LONDRES: Le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a défendu mardi le statu quo à Taïwan, avertissant contre les conséquences économiques dévastatrices qu'aurait une guerre, dans un discours où il a également adopté un ton plus conciliant envers Pékin.
"Une guerre à travers le détroit ne serait pas seulement une tragédie humaine, elle détruirait 2 600 milliards de dollars de commerce mondial selon Nikkei Asie", a déclaré le chef de la diplomatie britannique dans un discours mardi soir.
"Aucun pays ne serait épargné par les répercussions", a-t-il ajouté, estimant que l'éloignement n’offrirait aucune protection contre ce qui serait un coup "catastrophique" pour l'économie mondiale, et pour la Chine. "Il est essentiel qu'aucune partie ne prenne de mesure pour modifier le statu quo", a-t-il averti.
La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Le chef de la diplomatie britannique a aussi appelé Pékin à faire preuve de "transparence" sur son expansion militaire dans la région Asie-Pacifique, alors que "la Chine procède actuellement au plus grand renforcement militaire de l'histoire en temps de paix".
La région est le théâtre de rivalités entre la Chine et plusieurs puissances occidentales. Pékin a notamment marqué sa désapprobation au renforcement de la coopération militaire entre Washington, Londres et Canberra via l'alliance AUKUS.
En dépit des tensions entre Londres et Pékin, James Cleverly a estimé qu'"isoler la Chine" et la traiter uniquement comme une menace serait une "erreur". "Cela pourrait être clair et simple - et même peut-être satisfaisant - pour moi d'affirmer l'existence d'une nouvelle Guerre froide et de dire que notre but est d'isoler la Chine", mais ce serait "une erreur", a déclaré M. Cleverly.
Les relations entre Londres et Pékin sont notoirement tendues depuis plusieurs années, en particulier au sujet de Hong Kong, territoire britannique rétrocédé en 1997, ou encore des craintes récurrentes d'espionnage militaire et économique de la part de la Chine.
Dans la récente actualisation de sa stratégie de défense et de diplomatie, le gouvernement britannique considère la Chine comme "un défi systémique", pointant les "comportements économique et militaire de plus en plus agressifs du Parti communiste chinois".
Et toute une frange du Parti conservateur au pouvoir plaide pour une diplomatie plus dure vis-à-vis de Pékin.