Les Houthis devraient dévoiler l’emplacement des mines pour sauver des vies, selon des militants et des responsables du gouvernement

Le ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Eryani, a récemment déclaré que les mines avaient été fabriquées par l’Iran et le Hezbollah, et non par son gouvernement. (Photo fournie)
Le ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Eryani, a récemment déclaré que les mines avaient été fabriquées par l’Iran et le Hezbollah, et non par son gouvernement. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 10 mai 2023

Les Houthis devraient dévoiler l’emplacement des mines pour sauver des vies, selon des militants et des responsables du gouvernement

  • Mohammed Askar, ancien ministre yéménite des Droits de l’homme, déclare que la plus grande menace posée par les mines concerne les groupes les plus vulnérables
  • Selon les statistiques du gouvernement légitime, plus de 1 800 femmes et filles ont été victimes de mines au cours des années de guerre menées par la milice houthie

RIYAD: Les Houthis devraient révéler l’emplacement de toutes les mines qu’ils ont posées pour empêcher de nouvelles effusions de sang et contribuer à la reprise économique du Yémen: c’est ce qu’affirment des militants et des responsables gouvernementaux.

Le ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Eryani, a récemment déclaré que les mines avaient été fabriquées par l’Iran et le Hezbollah, et non par son gouvernement. Par ailleurs, ces engins ont été posés «au hasard» depuis le coup d’État mené par la milice houthie, en 2014.

Il déclare que les Houthis n’avaient fait «aucune distinction entre les zones militaires et civiles, ce qui constitue l’un des crimes les plus graves commis contre le présent et l’avenir du peuple yéménite».

«Les Houthis ont planté d’innombrables mines – la quantité la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils les ont placées à l’intérieur des maisons, des écoles, des mosquées, des marchés, des pâturages, des champs agricoles, des sources d’eau, des bâtiments de service public et des institutions souveraines. Ils les ont également posées le long des routes principales et secondaires ainsi que dans les couloirs de navigation maritime internationale.»

M. Al-Eryani déclare que le Programme national d’action contre les mines a enregistré «plus de 7 000 cas dans lesquels des civils, principalement des femmes et des enfants, ont été tués ou blessés en raison du réseau de mines terrestres des Houthis. Les rapports du programme ont confirmé que ces mines ne faisaient pas partie de l’équipement de l’armée yéménite avant 2014 et qu’elles étaient fabriquées localement par les Houthis sous la supervision d’experts du Corps des gardiens de la révolution d’Iran et du Hezbollah libanais».

«Les Houthis, sous la supervision des experts iraniens, ont transformé les mines antichars en mines antipersonnel. De plus, ils ont innové en fabriquant des engins explosifs improvisés, en utilisant des explosifs conventionnels comme les roquettes, les obus de chars et les obus d’artillerie. Ils ont camouflé les mines et les engins explosifs de manière à ce qu’ils ressemblent à des rochers et qu’ils se fondent naturellement dans l’environnement.»

M. Al-Eryani soutient que les Houthis «ont également fabriqué des mines navales» et qu’«ils les ont plantées dans la mer Rouge et le détroit de Bab al-Mandab, prenant pour cible les navires commerciaux et les pétroliers tout en menaçant la sécurité des routes de navigation maritime internationale». Cela a entraîné «des dizaines d’accidents» au cours des dernières années: «des navires commerciaux et des bateaux de pêche ont heurté des mines navales, tuant et blessant des centaines de pêcheurs».

Il ajoute que «le gouvernement légitime a déployé des efforts considérables, par l’intermédiaire de son programme national d’action contre les mines et des équipes d’ingénierie militaire du ministère de la Défense, pour retirer et détruire les mines, sensibiliser à leur danger et aider les victimes en leur assurant les chirurgies plastiques, les prothèses et les services de réadaptation nécessaires. Il l’a fait en partenariat avec le Programme des nations unies pour le développement, le projet saoudien de déminage au Yémen [Masam] et les pays et organisations qui le soutiennent».

«J’aimerais saisir cette occasion pour exprimer ma profonde gratitude envers le soutien que nos frères du royaume d’Arabie saoudite ont apporté, au moyen du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane et du projet Masam, au gouvernement et au peuple yéménites pour retirer les mines posées par la milice houthie. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de leur rôle constructif au Yémen», indique M. Al-Eryani.

