PARIS: Au procès à Paris de 11 membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le box des détenus s'est transformé vendredi en tribune politique.
Âgés de 24 à 64 ans, ces Kurdes originaires de Turquie, qui ont pour beaucoup obtenu l'asile en France, sont jugés pour extorsion et "financement du terrorisme". Ils sont notamment accusés d'avoir collecté auprès de la diaspora installée dans le sud-est de la France la "kampanya", l'impôt révolutionnaire servant à financer le PKK.
Le PKK, engagé depuis 1984 dans une lutte armée pour un Kurdistan indépendant, est l'ennemi juré de la Turquie qui le classe comme organisation "terroriste", à l'instar de l'Union européenne et des Etats-Unis.
Dénonçant la "parfaite ambiguïté" de l'Etat français dans ses rapports "avec le Kurdistan et les mouvements de libération qui le composent", les avocats de la défense contestent unanimement la qualification terroriste retenue dans ce dossier.
A l'audience et contre l'évidence, les prévenus ont eux pris le parti de nier leur appartenance à l'organisation.
"De toutes façons, on ne peut pas être membre du PKK et habiter en France, les seuls membres du PKK c'est les combattants dans les montagnes", avait balayé Gokhan B., 56 ans, pendant l'instruction.
Tous reconnaissent toutefois une "sympathie" pour l'organisation. "99% des Kurdes soutiennent le PKK. Les autres, soit ils ne se sentent pas Kurdes, soit ce sont des vendus au gouvernement turc", avait aussi expliqué Gokhan B.
Ses doigts partiellement amputés qu'il montre au tribunal ? A cause du "froid" pendant cette épopée. "Certaines personnes ont pu dire que l'amputation provenait du combat, que c'était une blessure de guerre", tente la présidente, sans succès.
Comme les autres et malgré la montagne de preuves, Gokhan B. assure qu'il n'a jamais collecté d'argent pour le PKK, encore moins sous la menace. Tout au plus a-t-il récolté des "dons", volontaires, pour les activités culturelles et sociales d'une association kurde.
"Je me souviens comme dans un film quand les militaires sont arrivés dans mon village. Ils ont tué mon chien, ont brûlé mes bêtes. Ils ont déshabillé les femmes. Les militaires de l'armée turque ont violé les femmes, j'entends encore leurs cris".
"J’étais jeune, un jeune Kurde et j'ai vécu tout ça. Je ne suis pas le seul, il y a des dizaines de milliers de Kurdes qui ont vécu et subi tout ça".
"Je ne suis pas un terroriste je n'ai jamais fait partie d'une organisation terroriste. Si vous justifiez que j'ai eu des liens ou que j'ai aidé une organisation terroriste, vous pouvez m'envoyez 50 ans en prison".