PARIS: L'un des documents les plus célèbres de l'Histoire de France, l'édit de Nantes, est visible pour le grand public dans une exposition sur les guerres de religion qui ouvre mercredi au musée de l'Armée à Paris.
"La Haine des clans" est le titre de cette exposition, à visiter aux Invalides jusqu'au 30 juillet.
Elle traite, comme le dit l'un de ses commissaires, Olivier Renaudeau, d'une période "extrêmement complexe sur le plan politique" et qui a "bouleversé la société française", de 1559 à 1610.
L'original de cet édit, qui consacre la coexistence entre catholiques et protestants et doit mettre fin en 1598 à des conflits violents, est prêté par les Archives nationales.
Ce document "a rarement été exposé", souligne le conservateur. Il ne l'avait été pour la première fois qu'en 2004.
L'édit de Nantes arrive au terme de conflits violents qui ont épuisé le pays, avec pas moins de huit phases de guerre entre catholiques et protestants.
"Henry par la grace de dieu Roy de France et de Navarre", lit-on sur la première ligne, au sujet du souverain Henri IV.
"La Haine des clans" met en scène les rivalités entre des familles des deux confessions, qui luttent non seulement pour leur foi mais surtout pour leur influence politique: Valois, Guise, Coligny, Montmorency, Bourbon.
L'événement de ces guerres de religion resté gravé dans la mémoire collective est le massacre de la Saint-Barthélémy, déclenché à Paris le 24 août 1572. Y est consacrée une salle, tapissée d'une reproduction d'un tableau connu mettant en scène ces violences, par le protestant François Dubois.
Un exemplaire de 1619 de la volumineuse "Histoire des martyrs", qui recense les victimes, donne une idée de l'ampleur des tueries. Elles feront 10 000 morts dans toute la France.
Des armures portées par les protagonistes de ces guerres, des tableaux et tapisseries, des documents que l'on appellerait aujourd'hui de propagande sont également à voir tout au long du parcours.
Mais aussi des reliques des débuts de la colonisation française à la même époque, comme une étonnante massue rapportée du Brésil, où s'établit "une colonie mixte, en baie de Rio, entre catholiques et protestants", détaille Christine Duvauchelle, autre commissaire de l'exposition.