50 ans après sa mort, Picasso se conjugue à toutes les sauces

Un visiteur regarde le chef-d'œuvre du peintre espagnol Pablo Picasso "Guernica" lors d'une conférence de presse présentant les événements de "l'Année Picasso", marquant le 50e anniversaire de la mort du peintre, au musée Reina Sofia de Madrid, le 12 septembre 2022. (AFP)
Un visiteur regarde le chef-d'œuvre du peintre espagnol Pablo Picasso "Guernica" lors d'une conférence de presse présentant les événements de "l'Année Picasso", marquant le 50e anniversaire de la mort du peintre, au musée Reina Sofia de Madrid, le 12 septembre 2022. (AFP)
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Publié le Samedi 01 avril 2023

50 ans après sa mort, Picasso se conjugue à toutes les sauces

  • A l'occasion des 50 ans de sa mort, Pablo Picasso (1881-1973) est célébré à travers une quarantaine d'expositions à travers le monde, promettant d'explorer toutes ses facettes
  • La toile la plus chère de Picasso jamais vendue aux enchères est «Les femmes d'Alger (Version O)», peinte en 1955 et cédée pour 179,4 millions de dollars le 11 mai 2015 chez Christie's

PARIS: Génie ou monstre ? Dans tous les cas, inépuisable sujet de fascination. A l'occasion des 50 ans de sa mort, Pablo Picasso (1881-1973) est célébré à travers une quarantaine d'expositions à travers le monde, promettant d'explorer toutes ses facettes.

"Picasso mange tout et apparemment on a encore faim", s'amuse Olivier Widmaier-Picasso, son petit-fils, interrogé par l'AFP. Il se dit "fasciné par le nombre de conservateurs de musée, d'historiens et de chercheurs qui continuent de trouver des angles d'étude".

Les céramiques de Picasso, Picasso et le féminisme, le blanc chez Picasso, Picasso sous l'oeil de célèbres photographes, le jeune Picasso à Paris, Picasso sculpteur... Le monument est conjugué à toutes les sauces dans le cadre de "son année", fêtée en France et en Espagne.

Il reste "au-dessus de tous", estime Bernard Blistène, président honoraire du Centre Pompidou à Paris, louant, à l'instar d'autres spécialistes, unanimes, le "génie" du père de "Guernica" et des "Demoiselles d'Avignon".

Pablo Picasso, grand maître des enchères

Maître du cubisme, le peintre espagnol Pablo Picasso est également un grand maître des enchères, détenant une multitude de records dans les salles des ventes.

Picasso (1881-1973) est le recordman du nombre de méga-enchères, quel que soit le seuil choisi pour définir une méga-enchère. Cinq de ses œuvres ont été adjugées à plus de 100 millions de dollars, 16 à plus de 50 millions, 39 à plus de 30 millions, selon une base de données. Aucun artiste n'a fait mieux.

La toile la plus chère de Picasso jamais vendue aux enchères est "Les femmes d'Alger (Version O)", peinte en 1955 et cédée pour 179,4 millions de dollars le 11 mai 2015 chez Christie's à New York, permettant au vendeur, qui l'avait acquise pour 31,9 millions en 1997, de quintupler sa mise de départ.

Il s'agissait, lors de la vente de mai 2015, de la plus grosse enchère d'art de l'Histoire. Elle a été détrônée en novembre 2017 par le "Salvator Mundi" attribué à Léonard de Vinci, vendu à 450 millions de dollars et qui n'a pas été dépassé depuis.

Au cours des 20 dernières années, deux autres tableaux de Picasso ont détenu en leur temps le record de la plus grosse enchère d'art: "Garçon à la pipe" (104,2 millions de dollars) de mai 2004 à février 2010 et "Nu au plateau de sculpteur" (106,5 millions) de mai 2010 à mai 2012, selon la base de données de l'AFP.

Toutes enchères confondues, les ventes aux enchères d’œuvres de Pablo Picasso ont totalisé 4,7 milliards de dollars aux cours des dix dernières années, selon des données compilées à partir des rapports annuels d'Artprice.

