Biens mal acquis de la famille Salamé : la cour d'appel de Paris débat mardi des saisies françaises de biens

La cour d'appel de Paris débat mardi de la validité d'un grand nombre de saisies opérées sur le patrimoine immobilier et bancaire en Europe du gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé. (AFP)
La cour d'appel de Paris débat mardi de la validité d'un grand nombre de saisies opérées sur le patrimoine immobilier et bancaire en Europe du gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé. (AFP)
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Publié le Dimanche 02 avril 2023

Biens mal acquis de la famille Salamé : la cour d'appel de Paris débat mardi des saisies françaises de biens

  • Fin mars 2022, la France, l'Allemagne et le Luxembourg avaient annoncé geler 120 millions d'euros d'avoirs libanais liés à celui qui dirige la "BDL" depuis 1993 et quatre personnes
  • La décision sur ces biens, dont la valeur se chiffre en dizaines de millions d'euros, sera mise en délibéré, et devrait être connue d'ici quelques semaines

PARIS: La cour d'appel de Paris débat mardi de la validité d'un grand nombre de saisies opérées sur le patrimoine immobilier et bancaire en Europe du gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, suspecté de l'avoir acquis via un détournement massif de fonds publics libanais.

Entendu mi-mars à Beyrouth par plusieurs juges européens enquêtant sur lui, dont la juge d'instruction française Aude Buresi, Riad Salamé, 72 ans, a maintenu son innocence, comme il le fait depuis l'ouverture du dossier.

Fin mars 2022, la France, l'Allemagne et le Luxembourg avaient annoncé geler 120 millions d'euros d'avoirs libanais liés à celui qui dirige la "BDL" depuis 1993 et quatre personnes.

Mardi, à partir de 14H00, la chambre de l'instruction parisienne débattra des demandes faites par le camp Salamé de restitution de plus d'une dizaine de saisies différentes opérées par la France: appartements dans le XVIe arrondissement parisien ou sur les Champs-Elysées, au Royaume-Uni, en Belgique, comptes bancaires, etc.

La décision sur ces biens, dont la valeur se chiffre en dizaines de millions d'euros, sera mise en délibéré, et devrait être connue d'ici quelques semaines.

Le parquet général a demandé confirmation des saisies, s'inquiétant de priver la France, en cas d'éventuelle condamnation judiciaire un jour, "de toute perspective de confiscation" des biens.

L'enjeu est majeur, lance une source proche du dossier: "Taper au portefeuille" Riad Salamé, "c'est la principale action concrète possible dans ce dossier", vu que le Liban refuse d'extrader ses ressortissants et les juge sur son sol s'ils sont condamnés à l'étranger.

Me William Bourdon, avocat de deux parties civiles, l'ONG Sherpa et le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban (CPVCL), parties civiles, demande aussi la confirmation de ces saisies, "fondées sur des éléments de preuves très puissants. Les demandes faites de mainlevée sont autant une bataille d'arrière-garde qu'une opération de communication".

Société aux Iles Vierges 

L'information judiciaire française, dont l'existence avait été révélée par l'AFP, court depuis juillet 2021, en parallèle d'enquêtes européennes ou libanaise.

Selon des documents d'enquête dont l'AFP a eu connaissance, le schéma de détournement mis en cause reposerait principalement sur une société enregistrée aux Iles Vierges, créée en 2001 par le cabinet Mossack Fonseca, mis en cause dans les Panama Papers.

Forry Associates Ltd, dont le bénéficiaire économique serait Raja Salamé, frère du gouverneur, aurait été autorisée par la Banque du Liban dirigée par M. Salamé à négocier des bons du Trésor libanais et des euro-obligations moyennant une commission.

Cette commission aurait ensuite été virée sur des comptes bancaires suisses appartenant à Raja Salamé, qui par la suite aurait renvoyé "plus de 220 millions de dollars vers plusieurs comptes personnels au Liban", dont certains appartenant à Riad Salamé.

M. Salamé avait indiqué à la justice libanaise en août 2021 qu'il avait reçu de l'argent de son frère afin de rembourser une dette de 15 millions de dollars remontant aux années 1990.

Encore récemment, la justice française s'est inquiétée d'obstacles "difficiles voire impossibles": c'est Riad Salamé qui, en tant que gouverneur de la BDL, préside la CSI, la commission libanaise chargée de la levée du secret bancaire à qui il est demandé d'autoriser la divulgation à la justice des relevés d'opérations des comptes bancaires libanais... de Raja Salamé et de Riad Salamé.

A ce stade, en France, il n'est pas formellement mis en cause, contrairement à une de ses très proches, Anna K., une Ukrainienne de 46 ans mise en examen en juin 2022, suspectée d'avoir contribué à "des montages financiers complexes permettant de dissimuler l'origine des fonds détournés par Riad Salamé au préjudice de la banque du Liban (...) et le bénéficiaire effectif final des fonds".

Selon plusieurs sources, Mme Buresi souhaiterait interroger M. Salamé mi-mai en France, mais il n'est pas sûr que le Liban l'autorise à prendre l'avion.

Son avocat, Me Pierre-Olivier Sur, avance lui que l'enquête française pourrait s'effondrer pour cause d'irrégularités: il pointe l'audition comme "témoin simple" de Riad Salamé mi-mars au Liban alors que le code pénal français "interdit strictement d'entendre" sous ce statut "une personne contre laquelle pèsent des +indices graves ou concordants+ de participation à l'infraction" visée.


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.