Mélenchon et la Nupes, un long fleuve intranquille

Jean-Luc Mélenchon entretient une relation contrariée avec la Nupes, qu'il voit autant comme un outil de conquête du pouvoir que comme un nid à problèmes. (AFP)
Jean-Luc Mélenchon entretient une relation contrariée avec la Nupes, qu'il voit autant comme un outil de conquête du pouvoir que comme un nid à problèmes. (AFP)
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Publié le Vendredi 31 mars 2023

Mélenchon et la Nupes, un long fleuve intranquille

  • Désormais, dans sa campagne hyperactive contre la réforme des retraites, Jean-Luc Mélenchon tient ses meetings uniquement avec d'autres insoumis
  • Et en manifestation, il esquive les points presse Nupes, répondant seul, sur le stand des insoumis, aux questions des journalistes

PARIS: Celui qui a impulsé l'union de la gauche sera-t-il celui qui la défera? Jean-Luc Mélenchon entretient une relation contrariée avec la Nupes, qu'il voit autant comme un outil de conquête du pouvoir que comme un nid à problèmes.

Il est loin le temps où le tribun insoumis se plaçait au centre de la scène de la convention créant la Nupes, en mai 2022 à Aubervilliers. Il saluait alors "l'histoire en train de s'écrire" avec à sa gauche l'écologiste Julien Bayou et à sa droite le socialiste Olivier Faure.

Désormais, dans sa campagne hyperactive contre la réforme des retraites, Jean-Luc Mélenchon tient ses meetings uniquement avec d'autres insoumis. Et en manifestation, il esquive les points presse Nupes, répondant seul, sur le stand des insoumis, aux questions des journalistes.

Nul snobisme, selon l'intéressé. Jean-Luc Mélenchon confiait récemment à l'AFP, en coulisses d'un meeting, qu'il tenait d'abord à laisser vivre un collectif humain encore neuf, aux dirigeants plus jeunes. Mais aussi - et surtout? - qu'il rechignait "à gérer les histoires des uns et des autres", en d'autres termes les équilibres politiques et personnels.

En effet, Jean-Luc Mélenchon a toujours préféré travailler avec un groupe de partisans homogènes, organisés comme un commando, à l'image de ses trois campagnes présidentielles ou du groupe des 17 députés insoumis de la législature précédente. L'échelle des 150 députés des groupes composant aujourd'hui la Nupes est toute autre.

Les bisbilles à l'Assemblée nationale sur l'obstruction des insoumis l'ont en partie dépassé. Et pour reprendre la main, Jean-Luc Mélenchon a dégainé un tweet rageur, s'irritant d’un retrait massif d’amendements des communistes pour accélérer les discussions. Pas le meilleur signe d'une autorité naturelle.

Mais la Nupes, "il y croit encore", assurent ses proches. Notamment parce qu'il sait qu'il a raté la qualification au second tour à la présidentielle de 2022 en raison de la dispersion de la gauche en quatre candidatures.

«Acte 2»

Au sein de LFI, un des compagnons de route devenu "frondeur" fait mine de s'étonner: "Si j’étais Mélenchon, je ferais le papy Nupes, qui rassemble. Il devrait faire en sorte qu’il ne soit pas le sujet, en mode unitaire tranquille".

Mais ce député croit comprendre la raison de la méfiance du chef insoumis: une éventuelle primaire Nupes pour la prochaine présidentielle - même si Jean-Luc Mélenchon a juré qu'il préfèrerait ne pas se représenter.

"La Nupes implique qu’on rediscute le candidat en 2027... Or est-ce que +JLM+ peut être le candidat du rassemblement? Il est un personnage très clivant, qui soude certes notre camp et des catégories populaires, mais je ne vois pas le PS et les écolos le soutenir".

Le même insoumis imagine: "Son plan c’est donc peut-être de cliver, faire en sorte que les autres cassent le cadre Nupes pour après dire +vous voyez ce qu'ils font?+".

François Cocq, ancien stratège LFI devenu indésirable, remarque que Jean-Luc Mélenchon a "remisé", ces dernières semaines, la demande frontale de dissolution.

Contrairement à juin 2022, poursuit le porte-parole de la campagne 2017, "il voit qu'il n'est plus le point de centralité dans la Nupes, même s'il reste un point de repères pour le pays. Il ne peut plus imposer Mélenchon, Premier ministre. LFI ressortirait plus déshabillé que les autres à gauche" de nouvelles élections.

De fait, certains partenaires réclament, depuis quelques semaines, un "acte 2" de la Nupes. "S'il y a dissolution il y aura une nouvelle négociation", prévient le sénateur socialiste Rémi Cardon. "Il faut faire un audit sur les rapports de force, notamment là où il y a eu des défaites et où on aurait pu faire basculer".

De leur côté, Sandrine Rousseau et plusieurs autres écologistes ont, dans leur tribune au Monde, rendu hommage au taulier pour mieux parler de la suite: "Jean-Luc Mélenchon a eu l'immense mérite d’être l’artisan de cette première étape indispensable. Merci à lui. Construisons de manière collective la seconde".

Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, estime néanmoins que "Mélenchon reste l'incarnation de la Nupes, c'est lui qui donne le tempo". Pour Manuel Bompard, coordinateur de LFI, "il y a une différence entre une certaine stature" qu'ont certains dans la Nupes "et le costume présidentiel. A l'heure actuelle à gauche, il n'y a que Jean-Luc Mélenchon".


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».