PARIS : Plusieurs chancelleries à travers le monde, inquiètes de l’escalade de violence entre Israël et les Palestiniens, aggravée par le tir d’une salve de roquettes à partir du sud du Liban attribuée par Israël au Hamas, ont appelé vendredi à la retenue.
Moscou demande le rétablissement d’un cessez-le-feu durable
La Russie a appelé vendredi Israël et les Palestiniens à stopper l'«escalade» de la violence et à trouver un compromis, après des frappes israéliennes contre le Liban et la bande de Gaza en riposte à des tirs de roquettes contre son territoire.
«Nous appelons les parties concernées à s'abstenir de toute confrontation et à agir pour empêcher une nouvelle escalade, mettre fin à la violence et rétablir un cessez-le-feu durable», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Paris appelle toutes les parties à la « retenue maximale »
De son côté, Paris rappelait «son attachement indéfectible à la sécurité d'Israël et à la stabilité et souveraineté du Liban» après les tirs de roquettes à partir du Liban et une riposte israélienne ayant visé des positions du mouvement palestinien Hamas.
Face aux tensions des derniers jours, Paris appellait vendredi «toutes les parties à la retenue maximale et à éviter toute action susceptible de conduire à une escalade», selon une déclaration de François Delmas, le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères. La France a aussi réitéré «sa ferme condamnation des tirs de roquettes indiscriminés qui ont ciblé le territoire israélien depuis Gaza et le Sud Liban».
Londres reconnaît le droit d'Israël à se défendre mais condamne les violences policières
Londres a également appellé à la «désescalade» de «toutes les parties» à la suite des frappes d'Israël contre le Liban et la bande de Gaza en riposte aux tirs de roquettes contre son territoire. Londres «condamne les tirs de roquettes du sud du Liban et de Gaza et reconnaît le droit d'Israël à se défendre», a souligné dans un communiqué le chef de la diplomatie britannique, James Cleverly. «Le moment est venu pour toutes les parties de la région de faire preuve de désescalade», a-t-il ajouté en appelant à «respecter le statu quo historique concernant les lieux saints de Jérusalem».
M. Cleverly a ajouté que le Royaume-Uni condamnait «les violences de la police israélienne à la mosquée Al-Aqsa».
En plein ramadan, la police israélienne a fait irruption mercredi dans cette mosquée de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam, pour en déloger des Palestiniens «extrémistes» selon le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.
«Quand les forces de sécurité israéliennes conduisent leurs opérations, elles doivent s'assurer qu'elles le font de manière proportionnée et en accord avec le droit international», a souligné M. Cleverly.
Les frappes israéliennes vendredi matin visant le Liban et l'enclave palestinienne de Gaza sont le dernier épisode en date d'une brusque montée de tension au Proche-Orient depuis mercredi. Au lendemain des violences à Al-Aqsa, une trentaine de roquettes avaient été tirées jeudi - jour de la Pâque juive - du Liban vers Israël.
L'UE appelle à la retenue
Samedi, L'Union européenne condamnait dans un communiqué les attentats meurtriers en Israël ainsi que les tirs de roquettes depuis le Liban, lançant un appel à la «retenue». «L'UE exprime sa condamnation totale de ces actes de violences», a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. «Nous exhortons toutes les parties à faire preuve d'une retenue maximale», a-t-il ajouté.
Engagement de l’Iran et de l’Arabie saoudite
La veille, jeudi, les chefs de la diplomatie d'Iran et d'Arabie saoudite convenaient, à Pékin de travailler ensemble à «la sécurité, la stabilité et la prospérité» au Moyen-Orient, moins d'un mois après un accord sous l'égide de Pékin pour normaliser leurs relations.
Pékin a également affirmé vouloir œuvrer à ces objectifs au Moyen-Orient.
(Avec agences)
Flambée de violences israélo-palestiniennes depuis un an
Les frappes israéliennes contre la bande de Gaza et le sud du Liban, en riposte à des tirs de roquettes, s'inscrivent dans une flambée de violences israélo-palestiniennes qui a commencé il y a un an.
Cette escalade sur le front israélo-libanais, sans équivalent depuis 2006, fait suite à une violente irruption le 5 avril de la police israélienne dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam.
