PARIS: Le procès de onze membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), accusés d'avoir collecté un "impôt révolutionnaire" auprès de la diaspora kurde du Sud-Est de la France et notamment jugés pour extorsion et "financement du terrorisme", s'est ouvert mardi à Paris.
Seuls neuf de ces hommes, tous Kurdes originaires de Turquie et âgés de 24 à 64 ans, étaient présents devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de terrorisme.
"La famille" de l'un des deux hommes qui ne s'est pas présenté a récemment "subi des pressions en Turquie", explique son avocate, avançant que son client a peut-être "peur" de venir à l'audience. Une autre avocate signale que la soeur de son client a elle été arrêtée en Turquie.
Avant que le fond du dossier ne soit abordé, les avocats de la défense ont contesté la qualification "terroriste" retenue pendant l'enquête.
Pour le juge d'instruction, elle est "acquise, incontestable, indiscutable" alors "qu'il y a un véritable débat" s'agissant du PKK, soutient Me Raphaël Kempf, demandant, comme ses confrères, l'annulation de l'ordonnance de renvoi.
Il rappelle que son client a dit "dès sa garde à vue" qu'il "ne considérait pas le PKK comme une organisation terroriste". "Le minimum est de se poser la question", ajoute-t-il.
Me Blandine Weck de Terris a enfoncé le clou, rappelant que "le PKK avait aidé à lutter contre (le groupe) État Islamique" en Syrie.
Le PKK, engagé depuis 1984 dans une lutte armée pour un Kurdistan indépendant, est l'ennemi juré d'Ankara qui le classe comme organisation "terroriste", à l'instar de l'Union européenne et des États-Unis.
Le tribunal examinera la demande avec le reste du dossier, a-t-il annoncé après une suspension.
L'affaire concerne un "réseau" du PKK actif dans la région Sud-Est, et met en lumière la collecte de l'impôt révolutionnaire, la "kampanya", principale source de financement du PKK.
Malgré l'"omerta" dans la communauté kurde, les témoignages et écoutes téléphoniques ont révélé "un véritable harcèlement" des membres de la diaspora et des méthodes de recouvrement s'apparentant à du "racket", selon les enquêteurs, même si "certains" Kurdes paient l'impôt par conviction idéologique et "adhésion totale" au PKK.
La contribution, collectée une fois par an, est fixée arbitrairement par les "collecteurs" en fonction des revenus estimés de chacun.
Pour la "zone Sud-Est" de la France, le montant annuel collecté a été estimé à deux millions d'euros.
Le procès est prévu jusqu'au 14 avril.