PARIS: Prime alimentaire, interdiction des jets privés ou RSA dès 18 ans : les députés écologistes ont peu d'espoirs de succès lors de leur journée réservée à l'Assemblée jeudi, preuve, selon eux, du "sectarisme" d'un camp présidentiel réfractaire au compromis.
Hasard du calendrier, la "niche parlementaire" des écologistes a lieu lors de la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Un télescopage qui fait craindre à certains que l'hémicycle soit dégarni côté gauche lors de certains votes.
Quoi qu'il en soit, la quasi-totalité des propositions de loi du groupe ont été soit rejetées, soit vidées de leur substance lors de leur examen en commission, présage d'un sort identique en séance.
"À partir du moment où ce sont les écolos qui proposent, ils disent non, on se prend un mur", s'est agacée mercredi la cheffe de file des députés EELV, Cyrielle Chatelain, visant le camp présidentiel, et en particulier le groupe macroniste Renaissance.
À l'heure où l'exécutif prône une "nouvelle méthode de dialogue", c'est "une démonstration de sectarisme", a tonné son groupe, qui s'est résigné à retirer plusieurs textes, comme celui sur une interdiction des publicités numériques et lumineuses dans l'espace public.
Cinq restent encore au programme, comme l'interdiction des vols en jets privés, de la chasse le dimanche ou un accès au RSA dès 18 ans, mais les écologistes ne se font pas d'illusions sur leurs chances d'être adoptés.
«Combat violent»
Mais ils ont décidé de ferrailler pour leur texte "Mieux Manger", complètement détricoté en commission. "On en a fait notre coeur de niche", lance la députée Francesca Pasquini, porteuse de ce texte à dimensions "sociale, sanitaire et environnementale".
Dans cette proposition de loi, qui doit ouvrir le bal jeudi à 9h00, les écologistes vont défendre une "prime alimentaire" pour aider les plus précaires à faire face à l'inflation, d'au moins 50 euros par mois et par personne.
Un dispositif jugé trop complexe et trop coûteux par le camp macroniste, qui demande de laisser la main à l'exécutif pour mettre en oeuvre une promesse présidentielle tardant à se concrétiser. Le gouvernement assure qu'une "expérimentation" de chèque alimentaire sera lancée "dans les tout prochains mois".
Les écologistes n'ont pas non plus renoncé à mener la bataille contre les nitrites, dans le cadre de ce même texte "Mieux Manger".
"Le groupe écologiste m'aura à ses côtés" sur ce sujet, a annoncé le député Modem Richard Ramos. Mais "le combat est violent, parce que derrière, comme pour le tabac, comme pour l'alcool, il y a l'argent".
«Écologie protectrice»
La principale chance de succès législatif pour les écologistes concerne le deuxième texte au menu jeudi, visant à faciliter l'indemnisation des victimes du "retrait-gonflement des argiles" dans les sols, un phénomène accentué par le réchauffement climatique et qui endommage les habitations.
Il "changerait radicalement le rapport de force entre assureurs et assurés", qui se sentent aujourd'hui démunis et "noyés dans des procédures", plaide Sandrine Rousseau, porteuse de ce texte qui doit montrer "que l'écologie n'est pas que punitive, mais aussi protectrice".
Depuis le début de la législature, les "niches parlementaires" des oppositions ont souvent tourné au vinaigre. Celle des Insoumis s'était notamment achevée dans un climat incandescent, après que le camp présidentiel a joué la montre pour empêcher le vote d'une réintégration des soignants non vaccinés.