AL-MOUKALLA: Les Houthis ont accepté de rétablir un cessez-le-feu caduc négocié par l’ONU au Yémen pendant six mois, de discuter de l’échange de tous les prisonniers qu’ils détiennent et d’engager des négociations directes avec le gouvernement yéménite, déclarent des responsables du gouvernement yéménite et des médias locaux jeudi.
Les Houthis recevront en contrepartie des salaires pour les fonctionnaires dans les zones qu’ils contrôlent et ils bénéficieront d’un assouplissement des restrictions à l’aéroport de Sanaa et au port de Hodeïda.
Des responsables saoudiens ont informé le Conseil de direction présidentiel du Yémen, à Riyad, que, en plus de la trêve et de l’échange de prisonniers, les Houthis sont convenus lors de pourparlers directs de mener des négociations avec le gouvernement yéménite pendant six mois, sous les auspices de l’ONU, et de discuter d’une période de transition de deux ans, indiquent deux responsables du gouvernement yéménite à Arab News.
Le conseil, présidé par Rachad al-Alimi, s’était réuni à Riyad pour discuter de la manière de répondre aux dernières propositions de paix et il a rencontré mercredi le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane.
Les deux responsables affirment que les membres du conseil seraient prêts à engager des pourparlers directs avec les Houthis si cela pouvait aboutir à un accord de paix global mettant fin au conflit. Le conseil a également demandé des garanties selon lesquelles les Houthis respecteraient les conditions des accords.
Dans un revirement de situation sans précédent et surprenant, les Houthis, qui ont longtemps rejeté les appels à la paix, ont aussi accepté de mettre fin aux attaques contre les infrastructures pétrolières dans les régions contrôlées par le gouvernement, d’ouvrir toutes les autoroutes dans les provinces du Yémen et de lever le blocus imposé à Taïz.
Sur la base de leurs négociations avec les représentants des Houthis, les responsables saoudiens ont élaboré des stratégies pour parvenir à un compromis entre les parties belligérantes qui déboucherait sur un accord de paix au Yémen.
«Il s’agit d’idées saoudiennes dans le cadre d’une initiative négociée par l’ONU», déclare à Arab News un responsable du gouvernement yéménite, qui s’exprimait sous couvert d’anonymat parce qu’il n’est pas autorisé à informer les journalistes.
«C’est un long plan de paix centré en premier lieu sur la proclamation d’une suspension des hostilités et de toutes les activités militaires, sur l’établissement de la confiance, sur la formation de comités techniques ainsi que sur l’ouverture de tous les ports et, enfin, sur les négociations directes qui mènent à la formation de l’État et à une période de transition.»
Le responsable ajoute que les Saoudiens communiqueraient la réponse du Conseil de direction présidentiel aux Houthis. Un précédent accord de cessez-le-feu a été rompu au mois d’octobre lorsque les deux parties n’ont pas réussi à s’entendre sur une prolongation.
Al-Masdar Online, un site d’information yéménite, rapporte que les Houthis ont exigé que la coalition arabe quitte le Yémen dans l’année qui suit l’entrée en vigueur d’un accord et qu’ils ont promis d’autoriser le déploiement rapide d’équipes de sauvetage de l’ONU auprès du Safer, un navire de stockage de pétrole abandonné. Il est amarré dans la mer Rouge au large des côtes du Yémen depuis le début du conflit dans le pays et n’est pratiquement pas entretenu, ce qui suscite des craintes croissantes d’une marée noire dévastatrice.
Les analystes yéménites ont attribué le revirement surprenant des Houthis à la récente réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran ainsi qu’à l’inaptitude de la milice à réaliser des gains militaires sur le terrain.
«Les Houthis ont peur de perdre l’aide de l’Iran», annonce Ali al-Fakih, rédacteur en chef d’Al-Masdar Online, à Arab News. «L’un des engagements de l’Iran dans le cadre de son accord avec l’Arabie saoudite est de mettre fin à ses projets dans la région et les Houthis sont l’un de ses bras armés.»
Il ajoute qu’un autre facteur qui avait influencé la ruée vers la paix des Houthis était le désir de se regrouper et de négocier des accords avec les puissances régionales après avoir échoué à vaincre militairement leurs adversaires.
«Les Houthis ont atteint un point où ils ne peuvent pas réaliser davantage de choses que par le passé. Si l’aide iranienne prend fin, ils seront exposés et perdront beaucoup de terrain», conclut M. Al-Fakih.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com