Là encore, aucun artiste n'a fait mieux. Andy Warhol (3,4 milliards) et Claude Monet (2,6 milliards), qui complètent le podium, sont loin derrière.

Picasso le touche-à-tout, ce ne sont pas que des peintures, mais également des sculptures, des dessins, des céramiques, des gravures, des lithographies, des livres illustrés, des costumes de ballet... Ses œuvres ont fait l'objet de 31.745 adjudications en 10 ans, soit en moyenne plus de 3.000 par an.

"La puissance dévastatrice de l'oeuvre de Picasso au regard de celle des autres, l'invention permanente, la traversée de tous les grands courants de la modernité, l'expérimentation pendant plus de 80 ans (Picasso a peint jusqu'à sa mort à 91 ans, ndlr), la volonté de plaire et de déplaire... Tout cela est inégalé", ajoute-t-il à l'AFP.

Et après des centaines d'expositions lui étant consacrées, il reste une ressource muséale "inépuisable", renchérit Emmanuel Guigon, directeur du musée Picasso de Barcelone.

Avec le mouvement #MeToo, l'image de ce monument de la peinture a toutefois été écornée par des accusations de misogynie et de violences envers ses anciennes compagnes.

Ancienne conservatrice du musée Picasso, Emilie Bouvard espère que cet anniversaire marquera "le début d’un processus salutaire" sur la manière dont on aborde cet artiste "populaire", qui "a incarné un engagement dont on continue de parler et s’est présenté comme un homme proche de tout le monde et qui l'était".

«S'ouvrir aux débats»

"#MeToo est un coup de pied dans la fourmilière qui a du bon", estime-t-elle.

"Il faut cesser de parler des femmes qui ont traversé sa vie comme de +muses+. Certaines se sont suicidées, d'autres ont sombré dans la folie. La seule qui s'en est sortie, c'est Françoise Gilot, seule aussi à l'avoir quitté", ajoute-t-elle.

Peintre aujourd'hui installée aux Etats-Unis, elle a décrit Picasso comme un "être tyrannique, superstitieux et égoïste", dans un livre à succès "Vivre avec Picasso", publié en 1964.

"Au-delà de son machisme, Picasso est quelqu’un qui s’appropriait les choses, les êtres, les possédait avec des sentiments paroxystiques de souffrance, de douleur. Il s’est intéressé aux questions archaïques du moi et à la violence afférente avec un certain courage mais il en faisait baver à son entourage. Aborder cette question, c’est parler autrement mais avec justesse de Picasso", poursuit Mme Bouvard.

"Violence" et "sexualité dans l'art" sont des thèmes abordés lors d'un cycle de conférences à Paris, tandis qu'une exposition sur Picasso et le féminisme débutera en juin au Brooklyn Museum de New York, avec comme commissaire d'exposition la comédienne Hannah Gadsby, particulièrement virulente contre Picasso dans un show à succès sur Netflix.

Moins polémique et plus festif, à Paris, le musée qui porte son nom a été métamorphosé par le styliste britannique Paul Smith.

"Un pari" pour la directrice du musée, Cécile Debray, dont l'institution pilote les commémorations en France et qui "n'a pas vocation à être un mausolée".

Au contraire, l'objectif est de "s'ouvrir aux débats et à la réflexion sur Picasso afin de relire l'oeuvre et d'en montrer la vitalité", souligne-t-elle.

Outre les expositions, de nombreuses conférences sont prévues cette année, ainsi que l'inauguration à l'automne à Paris d'un centre de recherche, à deux pas du musée Picasso, et un symposium international au même moment à l'Unesco.

«J'ai vu vivre Picasso»

Henri Diacono, ancien reporter à l'AFP et ami de Picasso, l'a vu vivre dans son mas "Notre Dame de Vie" dans les Alpes-Maritimes, tout au long de l'hiver de ses 90 ans.

Voici son témoignage diffusé le 9 avril 1973, le lendemain de la mort du peintre.