- Attaques sur le sol israélien -
La flambée de violence démarre le 22 mars 2022, lorsque quatre personnes sont tuées à Beersheva, ville du désert du Néguev (sud d'Israël), par un enseignant bédouin lié au groupe djihadiste État islamique (EI).
Le 27 mars, deux policiers sont tués dans une attaque revendiquée par l'EI à Hadera (nord). Deux jours plus tard, un Palestinien de Cisjordanie tue cinq passants dans la banlieue de Tel-Aviv. Le 7 avril, une autre attaque fait trois morts dans le centre de Tel-Aviv.
- Raids en Cisjordanie -
Dans la foulée d'autres attaques sur le sol israélien, l'armée israélienne mène en 2022 plus de 2 000 raids en Cisjordanie, notamment à Jénine et Naplouse, bastions de groupes armés palestiniens, dans le nord de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.
Le 11 mai, la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, vedette de la chaîne qatarie panarabe Al-Jazeera, est tuée lors d'un raid israélien
Le 25 octobre, cinq Palestiniens sont tués dans une attaque israélienne visant le groupe armé Areen al-Oussoud à Naplouse. Le 29 novembre, les troupes israéliennes abattent cinq Palestiniens en Cisjordanie.
- Opération «préventive» à Gaza -
Le 5 août, l'armée israélienne lance à Gaza une opération présentée comme «préventive» contre le Djihad islamique, dont les principaux chefs militaires sont tués.
Au total, 49 Palestiniens sont tués en trois jours d'échanges de roquettes et de missiles.
- Flambée de violences en 2023 -
Une nouvelle spirale de violences démarre le 26 janvier 2023, lorsque 10 Palestiniens sont tués à Jénine lors d'un raid israélien.
Le lendemain, un Palestinien tue par balles six Israéliens et une Ukrainienne près d'une synagogue à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël, avant d'être abattu.
Le 6 février, cinq Palestiniens, dont des membres du Hamas, sont tués dans une opération militaire israélienne à Jéricho.
Le 10 février, un attentat à la voiture-bélier à Jérusalem-Est fait trois morts israéliens, dont deux frères de 6 et 8 ans.
Le 22 février, onze Palestiniens sont tués lors d'une incursion militaire à Naplouse.
Cette opération, la plus meurtrière menée par l'armée israélienne en Cisjordanie depuis 2005 au moins, est suivie dans la nuit par des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers Israël, suivis par des frappes aériennes israéliennes.
- Des colons saccagent une ville palestinienne -
Le 26 février, deux jeunes colons israéliens de Cisjordanie sont tués près de Naplouse.
Le soir même, des centaines de colons israéliens entrent à Houwara, où ils jettent des pierres vers des habitations palestiniennes, incendient des bâtiments et des voitures.
Six Palestiniens sont tués le 7 mars à Jénine, dont l'auteur de l'attaque des deux colons.
Le 1er avril, le nombre de décès lors de heurts quasi-quotidiens atteignait 104 depuis le début de 2023 (88 Palestiniens, un Arabe israélien, 14 autres Israéliens et une Ukrainienne), selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
- Heurts dans la mosquée Al-Aqsa et frappes -
Le 5 avril, en plein ramadan, de violents affrontements opposent la police israélienne à ce qu'elle présente comme des "émeutiers" retranchés à l'intérieur de la mosquée Al-Aqsa.
Deux roquettes sont tirées dans la soirée depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien, après des tirs similaires la nuit précédente auxquels Israël avait répliqué avec des frappes.
Le 6 avril, une trentaine de roquettes sont tirées à partir du Liban vers Israël.
Israël commence à riposter dans la soirée par des frappes aériennes sur la bande de Gaza.
Le 7 avant l'aube, l'armée israélienne mène aussi des frappes contre le sud du Liban, disant avoir frappé trois «infrastructures» du Hamas.
C'est la première fois qu'Israël confirme avoir attaqué le territoire libanais depuis avril 2022.
Le même jour, deux soeurs israéliennes décèdent dans une attaque contre leur voiture en Cisjordanie.