PARIS : Un an après sa réélection, Emmanuel Macron affronte un climat de fièvre politique et sociale exacerbée par la promulgation de son impopulaire réforme des retraites. Voici les événements marquants des douze premiers mois de son second mandat.
Perte de la majorité absolue à l'Assemblée
Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron est réélu avec 58,5% des suffrages. Le "front républicain", destiné à faire barrage à l'extrême droite, a perdu de sa vigueur: la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, engrange un score inédit (41,6%) et l'abstention atteint un niveau record (28%).
La nomination, laborieuse, de la Première ministre Elizabeth Borne, arrive le 16 mai.
A l'issue des législatives de juin, marquées par une abstention historique (52,4%) et une double percée de la gauche et du RN, les macronistes ne conservent que 250 sièges (dont 172 du groupe Renaissance, ex-LREM) sur 577, à 39 voix de la majorité absolue.
C'est une gifle pour le président, qui perd également deux précieux relais à l'Assemblée, Richard Ferrand et Christophe Castaner. Trois nouveaux ministres sont battus.
Yaël Braun-Pivet devient la première présidente de l'Assemblée nationale.
Plan de sobriété, grèves et premières pénuries
Faute de majorité, Mme Borne dégaine dix "49.3" et déjoue douze motions de censure pour faire voter les budgets 2023 de l'Etat et de la Sécurité sociale.
En octobre, elle entame les impopulaires réformes des retraites et de l'assurance-chômage sur fonds de grèves (enseignants, soignants, transports).
Le gouvernement présente un plan de "sobriété" énergétique pour éviter les coupures l'hiver. Sur fond de guerre en Ukraine, il lance une renationalisation d'EDF et un vaste programme nucléaire.
Une grève de plus de 35 jours pour les salaires dans les raffineries et dépôts de carburants, entamée fin septembre par la CGT, provoque des pénuries et s'étend aux centrales nucléaires.
Outre une ristourne gouvernementale sur les carburants et un bouclier contre la hausse des prix énergétiques, des mesures d'aide au pouvoir d'achat sont décidées.
Des proches mis en cause par la justice
Le 23 septembre, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler est mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans une enquête en lien avec l'armateur italo-suisse MSC.
Le 3 octobre, le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti est renvoyé en procès pour "prise illégale d'intérêts" dans une affaire de contentieux avec des magistrats.
Leur maintien en poste est vivement critiqué.
Bras de fer sur les retraites
Elisabeth Borne dévoile le 10 janvier la réforme pour reporter l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans à l'horizon 2030.
Le 19 janvier, une première mobilisation intersyndicale réunit plus de deux millions de manifestants (selon la CGT), 1,12 million (selon la police). Plus d'une dizaine de journées de mobilisation suivront.
L'examen en première lecture, entamé sous haute tension à l'Assemblée le 6 février, s'achève le 17, sans débat ni vote sur la mesure-phare du report à 64 ans. En cause: le véhicule législatif choisi par le gouvernement pour faire passer sa loi, qui restreint la durée des débats, et les milliers d'amendements déposés notamment par La France insoumise.
Des grèves affectent transports, dépôts de carburant/raffineries, l'électricité/gaz, l'éducation. Les images de poubelles qui s'accumulent dans la capitale font le tour du monde, un peu plus d'un an avant les JO de Paris.
Le 11 mars, le Sénat adopte le texte.
Faute de certitude sur le vote de certains Républicains (LR), l'exécutif décide le 16 mars une adoption du texte sans vote, selon l'article 49.3. Deux motions de censure contre le gouvernement sont rejetées le 20, dont une, transpartisane, écartée de justesse.
Blocages et grèves s'intensifient dans les raffineries, transports et ports. La première visite officielle du roi Charles III est reportée.
Le 14 avril, le président promulgue sa réforme quelques heures après la validation du Conseil constitutionnel.
Indignés, les syndicats refusent l'invitation de l'Elysée du 18 avril.
Cent jours
Après trois mois de silence médiatique, Emmanuel Macron s'exprime brièvement à la télévision le 17 avril: attentif à la "colère" des Français, il se donne "cent jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France". Des milliers d'opposants répondent par des concerts de casseroles à travers le pays.