Dans sa retraite volontaire, entouré des siens, de quelques amis, de ses pinceaux et de ses crayons, il s'était préservé du rythme agressif de cette fin de siècle. (...)

"Le vieil Espagnol" se levait tard, dormait peu la nuit, travaillait beaucoup - peu de temps avant sa mort il peignait encore - quittait rarement sa demeure et appréciait "qu'on vienne le voir". Chaque visite (...) le comblait d'aise mais il ne les acceptait que si lui-même "était prêt à recevoir".

"A quoi bon accueillir ceux que j'aime si j'ai trop de travail ou si je suis de mauvais poil, disait-il. Je préfère ne pas les rencontrer dans ce cas et leur ouvrir plutôt ma porte si je suis gai, en bonne santé et disponible". (...)

«Mange pour moi»

Au cours d'une nuit de 1971, (...) il s'était couché encore plus tard que de coutume. (...) Tout guilleret, il nous avait raccompagnés jusqu'à la porte vers quatre heures du matin, apparemment moins fatigué que nous tous et après avoir agrémenté la veillée de quelques-unes des facéties dont il avait le secret.

Il nous avait reproché "notre manque d'appétit", tenu à nous servir personnellement avec à chaque fois cette réflexion boudeuse: "Tiens, prends encore du champagne, bois pour moi, moi je n'ai pas le droit... Mange du chocolat... Mange pour moi... Je ne dois pas en goûter... Les fruits confits, c'est bon, tu sais...".

Puis, dans un geste rageur et riant, il avait soulevé sa chemise et nous avait montré une cicatrice: "Tout ce régime à cause de ça", (...) une opération chirurgicale (...) qui lui imposait un régime alimentaire très strict.

Au cours de nos rencontres, il ne parlait jamais de l'art, de son travail. Mais, curieux de tout, il s'informait par mille questions aux réponses desquelles il mêlait volontiers ses souvenirs.

Télévision en famille 

Homme d'accueil, voulant à tout prix vivre en paix, il supportait mal (...) la discorde autour de lui. (...) Il n'acceptait des autres que le spectacle de la quiétude et lorsque lui-même était de mauvaise humeur, il s'enfermait à double tour et refusait tout contact avec le monde qu'il appelait "celui des autres, pas le mien".

Le soir, lorsqu'il était seul à la maison et avant d'aller travailler, il sacrifiait quelquefois "au plaisir de la télévision en famille". "Les seules choses qui m'intéressent, ce sont les matches de boxe ou de catch... Le reste ne me donne pas de plaisir..."

Picasso aimait à égrener des souvenirs dont il ne gardait - "volontairement" - que l'aspect amusant. (...) Comme celui de la dernière sortie mondaine du couple Picasso à Cannes, une dizaine d'années auparavant.

De ces visites, de ces longues conversations à bâtons rompus, le "sujet de la mort" était toujours absent. Lorsqu'il lui arrivait de citer un ami défunt, il refusait l'emploi de l'imparfait, s'obstinant à parler de lui au présent (...).

La dernière image du peintre sera pour moi celle d'un homme souriant sur lequel l'âge ne pouvait avoir de prise. Il serrait la main de sa femme, pantalon de velours, chemise à carreaux, gilet de laine - sa tenue favorite - Il ne nous avait pas raccompagnés à la porte, il faisait "trop froid dehors".

C'était dans les derniers jours de l'année dernière (1972, ndlr). Pablo Picasso avait bien entamé sa 91ème année.

Le sud de la France, port d'attache pour un Picasso profondément méditerranéen

Céret, Antibes, Arles: Picasso ne resta jamais longtemps éloigné des rivages de sa Méditerranée natale, trouvant en Provence et sur la Côte d'Azur, où il s'installe définitivement après la Seconde Guerre mondiale, une terre familière et inspirante où soigner son mal d'Espagne.

