PARIS: «La France est dans un triste état.» Dans un texte intitulé «La cinquième erreur» et partagé sur Twitter ce mardi, Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l'Économie et patron du Fonds monétaire international (FMI), pointe les erreurs qui ont conduit au «blocage de la société française», revient sur la «crise découlant du texte de loi sur les retraites» et s’interroge sur la «succession d'erreurs» qui a conduit le pays dans l’impasse.
Dans un contexte inflationniste tendu, marqué notamment par le conflit en Ukraine , la pandémie de Covid-19, une crise énergétique et une inflation galopante qui a engendré une baisse considérable du pouvoir d'achat, DSK questionne la temporalité de la réforme.
«Aujourd'hui, ce n'est pas l'âge de la retraite qu'il faut changer, c'est la conception même du système», écrit-il. Pour lui, le gouvernement devrait sortir du système actuel et le remplacer par un autre qui soit «fondé sur la durée de cotisation». Cette dernière «s’ajusterait lentement et régulièrement avec l'évolution des besoins de financement», estime-t-il. Il regrette par ailleurs le fait que la réforme paramétrique choisie par le président Macron focalise l’attention sur l'âge pivot et rende tout cela «plus compliqué», voire irréalisable.
Un «cycle de violences»
L'ancien locataire de Bercy dénonce aussi le pouvoir qui «a décidé de passer en force» en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet l’adoption d’un texte de loi ne disposant pas de majorité absolue à l’Assemblée nationale.
DSK critique par ailleurs le vocabulaire à la fois «révélateur» et «exagéré» employé par le gouvernement: «Défendre des idées sociales ne fait pas de nos concitoyens des “ultra-gauchistes”; manifester pour contester et combattre un projet gouvernemental ne relève pas du “terrorisme”», souligne-t-il, en référence aux termes utilisés par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi que par d'autres ministres.
Dans son texte, l’ancien responsable revient également sur l’«usage disproportionné de la violence physique et verbale» des forces de l’ordre. «Écouter et comprendre la rue fait aussi partie de la responsabilité politique», souligne-t-il.
«Sauf si le Conseil constitutionnel en décide autrement, la loi risque, à sa publication, de relancer le cycle de violences. On peut l’éviter en repoussant cette publication jusqu’à ce qu’un point d’équilibre ait été trouvé avec les forces sociales. Faute de quoi, demain sur le sujet des retraites, après-demain sur un autre, avec comme perspective historique un avenir politique de plus en plus brun », assure DSK.
«C’est au président de la République qu’il appartient maintenant de prendre les initiatives permettant de renouer les fils d’un dialogue social trop brutalement interrompu. À défaut, une cinquième erreur viendrait s’ajouter aux précédentes», conclut-il.