ANKARA: L’administration du président américain, Joe Biden, devait donner son feu vert à la vente très attendue de kits de modernisation de la défense à la Turquie avant les élections turques du 14 mai, qui revêtent une grande importance.
Les kits que la Turquie avait demandés en octobre 2021 pour sa flotte d’avions F-16 existante comprendront des radars et des mises à niveau de logiciels d’avionique, rapporte Reuters.
Le processus était resté en suspens en raison de plusieurs ruptures dans les relations entre Washington et Ankara.
On pense que la décision des États-Unis est liée à la récente approbation par la Turquie de la candidature de la Finlande à l’adhésion à l’Otan et à la désescalade continue des tensions avec la Grèce, pays voisin.
Cependant, la vente de nouveaux avions de chasse Lockheed Martin F-16 à la Turquie, d’une valeur de 20 milliards de dollars (1 dollar = 0,91 euro), ne sera pas incluse dans le kit. Cet accord nécessite toujours l’approbation du Congrès américain.
Le département d’État américain devrait désormais envoyer une notification officielle au Congrès pour la vente de kits de modernisation d’une valeur de 259 millions de dollars après que les dirigeants du comité du Congrès ont récemment accordé leur approbation informelle à la vente.
Soner Cagaptay, directeur du programme de recherche turc à l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, déclare à Arab News: «La décision américaine semble faire parvenir au gouvernement turc le message suivant: si vous remportez les élections de manière équitable, d’autres initiatives pourraient suivre.»
«Elle dit également à l’opposition qu’elle devrait favoriser la relance des relations entre la Turquie et les États-Unis si elle gagne, en plus de développer des liens solides avec Washington en réglant la question du S-400 [système antimissile russe].»
«Par conséquent, les États-Unis signalent que ce n’est que la partie visible de l’iceberg au sujet de ce qu’ils sont capables d’entreprendre aux côtés de l’opposition en cas de victoire. C’est donc une sorte de récompense en même temps», ajoute M. Cagaptay.
Si le Congrès donne son approbation officielle au processus, le kit de modernisation sera le premier accord militaire majeur qu’il aura conclu avec la Turquie depuis des années. Lockheed Martin Corp. serait alors le principal entrepreneur.
M. Cagaptay note que le gouvernement américain souhaite garantir la continuité de ses liens de défense avec la Turquie. La mise à niveau de la flotte de F-16 renforcerait l’interopérabilité entre les systèmes militaires de la Turquie et de l’Otan grâce à l’adoption d’une technologie de communication mise à jour et de nouvelles mesures de sécurité comme un système anticollision au sol.
Toutefois, les experts soulignent que le Congrès voudra d’abord voir Ankara approuver la candidature de la Suède à rejoindre l’Otan et donner des garanties sur ses liens militaires et politiques étroits avec la Russie.
Ozgur Unluhisarcikli, le directeur du bureau d’Ankara du German Marshall Fund des États-Unis, soutient que le Congrès américain aurait quinze jours pour adopter une résolution commune de désapprobation de la vente.
«Cependant, c’est peu probable: la transaction est relativement petite par rapport à la demande de la Turquie, qui concerne quarante F-16, en plus de ces kits de modernisation et, plus important encore, compte tenu des F35 que la Grèce est en passe d’acquérir d’ici à 2028», ajoute-t-il.
M. Unluhisarcikli indique que la modernisation de l’armée de l’air par la Turquie serait dans l’intérêt des États-Unis et de l’Otan étant donné le rôle que joue Ankara au niveau du flanc méridional de l’alliance militaire.
Concernant le moment où survient la décision, à savoir un mois avant les élections cruciales en Turquie, il précise: «Si le candidat de l’opposition Kemal Kilicdaroglu remporte la prochaine élection et devient le 13e président de la Turquie, on peut s’attendre à ce que les relations entre la Turquie et les États-Unis se renforcent; il serait alors plus facile de conclure l’accord sur les F-16.»
«Cependant, même si le président Recep Tayyip Erdogan reste au pouvoir, la relation pourrait au moins se normaliser et il serait toujours possible de procéder à la vente des F-16, en particulier après que la Turquie aura validé l’adhésion de la Suède à l’Otan.»
Néanmoins, des tensions subsistent au niveau des relations entre les États-Unis et la Turquie.
M. Erdogan a récemment critiqué l’ambassadeur des États-Unis auprès de la Turquie, Jeff Flake, parce qu’il a rencontré Kemal Kilicdaroglu, le chef de l’opposition du pays, candidat aux élections présidentielles, avant les élections, et il a déclaré que les portes étaient désormais fermées à l’envoyé.
«Vous devriez avoir honte. Réfléchissez donc. Vous êtes un ambassadeur. Votre interlocuteur ici est le président. Nous devons donner une leçon aux États-Unis», a déclaré M. Erdogan.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
Les États-Unis s’apprêtent à donner leur feu vert à l’accord de modernisation de la défense turque
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Les États-Unis s’apprêtent à donner leur feu vert à l’accord de modernisation de la défense turque
- On pense que la décision des États-Unis est liée à la récente approbation par la Turquie de la candidature de la Finlande à l’adhésion à l’Otan
- Si le Congrès donne son approbation officielle au processus, le kit de modernisation sera le premier accord militaire majeur qu’il aura conclu avec la Turquie depuis des années
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