Picasso, qui "est né sur les bords de la Méditerranée à Malaga" (sud de l'Espagne), avait "ce lien avec la mer qui lui manquait cruellement" quand il s'est établi à Paris au début des années 1900, retrace Camille Frasca, historienne de l'art et l'une des coordinatrices de "Picasso-Méditerranée", qui a décliné en près de 50 expositions dans dix pays, de 2017 à 2019, les liens unissant le peintre aux rivages de la "Grande bleue".

A partir des années 1910 le peintre découvre le sud de la France: Céret dans les Pyrénées-Orientales d'abord, à quelques kilomètres de l'Espagne, puis la Provence où il séjourne à Sorgues, Avignon, Arles avant les premières vacances sur la Côte d'Azur en 1919.

"Il se rend en villégiature à Juan-les-Pins, Golfe-Juan, Antibes, un peu Monaco et là il découvre cet art de vivre de la Riviera française de l'époque avec les bains de mer, les grands hôtels, les casinos", une atmosphère "qui l'a particulièrement séduit", comme en témoignent les nombreuses baigneuses qu'il réalise alors, détaille Camille Frasca.

Pour autant, ces périodes printanières et estivales sont "tout sauf des vacances pour Picasso car il travaille tout le temps", relate Jean-Louis Andral, conservateur du musée Picasso d'Antibes, où une exposition consacrée aux dernières oeuvres de l'artiste s'ouvre le 8 avril, à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa disparition.

"Un des problèmes qu'il a, c'est de trouver des lieux de résidence où il puisse avoir de l'espace" pour créer, poursuit-il, alors que le peintre, entre 1920 et 1939, vient 14 années successives dans la région tout en continuant à habiter à Paris.

Mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, qu'il a passée dans la capitale, il franchit le pas et séjourne longuement au château Grimaldi d'Antibes, à l'invitation du conservateur de l'époque, Romuald Dor de la Souchère.

«Comme un poisson dans l'eau»

"Picasso était très sensible à l'atmosphère et au temps dans lesquels il vivait, donc les peintures des années 1940 sont très sombres. Lorsqu'il va redescendre vers Antibes, la palette va beaucoup s'éclaircir", relate M. Andral.

"La joie de vivre" ou encore "Ulysse et les sirènes" attestent de cette liberté retrouvée: "Il était très attiré par tout l'aspect mythologique de cette Méditerranée un peu rêvée avec des centaures, des faunes, des nymphes", autant de références à l'Antiquité, développe le conservateur.

"La Côté d'Azur, c'est un terreau de création", notamment à Antibes où il a "une grande surface pour peindre", mais aussi "un lieu de collaboration avec les potiers à Vallauris et puis un lieu de maisons familiales et de réceptions", en particulier quand "il acquiert la magnifique villa La Californie" à Cannes, retrace Camille Frasca.

Puis "il va se rendre compte qu'il y a une qualité de vie ici qui lui permet de vivre les trois quarts de l'année pratiquement torse nu", ajoute M. Andral.

A partir des années 1950, Arles, où Picasso vient tous les ans assister aux corridas, représente un autre pôle d'attraction pour l'artiste. A la sortie des arènes en 1953, il se liera d'amitié avec Lucien Clergue, l'un des futurs fondateurs des Rencontres internationales de la photographie.

"Le Sud était très important pour Picasso parce que ça le rapprochait de l'Espagne, où il n'a jamais voulu retourner du temps de Franco (dictateur espagnol mort en 1975). A Arles, avec cette communauté gitane, tous les toreros qui venaient de Barcelone, il se sentait comme un poisson dans l'eau", raconte à l'AFP Anne Clergue, la fille du photographe.

Mais la cité camarguaise est aussi pour Picasso la ville de Van Gogh, l'une de ses figures tutélaires avec Cézanne. "Entre 1912 et jusqu'en 1958, Picasso va peindre énormément de figures d'Arlésiennes. C'est vraiment en référence au fameux portrait de Madame Ginoux, que Van Gogh peint lorsqu'il est à Arles en 1888", indique Daniel Rouvier, directeur du musée Réattu auquel Picasso a fait don de 57 dessins deux ans avant sa mort.

