CASABLANCA: Les Marocains accueillent, comme chaque année, le mois sacré du ramadan dans la solidarité et la spiritualité. Les mosquées sont pleines, les actions humanitaires se multiplient et les familles se retrouvent dans la joie et la bonne humeur autour du Ftour, me repas qui marque la rupture du jeûne, dans une ambiance des plus conviviales. Mais ce qui marque le plus le ramadan de cette année, c’est la conjoncture économique très particulière: l’inflation a atteint des sommets, dépassant la barre des 10%.
Une hausse des prix qui a concerné pratiquement tous les produits de grande consommation et les hydrocarbures. «Le ramadan est assez spécial cette année. J’aime l’ambiance et l’esprit de ce mois sacré où on se retrouve avec nos proches; mais, en même temps, je reste assez sceptique devant cette hausse de produits alimentaires qui va forcément se répercuter sur notre table du Ftour», déclare à Arab News en français Fatima, une femme au foyer. Cette mère de deux enfants est mariée à Ahmed, un chauffeur de taxi dont la recette journalière a été réduite comme peau de chagrin à cause de la hausse des prix à la pompe.
L’impact de l’inflation
Dans ce souk populaire de la métropole casablancaise, on constate l’impact de cette inflation sur le panier de Fatima, qui a considérablement diminué. Elle reconnaît toutefois que les prix de certains produits essentiels sont progressivement revenus à la normale. En effet, malgré l’inflation spectaculaire, le gouvernement a pris des mesures urgentes pour soutenir le pouvoir d’achat des Marocains et limiter les répercussions de la cherté de la vie.
Des subventions ont été accordées aux transporteurs et des contrôles réguliers sont menés au niveau des marchés de gros pour lutter contre la spéculation, en plus des aides apportées aux ménages et aux populations les plus nécessiteuses. Des mesures salutaires dont l’effet s’est fait rapidement sentir au niveau des marchés des villes marocaines. Un tour dans les principaux souks de Casablanca nous confirme un quasi-retour à la normale des prix.
Les Marocains sont généreux et solidaires. Pendant le ramadan, le nombre d’actions humanitaires menées par des associations ou des particuliers augmente fortement.
Mohand Hakhifi
En plus des efforts du gouvernement, les Marocains ont été très nombreux à soutenir leurs proches, leurs voisins, les sans-abri, les démunis, les orphelins… Et ces filets sociaux contribuent également à maintenir une certaine stabilité et une paix sociale. Les Marocains sont généreux et solidaires. Pendant le ramadan, le nombre d’actions humanitaires menées par des associations ou des particuliers augmente fortement. Elles se manifestent dans toutes les villes et tous les quartiers du royaume chérifien.
L’exemple a d’ailleurs été donné le 27 mars dernier par la plus haute autorité du pays. Le roi Mohammed VI a lancé, comme chaque année, l’opération nationale intitulée «Ramadan 1444». Initiée par la Fondation Mohammed-V pour la solidarité, elle a bénéficié à près de 5 millions de personnes. Mobilisant une enveloppe budgétaire de 390 millions de dirhams (1 dirham marocain = 0,090 euro), elle s’est caractérisée cette année par l’augmentation du nombre de bénéficiaires, qui est passé de 600 000 à un million de ménages, parmi lesquels 77% sont issus du milieu rural. Une véritable bouffée d’oxygène en ces temps difficiles.
Des valeurs communes
Certes, le ramadan aura un goût particulier en raison de ce contexte économique tendu. Une chose est sûre, toutefois: l’esprit de ce mois sacré sera perpétué. La joie, la bonne humeur, la spiritualité et la convivialité sont toujours au rendez-vous, et elles le resteront.
Comme une expression populaire l’exprime joliment: «S'il y a un pays où tu ne mourras jamais de faim, c'est bien le Maroc.» Cette phrase, largement répandue parmi les Marocains depuis bien longtemps, traduit parfaitement les valeurs communes de générosité, d’entraide et de solidarité propres à ce peuple. Elle traduit la légendaire hospitalité qui caractérise les Marocains, et que chaque visiteur n’est pas près d’oublier.