir 20 ans.

"Il n'apparaît pas suffisamment établi par l'enquête que les membres du réseau (...) avaient pour but final d'exploiter les victimes une fois arrivées en Europe", écrit le parquet.

Il revient désormais au juge d'instruction de se prononcer sur les infractions et sur la tenue d'un procès.

Ce drame, à l'automne 2019, avait jeté une lumière crue sur les risques de l'exil via des filières clandestines.

Le matin du 22 octobre, les victimes étaient montées dans une remorque, dans le nord de la France. Cette dernière avait ensuite été transportée jusqu'au port belge de Zeebruges, pour traverser la Manche, puis avait été prise en charge en Angleterre par un autre transporteur. Trente-neuf cadavres avaient ensuite été découverts dans la remorque, dans une zone industrielle à l'est de Londres.

Après cette tragédie, l'AFP avait échangé avec des familles originaires de Ha Tinh, une région pauvre du Vietnam d'où partent nombre de migrants. Le frère d'une victime avait raconté que sa soeur, Pham Thi Tra My, 26 ans, avait envoyé un message sur le téléphone de sa mère expliquant qu'elle ne pouvait "plus respirer", qu'elle était "en train de mourir".

Outre la France, des procédures judiciaires ont été menées au Royaume-Uni, au Vietnam et en Belgique.

En février, la justice belge a notamment réduit les peines en appel de plusieurs personnes, dont celle du chef de la partie belge du réseau, qui a finalement écopé de dix ans d'emprisonnement.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
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  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.