Loin de la grandiloquence cannoise, l'artiste finira sa vie dans l'arrière-pays, entre Mougins et Vauvenargues, près d'Aix-en-Provence, où il retrouve les paysages chers à Cézanne.

"Il y a une forme de logique dans ce chemin qui l'emmène de la Méditerranée où il naît vers la Méditerranée où il va mourir", conclut Jean-Louis Andral.


La gastronomie française : dans l'attente des nouvelles étoiles du Michelin

Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
Un cuisinier prépare un plat au restaurant « La Pyramide » à Vienne le 20 mars 2025. Premier restaurant trois étoiles de l'histoire du Guide Michelin, « La Pyramide » reste, 200 ans après son ouverture à Vienne, en Isère, une étape incontournable de la légendaire Nationale 7 pour les gourmets en route vers le sud. (Photo JEFF PACHOUD / AFP)
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  • C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz.
  • tous les chefs étoilés de France ont été conviés et personnes seront récompensées.

METZ, FRANCE : C'est le rendez-vous gastronomique de l'année : autant décrié que respecté, le guide Michelin dévoilera lundi ses nouvelles étoiles françaises à Metz, lors d'un événement auquel tous les chefs étoilés de France ont été conviés, ainsi que les personnes qui seront récompensées.

« Comme toujours, on va jouer à guichets fermés, puisque l'immense majorité d'entre eux seront au rendez-vous », a indiqué à l'AFP Gwendal Poullennec, le patron du guide rouge qui célèbre cette année ses 125 ans.

Le chef Vincent Favre-Félix, lui, ne sera pas de la partie. À la tête d'un établissement étoilé à Annecy-le-Vieux, en Haute-Savoie, il a décidé de rendre son macaron, devenu trop pesant pour lui et ses clients.

« On s'aperçoit que nos clients aujourd'hui n'attendent plus forcément ce qu'on propose. Ils n'ont plus forcément envie de passer trois heures à table, avec un menu carte blanche imposé, des menus en 8-10 séquences, ni de payer entre 100 et 500 francs par tête", explique-t-il à l'AFP, tout en assurant toutefois "ne pas cracher dans la soupe". 

Sébastien Hisler, le second du restaurant étoilé Chez Michèle à Languimberg en Moselle, n'est pas de cet avis. « Quand on est dans des établissements comme ça, c'est un lâcher prise et il faut profiter de l'instant. Si c'est juste +bien+, oui, ça fait cher. Il faut le moment « waouh ». »

« Les étoiles n'appartiennent pas aux chefs. (...) Ce n'est en aucun cas au chef de faire une demande au guide Michelin pour être ajouté ou retiré », a de son côté répondu M. Poullennec, interrogé par l'AFP.

Pas de quoi gâcher la fête cependant. Les festivités ont commencé dimanche soir, avec un match de football opposant des chefs étoilés, parmi lesquels Fabien Ferré, qui a obtenu l'an dernier trois étoiles d'un coup pour la réouverture de la Table du Castellet (Var), et le triplement étoilé Arnaud Donckele, face à des anciens du FC Metz, dont le champion du monde Robert Pirès, avant un dîner des chefs réunissant professionnels et journalistes.

« C'est une grande cousinade. C'est vraiment l'esprit bon enfant, on passe un bon moment, on partage de bons plats bien cuisinés, on ne se prend pas la tête », affirme Benoît Potdevin, chef du K au domaine de la Klaus à Montenach (Moselle), qui, après sa première étoile remportée l'an dernier, assure être là « sans pression ».

La cérémonie des étoiles aura lieu à 17 heures au Centre des Congrès de Metz. En attendant, le détail du palmarès est tenu secret.

La presse a toutefois déjà fait ses pronostics et les noms de Hugo Roellinger à Cancale (Le Coquillage), de Giuliano Sperandio (Taillevent) et de Hélène Darroze (Marsan) à Paris sont régulièrement cités comme potentiels trois étoiles. 

