Bousculade de Séoul: la douleur des familles décuplée par la haine en ligne

Sur cette photo prise le 5 avril 2023, Cho Mi-eun ( à gauche) pleure alors qu'elle et son mari Lee Jong-chul lisent des messages de soutien, dans l'allée où leur fils Lee Ji-han, âgé de 24 ans, a été tué lors d'une bousculade dans le quartier populaire d'Itaewon à Séoul en octobre de l'année dernière. (AFP).
Sur cette photo prise le 5 avril 2023, Cho Mi-eun ( à gauche) pleure alors qu'elle et son mari Lee Jong-chul lisent des messages de soutien, dans l'allée où leur fils Lee Ji-han, âgé de 24 ans, a été tué lors d'une bousculade dans le quartier populaire d'Itaewon à Séoul en octobre de l'année dernière. (AFP).
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Publié le Lundi 10 avril 2023

Bousculade de Séoul: la douleur des familles décuplée par la haine en ligne

  • Ji-han, 24 ans, compte parmi les 159 personnes décédées suite à un mouvement de foule lors des festivités d'Halloween dans le quartier cosmopolite d'Itaewon en octobre dernier
  • «Chaque soir, le père de Ji-han sort pour l'attendre, parfois pendant des heures. Il dit qu'il sort fumer, mais nous savons qu'il attend Ji-han», lâche sa mère

SEOUL : D'abord, Lee Jong-chul a perdu son enfant dans la bousculade mortelle de Halloween à Séoul. Ensuite, un torrent d'insultes et de plaisanteries de mauvais goût sur internet a bouleversé encore plus la vie de sa famille.

Son fils, Ji-han, 24 ans, compte parmi les 159 personnes décédées suite à un mouvement de foule lors des festivités d'Halloween dans le quartier cosmopolite d'Itaewon en octobre dernier. Affligé, Lee Jong-chul s'est adressé aux médias pour implorer les responsables politiques sud-coréens d'agir afin que de tels drames ne se reproduisent plus.

Cela a suffi à nourrir une armée de trolls sur internet qui a tourné la tragédie de sa famille en dérision, les rabaissant et déformant leur histoire.

Deux publications virales démenties par les journalistes de l'AFP chargés de la vérification numérique le montrent, ici dans un montage photo, riant après s'être vu offrir une compensation financière, là le liant à la Corée du Nord.

M. Lee et sa famille sont devenus un défouloir virtuel sur les forums en langue coréenne. Chaque article les concernant, soupire Ga-young, sa fille, attire en l'espace de quelques minutes des centaines de commentaires, presque exclusivement négatifs.

Dans leur appartement de Goyang, dans la banlieue de Séoul, la chambre de Ji-han n'a pas été touchée depuis qu'il en est sorti pour la dernière fois le 29 octobre 2022.

Ses vêtements sont toujours accrochés à la porte. Le livre qu'il était en train de lire est encore ouvert à la page où il s'est interrompu.

Sa mère, Cho Mi-eun, écoute encore de vieux messages vocaux, juste pour entendre sa voix. "Ce jour a changé nos vies pour toujours", dit-elle à l'AFP.

"Chaque soir, le père de Ji-han sort pour l'attendre, parfois pendant des heures. Il dit qu'il sort fumer, mais nous savons qu'il attend Ji-han", lâche-t-elle. Elle confie que son mari a fait plusieurs tentatives de suicide depuis octobre.

Passivité des autorités

Les familles des victimes veulent savoir pourquoi les autorités ont été incapables d'empêcher la catastrophe, dépêchant très peu de policiers pour canaliser la foule le soir du drame et restant longtemps passives malgré de multiples appels à l'aide, explique Lee Jung-min, qui a perdu sa fille de 29 ans.

Certaines familles de victimes ont formé un groupe "pour comprendre ce qui s'est réellement passé et tenir pour responsables les autorités concernées", dit à l'AFP ce père endeuillé, les traits tirés par la fatigue sous une barbe négligée.

Sur les réseaux sociaux, leurs efforts pour s'organiser ont été interprétés comme une attaque contre le gouvernement conservateur sud-coréen. Des internautes ont pris les familles pour cibles, les accusant d'être des profiteurs ou des forces antigouvernementales.

Certains hommes politiques ont critiqué les familles des victimes, créant selon M. Lee une "chasse ouverte" contre celles-ci.

Quelques responsables politiques ont avancé des théories farfelues, affirmant que la bousculade avait été causée par des syndicalistes d'opposition qui auraient déversé de l'huile sur le sol, ou que les décès étaient dus à la consommation de substances illégales.

L'enquête officielle de la police n'a trouvé aucun élément pour soutenir l'une ou l'autre de ces assertions.

Plusieurs analystes politiques estiment que le gouvernement craint que cette catastrophe ne lui porte préjudice. En 2014, un autre drame, le naufrage du ferry Sewol dans lequel avaient péri plus de 300 personnes, en majorité des lycéens, avait contribué à la chute de la présidente de droite Park Geun-hye.

Pour Seo Soo-min, professeur de communications à l'université Sogang de Séoul, la vie politique extrêmement polarisée en Corée du Sud crée un terrain fertile à la désinformation.

Deux jours après le drame, le Premier-ministre Han Duk-soo a publiquement appelé la population à "ne pas faire de commentaires haineux, partager d'informations manipulées ou d'images violentes de l'accident".

Mais le gouvernement a fait très peu pour mettre fin aux attaques en ligne, malgré les appels à l'aide répétés des familles, dénonce Kim Yu-jin, qui a perdu sa sœur de 24 ans dans la catastrophe.

Un survivant du drame, âgé de 16, a mis fin à ses jours en décembre, un acte que les familles de victimes attribuent en partie à la campagne de haine en ligne.

Le Premier ministre a affirmé que le gouvernement n'avait rien à se reprocher et a au contraire accusé la victime d'avoir manqué de "force d'esprit".

Même un autel érigé à la mémoire des victimes est devenu un foyer de tensions, et les autorités ont menacé de l'enlever.

En plus de leur deuil, les familles doivent à présent lutter pour la mémoire des leurs, regrette Mme Kim. Chaque jour, elle lit les nouveaux flots de commentaires haineux sur sa sœur, et envoie des requêtes aux médias pour les faire supprimer.

"Je sais que c'est une tâche sans fin" dit-elle. "Mais il faut que je continue. Qui d'autre se battra pour ma sœur?"


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.