LOS ANGELES: Il existe des millions de photos de Donald Trump, mais si la police new-yorkaise prend sa photo d'identité judiciaire mardi dans le cadre de son inculpation, inédite pour un ex-président américain, elle entrera instantanément dans l'Histoire.
Un cliché de face, un autre de profil: aux Etats-Unis, la procédure d'interpellation par la police prévoit deux photos, en plus de la prise des empreintes digitales. Et pour les célébrités qui ont maille à partir avec la justice, ce diptyque leur colle ensuite à la peau.
Al Capone, O.J. Simpson, Jane Fonda ou encore Hugh Grant... Toutes ces stars ont défilé devant les objectifs policiers, pour un "mugshot" à jamais indissociable de leur destin.
Une galerie de portraits que M. Trump pourrait rejoindre, même s'il est possible que son statut d'ancien président lui permette d'éviter cet exercice.
Inculpé dans une affaire d'achat du silence de l'actrice porno Stormy Daniels juste avant sa campagne présidentielle victorieuse de 2016, il est en tout cas attendu au tribunal mardi.
Produits dérivés
L'une des photos judiciaires les plus célèbres de l'histoire est celle de l'ancien footballeur américain O.J. Simpson, prise par la police de Los Angeles lorsqu'elle l'a arrêté parce qu'il était soupçonné d'avoir assassiné son ex-femme et l'amie de celle-ci.
Une semaine plus tard, elle faisait la couverture du magazine Time. Aujourd'hui encore, elle orne toutes sortes de produits dérivés, de simples t-shirts jusqu'à des guitares électriques.
L'actrice américaine Jane Fonda vend elle encore sur son site internet des vêtements et des tasses à café avec son portrait policier, pris en 1970.
Arrêtée à l'aéroport de Cleveland pour trafic de drogues -- une accusation abandonnée lorsque les tests ont révélé que sa valise ne contenait que des vitamines --, elle en avait profité pour prendre une pose provocante, le poing levé, tout juste rentrée du Canada où elle venait de prononcer un discours contre la guerre du Vietnam.
"J'ai certainement tiré beaucoup de profit de cette arrestation", a confié l'actrice militante au Los Angeles Times en 2018.
Déchéance
Mais pour beaucoup de célébrités, une telle photo est plutôt synonyme de déchéance.
Ainsi, difficile de reconnaître Tiger Woods lorsqu'il a été arrêté endormi dans sa voiture en Californie en 2017. L'ex-prodige du golf avait expliqué être sous l'influence de puissants anti-douleurs, mais son visage bouffi, sa barbe désordonnée et ses yeux hagards sont devenus le symbole d'une dérive déclenchée par ses problèmes de dos.
De même, la chevelure hirsute de l'acteur Nick Nolte, arrêté en 2002 alors qu'il conduisait sous l'empire du GHB, a révélé la descente aux enfers d'une star nommée dix ans plus tôt "homme le plus sexy du monde".
Le comédien Hugh Grant a également défrayé la chronique avec son expression penaude devant la police de Los Angeles, qui l'avait surpris en 1995 avec une prostituée dans une voiture. À l'époque, le Britannique était en couple avec l'actrice Liz Hurley.
Politiques
Donald Trump serait le premier ancien président dont la photo figurerait dans les dossiers de la police américaine, mais pas le premier homme politique.
Nombre de ses prédécesseurs se sont affichés tout sourire face aux forces de l'ordre. A l'instar de John Edwards, candidat à la primaire démocrate en 2008 et arrêté en 2011 pour des soupçons de détournement de fonds de campagne afin de cacher son adultère, avant d'être déclaré non coupable lors de son procès.
Le gouverneur du Texas, Rick Perry, arborait lui aussi un sourire sur sa photo d'arrestation lorsqu'il a été arrêté en 2014 pour abus de pouvoir -- des accusations abandonnées par la suite.
Qu'il affiche son sourire aux dents parfaites ou qu'il opte pour la mine sévère qu'il affectionne pour se poser en dirigeant à poigne, la photo d'arrestation de M. Trump sera inévitablement collector, si elle existe.
Comme celle d'O.J. Simpson, elle ferait la une des journaux. Et comme celle de Jane Fonda, il est presque certain qu'elle serait ensuite disponible sous forme de t-shirt. Peut-être même sur le site web de M. Trump.