Les rétrogradations ont, elles, déjà été annoncées dix jours avant ce rassemblement, sans susciter de tempête médiatique, comme ce fut le cas pour Marc Veyrat en 2019 ou Guy Savoy en 2023. Cette année, c'est la maison Georges Blanc à Vonnas, dans l'Ain, qui a perdu sa troisième étoile, après 44 ans au sommet.

Autant décrié que respecté et craint par les chefs, le guide Michelin fait toujours la pluie et le beau temps sur la gastronomie mondiale.

« C'est clairement le seul guide que tout le monde cite en référence », estime auprès de l'AFP Rémi Dechambre, journaliste gastronomique au Parisien Week-end.

« Malgré lui, et avec lui, le Michelin incarne la gastronomie française », souligne Estérelle Payany, critique culinaire chez Télérama. « Il y a de plus en plus de chefs qui s'en méfient et qui s'en défient, parce que le guide Michelin conserve son opacité, qu'il fait des choix parfois un peu étonnants. Mais il n'en demeure pas moins que ça reste le maestro de la gastronomie française en termes de classement », estime de son côté Franck Pinay-Rabaroust, rédacteur en chef du média culinaire « Bouillant(e)s ».

Créé en 1900 par les frères André et Edouard Michelin à destination des automobilistes, le guide Michelin est aujourd'hui présent en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, et se décline dans plus de 50 destinations.


Les créations arabes brillent sur les tapis rouges d'Hollywood

 La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
 La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
 La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles (Getty Images). 
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  • Lors de la 36e édition des GLAAD Media Awards, l'actrice américaine Sophia Bush a porté une robe écarlate du créateur libanais Jean Pierre Khoury, dotée d'un corsage perlé et d'une jupe moulante séparée
  • L'actrice américaine Sophia Bush a porté une robe écarlate du créateur libanais Jean Pierre Khoury

DUBAÏ : Hollywood a été le théâtre d’une véritable explosion de style arabe sur les tapis rouges ce week-end, avec les célébrités Sophia Bush, Becky G et Jennie éblouissant la scène dans des créations du Moyen-Orient.
Lors de la 36e édition des GLAAD Media Awards, l'actrice américaine Sophia Bush a porté une robe écarlate du créateur libanais Jean Pierre Khoury, dotée d'un corsage perlé et d'une jupe moulante séparée. L'ensemble de Bush a été assemblé par Dani Charlton et Emma Rubenstein, le duo de stylistes de mode connu sous le nom de Dani + Emma.

Samedi soir, les chanteuses Becky G et Jennie Kim, membre du groupe de K-Pop Blackpink, ont toutes deux porté des tenues du créateur libanais Zuhair Murad.

La chanteuse et actrice américaine Becky G a opté pour une robe entièrement blanche de la collection pré-Automne 2025 de Murad lors de l'événement 2025 Billboard Women In Music, qui s'est tenu au YouTube Theater à Los Angeles.

La robe colonne à col licou a été ornée d'embellissements argentés sur le corsage.

Jennie, qui se fait appeler par son prénom, a présenté un look de la collection de prêt-à-porter automne-hiver 2025 de Murad lors du même événement.

La robe rouge ajustée présentait une double fente avec des clous sur les fentes et un décolleté en forme de cœur. Le look a été complété par une paire de talons de la créatrice jordanienne et roumaine Amina Muaddi.

Elle est montée sur scène vêtue de cette tenue pour recevoir le Global Force Award, un prix décerné aux « chanteurs, auteurs-compositeurs, instrumentistes et producteurs ayant une contribution révolutionnaire à l'industrie musicale », choisis par la publication Billboard à l'échelle mondiale.

« Je suis inspirée par toutes les femmes présentes dans cette salle - et dans le monde entier - qui continuent à franchir les barrières et à laisser leur empreinte sur la scène internationale », a déclaré Jennie lors de son discours de remerciement. « Ce prix est dédié à toutes les femmes qui osent rêver, créer et façonner le monde avec leur vision », a-t-elle ajouté. 

