Le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, est la preuve vivante que les musulmans peuvent réussir en Grande-Bretagne

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Publié le Lundi 03 avril 2023

Le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, est la preuve vivante que les musulmans peuvent réussir en Grande-Bretagne

Le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, est la preuve vivante que les musulmans peuvent réussir en Grande-Bretagne
  • Le parcours de M. Yousaf est remarquable, en tant que ministre adjoint, ministre de la Justice et, plus récemment, ministre de la Santé
  • Né à Glasgow d’un père du Pendjab et d’une mère du Kenya, M. Yousaf n’aurait jamais pu connaître la promotion sur le plan politique dans l’Écosse du passé

Humza Yousaf a été élu à la tête du parti majoritaire en Écosse, le Parti national écossais. Mercredi, il a prêté serment en tant que Premier ministre d’Écosse, chef de l’un des gouvernements décentralisés les plus puissants du monde développé.

Un élément de son histoire, qui n’a pas beaucoup été évoqué lors de la campagne électorale, aurait pu, par le passé, l’empêcher d’accéder à de hauts postes. Mais ce n’est plus le cas désormais. M. Yousaf est un musulman fier qui a prêté serment, d’abord en anglais, puis en ourdou.

Il est la preuve que, quels que soient les autres défis auxquels nous faisons face, les musulmans de Grande-Bretagne sont capables et désireux d’accomplir de grandes choses. C’est un véritable succès qui passe souvent inaperçu dans la Grande-Bretagne moderne. Mais il devrait être plus communément compris. Il devrait inspirer l’espoir et l’optimisme à travers le monde.

Le parcours de M. Yousaf est remarquable, en tant que ministre adjoint, ministre de la Justice et, plus récemment, ministre de la Santé. Les gens savent depuis longtemps qu’il est destiné à de véritables exploits.

Dans sa jeunesse, il a remporté des prix décernés par des organisations ethniques minoritaires écossaises qui tentaient d’identifier les leaders de demain. Elles ont sûrement eu raison de croire en lui.

M. Yousaf a été élu en 2011, à l’âge de 26 ans. Il était le plus jeune membre du Parlement écossais à l’époque et, une fois élu, il a rapidement gravi les échelons. Il a été secrétaire politique des dirigeants de son parti et a commencé très vite à occuper des postes ministériels subalternes.

C’est un pays où les futurs talents politiques peuvent être identifiés, nourris et mis en valeur, quelle que soit la religion de l’homme politique.

Dr Azeem Ibrahim

Qu’il ait pu le faire – à un si jeune âge – reflète parfaitement l’Écosse moderne. C’est un pays où les futurs talents politiques peuvent être identifiés, nourris et mis en valeur, quelle que soit la religion de l’homme politique. C’est quelque chose qui n’a pas toujours été vrai. C’est une bonne chose que ce soit le cas maintenant.

M. Yousaf évoque les préjugés auxquels il a dû faire face en tant que petit garçon et jeune homme. D’ailleurs, il en est toujours victime aujourd’hui. Nous ne devrons pas en faire abstraction et prétendre que tout va bien.

L’histoire de Yousaf est assurément inspirante. Né à Glasgow d’un père du Pendjab et d’une mère du Kenya, M. Yousaf n’aurait jamais pu connaître la promotion sur le plan politique dans l’Écosse du passé, un pays de nationalisme sectaire et d’aversion aveugle vis-à-vis des étrangers. Au cours de ce siècle, cependant, l’Écosse et la Grande-Bretagne sont devenues plus diversifiées et plus tolérantes.

Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, est hindou. Par le passé, il n’aurait jamais été élu. Et, même s’il avait été élu, sa religion et sa famille auraient fait l’objet de vives critiques. Désormais, cependant, non seulement ces choses ne sont pas commentées, mais M. Sunak est capable de célébrer Divali et de parler de son passé avec fierté, sachant pertinemment que ce n’est en rien un obstacle.

Nous pouvons espérer, en toute confiance, qu’il en sera de même pour M. Yousaf et que son parcours, qui n’a jamais été un problème pendant cette campagne, continuera d’être seulement pour lui une source de force, et non un outil pour un petit groupe de plus en plus marginalisé de fanatiques.

L’histoire de M. Yousaf est aussi l’histoire de l’Écosse et j’aimerais aborder cet aspect. L’Écosse est moins diversifiée qu’une grande partie de l’Europe, mais elle est, comme le reste du Royaume-Uni, l’un des endroits les plus tolérants du monde.

Les musulmans écossais sont des universitaires de renommée mondiale, des dirigeants de grandes entreprises, des athlètes, des scientifiques et des artistes de renom. Voir le Premier ministre rejoindre ces rangs est un véritable plaisir et une fierté pour ceux d’entre nous qui ont fait campagne en faveur du succès des musulmans d’Écosse.

C’est la plus grande revanche possible de cette campagne: que les musulmans d’Écosse puissent être fiers d’être musulmans et réussir en Écosse. Ils n’ont pas besoin de faire semblant d’être ce qu’ils ne sont pas pour accéder à de hauts postes.

Tout comme le pays tire profit des talents de tous ses membres, les individus ne peuvent que gagner lorsqu’ils atteignent les plus hauts sommets grâce à leurs aspirations et à leur talent.

C'est une période de grand épanouissement pour les musulmans de Grande-Bretagne, comme c’est le cas pour les Asiatiques britanniques. Ils comptent parmi eux le Premier ministre, le Premier ministre d’Écosse et le maire de Londres – qui représentent tous des partis différents.

C’est une histoire très britannique. Cette success-story mérite, surtout en ce moment, d’être partagée.

 

Le Dr Azeem Ibrahim est directeur du Center for Global Policy. Il est l’auteur de The Rohingyas: Inside Myanmar’s GenocideLes Rohingyas: à l’intérieur du génocide de Birmanie»), un ouvrage publié aux éditions Hurst en 2017.

Twitter: @AzeemIbrahim 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com