Il reproche aux Houthis la manière dont ils ont mis en danger la population du pays. «Je répète que la pose excessive et aveugle de mines antipersonnel, de mines antichars et d’engins explosifs par la milice houthie dans des villes et des villages peuplés […] menace constamment la vie de millions de civils. En outre, les mines paralysent également la vie publique, mettent complètement fin aux activités lucratives des gens, exacerbent leurs souffrances et entravent les efforts de développement. Les répercussions et les risques dévastateurs de ces problèmes prévaudront pendant des dizaines d’années, même après la fin de la guerre», souligne-t-il.

Mohammed Askar, ancien ministre yéménite des Droits de l’homme, déclare que la plus grande menace posée par les mines concerne «les groupes les plus vulnérables, y compris les enfants et les femmes. Le problème avec les mines est que non seulement elles affectent considérablement le présent du pays ravagé par la guerre, mais aussi son avenir et son développement durable. Le gouvernement yéménite a signé la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et a commencé à éliminer ses stocks de mines jusqu’à ce que la milice houthie surgisse avec une technologie iranienne et ouvre ainsi les portes de l’enfer au Yémen».

Mohammed Askar, ancien ministre yéménite des Droits de l’homme. (Photo fournie)
Mohammed Askar, ancien ministre yéménite des Droits de l’homme. (Photo fournie)

«Malheureusement, les milices houthies ont posé des millions de mines de toutes sortes et de toutes formes à grande échelle, y compris des mines camouflées, des mines antipersonnel, des mines en forme de rocher et d’autres qui ressemblent à des jouets. Environ 30% des victimes de mines au Yémen sont des femmes et des enfants qui sont retournés dans leurs vallées, leurs villages et leurs maisons après les guerres. Ils ont alors été la cible de ces mines explosives qui ont entraîné l’amputation de leurs membres. Dans ces conditions humanitaires extrêmement difficiles, ils sont désormais incapables de se déplacer. Certains d’entre eux ne sont plus en mesure d’apprendre ni de se rendre dans les écoles situées à plusieurs kilomètres.»

M. Askar appelle les Houthis à éviter davantage de «misère» dans le pays. Il déclare que davantage de travail devrait être fait pour sensibiliser le public au risque que ces dispositifs représentent pour la vie et les moyens de subsistance, saluant également le projet Masam, qui a fourni une assistance médicale aux victimes.

La militante politique yéménite Wissam Basounda confirme que peu de progrès économiques pourraient être réalisés sans s’attaquer à ce problème, étant donné que les femmes et les enfants restent le groupe le plus vulnérable. «Le problème des mines demeure un obstacle à tout plan de paix et tout programme de développement durable. Il doit être traité d’urgence et sans relâche afin qu’il ne se transmette pas de génération en génération.»

La militante politique yéménite Wissam Basounda. (Photo fournie)
La militante politique yéménite Wissam Basounda. (Photo fournie)

«Alors que les femmes du monde ont célébré leurs réalisations politiques, sociales et économiques à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, le 8 mars, les femmes yéménites vivent dans la misère et la peur au sein d’un environnement rempli de mines houthies qui mettent en danger leur vie et celle de leurs enfants, aggravant ainsi leurs souffrances.»

Selon les statistiques du gouvernement légitime, plus de 1 800 femmes et filles ont été victimes de mines au cours des années de guerre menées par la milice houthie dans plusieurs gouvernorats yéménites. Le Centre exécutif d’action contre les mines de Taïz révèle qu’entre 2017 et février 2023, 1 222 personnes ont été blessées ou tuées par des mines houthies.

Le journaliste Badr al-Kahtani, expert en affaires yéménites. (Photo fournie)
Le journaliste Badr al-Kahtani, expert en affaires yéménites. (Photo fournie)

Le journaliste Badr al-Kahtani, un expert en affaires yéménites, convient que les mines constituent une menace persistante pour l’avenir du pays; de nombreuses victimes doivent désormais porter des prothèses. «Le véritable problème est qu’on ne connaît pas l’emplacement de ces mines. Je pense que le projet Masam joue un rôle très important dans le déminage terrestre. Ce qui est également remarquable, c’est que le projet suit des critères précis dans les statistiques et qu’il est en contact direct avec le gouvernement yéménite ainsi qu’avec le Centre exécutif d’action contre les mines du Yémen pour mettre à jour les chiffres. C’est un très gros processus et le projet saoudien Masam mérite d’être salué.»

M. Al-Kahtani a exhorté les Houthis à collaborer avec le gouvernement yéménite, l’ONU et d’autres organisations internationales pour résoudre ce problème.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.