Parmi les lauréats de cette année figurent également Doechii, élue femme de l'année, Erykah Badu, qui a reçu le prix de l'icône, Aespa, groupe de l'année, et Ángela Aguilar, qui a remporté le prix de la percée, entre autres. Parmi les présentateurs figuraient Becky G, Lauren Jauregui, Kali Uchis et Julia Michaels.

Parmi les artistes figuraient Ángela Aguilar, Aespa, Gracie Abrams, Megan Moroney, Muni Long, Tyla et Erykah Badu.

De son côté, la chanteuse américano-mexicaine Aguilar a dédié son moment sur scène aux immigrés : « Je veux profiter de cette occasion pour faire entendre ma voix pour les femmes dont les paroles sont souvent ignorées, pour celles qui laissent derrière elles tout ce qu'elles connaissent en franchissant les frontières », a-t-elle affirmé.
 


Le théâtre célèbre la joie et la solidarité lors de l'Aïd en Arabie saoudite

Des familles et des enfants se rassemblent pour assister à un spectacle de marionnettes animé par le Kaif Theater lors d'un événement.(@msrhkaef)
Des familles et des enfants se rassemblent pour assister à un spectacle de marionnettes animé par le Kaif Theater lors d'un événement.(@msrhkaef)
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  • Le développement de l'art théâtral représente en effet un progrès dans la transformation culturelle du Royaume.
  • La scène offre aux artistes une plateforme pour présenter le patrimoine, les valeurs et les histoires saoudiennes.

RIYAD : Alors que l'Arabie saoudite accueille la fête de l'Aïd Al-Fitr, le Royaume est en pleine effervescence.

Au-delà des sucreries traditionnelles, des visites familiales et des coutumes culturelles, une forme intemporelle de narration vole la vedette : le théâtre.

Pendant l'Aïd, le théâtre en Arabie saoudite devient un espace de joie, de connexion et d'expression culturelle. Dans tout le Royaume, les familles se pressent pour assister à des productions théâtrales qui transforment les rires partagés en une célébration de l'identité.

Cela me rappelle le célèbre dicton : « Donnez-moi du pain et une scène, et je vous donnerai une nation civilisée. » », a déclaré Raghad Abdulrahman, dramaturge et poète saoudien, membre du Kaif Theater. 

Mme Abdulrahman considère que le théâtre est une plateforme idéale pour mettre en valeur le patrimoine, les valeurs et les histoires saoudiennes, ce qui, selon elle, est à la fois urgent et aurait dû être fait depuis longtemps.

« Nous avons une histoire culturelle riche qui mérite d'être traduite et de prendre vie sur scène », a-t-elle déclaré. « Comme l'a dit Peter Brook, le théâtre est un moyen de communication entre les gens et les cultures. Et notre culture a tant à dire. »

Dans le Golfe, le théâtre est depuis longtemps étroitement lié à l'Aïd. Pendant des décennies, les célébrations de l'Aïd ont donné lieu à des représentations théâtrales (comédies, drames et comédies musicales) reflétant l'humeur de la saison. Si le théâtre fait partie du tissu culturel tout au long de l'année, sa présence devient particulièrement vibrante au moment de l'Aïd.

« Ce lien est profondément ancré dans notre héritage du Golfe », a déclaré M. Abdulrahman. « C'est ainsi que nous avons toujours traduit la joie sur scène. 

Cette année, deux représentations majeures sont prévues à Riyad : Al-Shanta de Nasser Al-Qasabi et Maskoon Layla de Hassan Al-Balam, qui auront toutes deux lieu le troisième jour de l'Aïd. Le Kaif Theater a connu un succès considérable avec ses propres productions de l'Aïd, telles que « Haya Khallik » et « Majlis Al-Shoqaq », qui ont attiré des foules enthousiastes.

« Pour moi, le théâtre est comme le membre de la famille qui est toujours en voyage mais qui revient pour l'Aïd - avec des cadeaux et de la joie », a déclaré M. Abdulrahman. « Il ouvre grand ses portes, accueillant les invités à bras ouverts et partageant l'émerveillement et le bonheur.

