LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est exprimé lundi au lancement de Business Connect, une nouvelle conférence rassemblant les grandes entreprises du pays, à l'heure où le monde des affaires au Royaume-Uni est secoué par la crise de l'organisation patronale CBI.
La CBI, visée par deux accusations de viol, et d'autres allégations de harcèlement sexuel, a annoncé lundi soir qu'"un certain nombre de personnes ont été licenciées", pour non-respect de ses nouvelles "normes élevées" en matière de comportement au travail.
L'événement Business Connect, diffusé en direct sur le réseau social LinkedIn rassemble "les principaux dirigeants (d'entreprises) et investisseurs du pays ainsi que des ministres", indique Downing Street dans un communiqué.
Il a lieu à Londres en présence de "plus de 200 dirigeants parmi les plus éminents, représentant des secteurs de croissance importants comme la technologie, les sciences du vivant, et les industries de fabrication".
L'économie britannique, qui continue de se remettre de la pandémie, est également confrontée à une inflation à deux chiffres, à une flambée des coûts, et le patronat réclame davantage de mesures pour soutenir l'activité et la croissance.
L'éphémère passage à Downing Street de Liz Truss a également émoussé la confiance du monde des affaires envers le parti conservateur au pouvoir, une confiance que Rishi Sunak cherche à restaurer à moins de deux ans des prochaines élections générales.
"Nous allons continuer à échanger pour faire (du Royaume-Uni) le pays le plus favorable aux affaires et à la croissance au monde", a-t-il ainsi assuré pendant la conférence.
Dans une lettre relayée par le quotidien Daily Mail, des professionnels du tourisme demandent aussi de remettre en place des achats hors taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les touristes afin de soutenir le secteur.
Le président du conseil d'administration de la maison de luxe Burberry Gerry Murphy a notamment interpellé le premier ministre à ce sujet pendant la conférence, affirmant que la décision post-Brexit d'annuler le remboursement de la TVA pour les touristes, prise par M. Sunak alors qu'il était Chancelier de l'Echiquier, avait nui à l'attrait du Royaume-Uni.
"Quitter l'UE a entraîné des frictions significatives pour le commerce, espérons pas pour toujours (...) mais cela a eu de fait un impact négatif sur la croissance", a-t-il fait valoir.
Survie en question
Cette conférence se déroule aussi au moment où le monde des affaires britannique est confronté à la crise qui secoue la principale organisation patronale du pays, la CBI.
L'ex-directeur général de la CBI Tony Danker, qui n'est pas l'objet des accusations de viol, avait été limogé plus tôt en avril pour "conduite inappropriée au travail". Trois autres employés avaient été suspendus.
Vendredi, à la suite des révélations sur un deuxième cas présumé de viol, une série de sociétés membres ont annoncé leur départ de l'organisation, alors que le gouvernement avait déjà suspendu auparavant sa collaboration avec la CBI.
Celle-ci a annoncé tard vendredi qu'elle suspendait ses activités politiques jusqu'en juin.
"À compter de maintenant, la CBI appliquera une approche de tolérance zéro à l'égard du harcèlement sexuel et des comportements d'intimidation", a annoncé lundi soir dans une lettre ouverte son président Brian McBride.
Mais "je ne sais tout simplement pas" si l'organisation parviendra à restaurer la confiance, a-t-il ajouté, à l'issue notamment de la remise d'un rapport du cabinet d'avocat Fox Williams chargé d'enquêter sur les diverses allégations.
L'organisation "n'a pas réussi à filtrer les personnes toxiques lors du processus d'embauche" et a aussi tardé à "se séparer des agresseurs", a-t-il déploré, ajoutant que "les hauts dirigeants et les membres du conseil d'administration de la CBI" ressentent "un sentiment collectif de honte".
Dimanche, le responsable de l'opposition travailliste pour les questions liées au travail et aux retraites Jonathan Ashworth a déclaré à la BBC que la CBI devait se réformer "de fond en combles".
D'autres dirigeants d'entreprises, comme Andy Wood, patron du brasseur Adnams, ont également dit à la BBC que l'organisation pourrait ne pas se remettre du scandale.
S'exprimant à la conférence Business Connect, le ministre des Finances Jeremy Hunt a jugé qu'il ne faisait "pas sens d'échanger avec la CBI quand leurs propres membres les désertent en masse".