«Financement du terrorisme»: Le procès de 11 membres du PKK s'est ouvert à Paris

L'affaire concerne un «réseau» du PKK actif dans la région Sud-Est, et met en lumière la collecte de l'impôt révolutionnaire, la «kampanya», principale source de financement du PKK (Photo, AFP).
L'affaire concerne un «réseau» du PKK actif dans la région Sud-Est, et met en lumière la collecte de l'impôt révolutionnaire, la «kampanya», principale source de financement du PKK (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 05 avril 2023

«Financement du terrorisme»: Le procès de 11 membres du PKK s'est ouvert à Paris

  • Avant que le fond du dossier ne soit abordé, les avocats de la défense ont contesté la qualification «terroriste» retenue pendant l'enquête
  • Pour le juge d'instruction, elle est «acquise, incontestable, indiscutable» alors «qu'il y a un véritable débat» s'agissant du PKK

PARIS: Le procès de onze membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), accusés d'avoir collecté un "impôt révolutionnaire" auprès de la diaspora kurde du Sud-Est de la France et notamment jugés pour extorsion et "financement du terrorisme", s'est ouvert mardi à Paris.

Seuls neuf de ces hommes, tous Kurdes originaires de Turquie et âgés de 24 à 64 ans, étaient présents devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de terrorisme.

"La famille" de l'un des deux hommes qui ne s'est pas présenté a récemment "subi des pressions en Turquie", explique son avocate, avançant que son client a peut-être "peur" de venir à l'audience. Une autre avocate signale que la soeur de son client a elle été arrêtée en Turquie.

Avant que le fond du dossier ne soit abordé, les avocats de la défense ont contesté la qualification "terroriste" retenue pendant l'enquête.

Pour le juge d'instruction, elle est "acquise, incontestable, indiscutable" alors "qu'il y a un véritable débat" s'agissant du PKK, soutient Me Raphaël Kempf, demandant, comme ses confrères, l'annulation de l'ordonnance de renvoi.

Il rappelle que son client a dit "dès sa garde à vue" qu'il "ne considérait pas le PKK comme une organisation terroriste". "Le minimum est de se poser la question", ajoute-t-il.

Me Blandine Weck de Terris a enfoncé le clou, rappelant que "le PKK avait aidé à lutter contre (le groupe) État Islamique" en Syrie.

Le PKK, engagé depuis 1984 dans une lutte armée pour un Kurdistan indépendant, est l'ennemi juré d'Ankara qui le classe comme organisation "terroriste", à l'instar de l'Union européenne et des États-Unis.

Le tribunal examinera la demande avec le reste du dossier, a-t-il annoncé après une suspension.

L'affaire concerne un "réseau" du PKK actif dans la région Sud-Est, et met en lumière la collecte de l'impôt révolutionnaire, la "kampanya", principale source de financement du PKK.

Malgré l'"omerta" dans la communauté kurde, les témoignages et écoutes téléphoniques ont révélé "un véritable harcèlement" des membres de la diaspora et des méthodes de recouvrement s'apparentant à du "racket", selon les enquêteurs, même si "certains" Kurdes paient l'impôt par conviction idéologique et "adhésion totale" au PKK.

La contribution, collectée une fois par an, est fixée arbitrairement par les "collecteurs" en fonction des revenus estimés de chacun.

Pour la "zone Sud-Est" de la France, le montant annuel collecté a été estimé à deux millions d'euros.

Le procès est prévu jusqu'au 14 avril.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.