Il a décrit l'expérience avec précision : la présence d'un public en direct, les rires spontanés, les tonnerres d'applaudissements et la joie de voir l'art se déployer sous vos yeux, sans le filtre d'un écran.

« Vous sentez les rires autour de vous. Vous voyez la joie de l'Aïd dans les bonbons et les nouveaux vêtements des enfants, dans les sourires et l'élégance des adultes », a-t-elle déclaré. « La scène devient une célébration vivante.

Contrairement aux productions commerciales qui reposent sur des budgets importants et des effets spéciaux, le Kaif Theater mise sur l'énergie humaine brute. « Un seul interprète, s'il est sincère et engagé, peut retenir l'attention d'une salle entière », explique M. Abdulrahman.

Le groupe investit massivement dans l'épanouissement des talents locaux. Grâce à des initiatives telles que Shaghaf, qui a été reconnue par la Société saoudienne pour la culture et les arts à Djeddah, le Kaif Theater propose une formation intensive de trois mois à tous les aspects de l'art de la scène.

« Nos ateliers couvrent tous les domaines : l'écriture, le jeu, le théâtre de marionnettes et la production », explique-t-elle. « Ils sont tous dirigés par des professionnels chevronnés qui connaissent le domaine de fond en comble.

La magie du théâtre commence par l'écriture, mais ne s'arrête pas là. Selon M. Abdulrahman, un scénario théâtral solide se construit à partir de plusieurs éléments essentiels. « Il commence par la graine - l'idée centrale ou le message », explique-t-elle. « Ensuite, l'intrigue prend forme, du début à la résolution en passant par le point culminant. 

Les personnages sont façonnés par leurs conflits, et le dialogue devient l'élément vital du scénario. « Au théâtre, c'est le dialogue qui fait avancer l'histoire », ajoute-t-elle. « C'est ce qui rend une pièce vivante.

Mais ces éléments ont besoin d'un foyer. « Chaque pièce doit s'inscrire dans un temps et un lieu précis - le décor, les costumes, la langue et l'atmosphère sont tout aussi importants que les mots », explique-t-elle. Un metteur en scène supervise ensuite tous les aspects de la mise en scène : il guide les représentations, bloque les mouvements et veille à ce que le flux reste vif et captivant.

Pourtant, le passage de la page à la scène présente des défis uniques. « Toutes les idées qui fonctionnent sur le papier ne réussissent pas forcément sur scène », admet M. Abdulrahman. « Certaines scènes nécessitent des ajustements, d'autres un renforcement visuel. Le plus grand défi consiste à déterminer celles des scènes qui peuvent prendre vie et celles qui ont besoin d'être remaniées.

Un autre défi consiste à maintenir l'équilibre. « Si une pièce s'appuie trop sur les dialogues, elle risque de devenir ennuyeuse », explique-t-elle. « Mais si elle repose trop sur le mouvement, elle perd sa voix narrative. Le rythme doit être vivant, ni trop lent, ni trop clinquant. »

À l'ère du divertissement commercial, où les chiffres du box-office déterminent souvent les choix de production, le Kaif Theater s'appuie sur une philosophie différente. « La créativité est le moteur du succès », a déclaré M. Abdulrahman. « Lorsque le scénario est solide, que la performance est sincère et que l'expérience est enrichissante, le public revient. Et lorsqu'ils reviennent, ils amènent d'autres personnes. »

Pour elle, la clé est d'offrir aux gens quelque chose qui vaut la peine d'être revu. « Si le public a confiance en ce que vous créez, il s'y investira. Le succès commercial n'est pas l'objectif, c'est le résultat d'une bonne pratique théâtrale ».

Alors que le Royaume poursuit sa transformation culturelle, des initiatives telles que le Kaif Theater montrent à quel point le spectacle vivant est devenu essentiel à la vie saoudienne.

Comme le dit Abdulrahman : « Le théâtre partage votre peine, pour qu'elle diminue, et votre joie, pour qu'elle grandisse ».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com