Après les divergences de la Nupes, LFI relativise et presse ses partenaires d'intensifier l'alliance

Le député LFI Manuel Bompard (au centre) s'exprime aux côtés de la députée LFI Nathalie Oziol (à gauche) et de la députée LFI Manon Aubry lors d'une conférence de presse tenue par La France Insoumise sur la réforme des retraites à Paris, le 22 février 2023 (Photo, AFP).
Le député LFI Manuel Bompard (au centre) s'exprime aux côtés de la députée LFI Nathalie Oziol (à gauche) et de la députée LFI Manon Aubry lors d'une conférence de presse tenue par La France Insoumise sur la réforme des retraites à Paris, le 22 février 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 23 février 2023

Après les divergences de la Nupes, LFI relativise et presse ses partenaires d'intensifier l'alliance

  • Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a relativisé les divisions: «ce n'est pas la fin du monde», «ce n'est pas un désaccord dramatique»
  • Mais le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a regretté dans la matinée que LFI ait «pourri le débat»

PARIS: Après les divergences stratégiques sur la réforme des retraites qui ont fragilisé la Nupes à l'Assemblée, La France insoumise relativise les divisions, à quelques jours de la mobilisation sociale du 7 mars, et presse ses partenaires d'aller plus loin dans l'alliance.

Choix des Insoumis de maintenir jusqu'au bout leurs milliers d'amendements, à l'inverse de ses alliés socialistes, écologistes et communistes, pour ne pas examiner l'article du texte portant l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, tweet de Jean-Luc Mélenchon critiquant les communistes: les deux semaines de débat ont laissé "des traces" au sein de l'alliance de gauche LFI-PS-EELV-PCF, notent plusieurs élus de la Nupes.

Lors d'une conférence de presse, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a relativisé les divisions: "ce n'est pas la fin du monde", "ce n'est pas un désaccord dramatique. Nous, on a imposé notre position à personne. Nous n'avons pas empêché les autres groupes de la Nupes de retirer leurs amendements", a-t-il souligné.

Mais le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a regretté dans la matinée que LFI ait "pourri le débat" et la députée EELV Sandrine Rousseau avait qualifié auparavant "d'erreur" le tweet de Mélenchon.

Au PS, où le premier secrétaire Olivier Faure soutient la Nupes, même les plus pro-Nupes avouent avoir un goût amer.

La séquence est "l'un des événements les plus graves" qu'ait connu la Nupes depuis sa naissance aux législatives de mai dernier, concède à l'AFP le député PS Arthur Delaporte, "mais cela reste des divergences stratégiques et pas sur le fond".

Et pour lui, l'épisode aura aussi permis de "montrer l'autonomie de la Nupes vis à vis de LFI".

Mais un secrétaire national du PS, Christophe Clergeau, a averti sur Facebook: "LFI, qui se voulait l’âme de la Nupes pourrait en devenir le principal handicap si cette formation ne retrouvait pas le sens de ses responsabilités".

«Vous avez raison»

"C'est pas 'LFI contre ses partenaires', c'est 'une majorité de LFI et une minorité des autres, contre le reste'", estime le député insoumis Hadrien Clouet, rappelant qu'il y a eu certes des divisions en interne chez les Insoumis, mais aussi dans les autres groupes de la Nupes. "Des députés des autres groupes sont venus me dire: 'finalement vous avez eu raison'", raconte-t-il à l'AFP.

Pour Manuel Bompard, une stratégie commune de la Nupes "ça ne peut pas être: 'les Insoumis, vous abandonnez votre stratégie parce que vous n'êtes pas d'accord avec les autres'".

Il rappelle que LFI avait proposé au moment de la création de la Nupes un groupe parlementaire commun, refusé par les autres partenaires, au prétexte de garder leur autonomie. "Si on voulait une position commune, il fallait faire un seul groupe".

Mais cet épisode de tension est surtout l'occasion pour lui de rebondir sur la demande de l'écologiste Sandrine Rousseau de passer à un "acte 2" de la Nupes, "plus clair et démocratique".

Il a relancé la proposition de LFI, faite début février à ses partenaires écologistes, communistes et socialistes, de "créer des assemblées populaires par cantons, par circonscriptions, par communes", de raviver le "parlement de la Nupes", ouvert aux personnalités extérieures, mais aussi d'organiser des listes communes.

En ligne de mire notamment: une liste commune aux Européennes de 2024, à laquelle une partie des partenaires de LFI a déjà opposé une fin de non-recevoir.

Il faut "des discussions collectives sur les sénatoriales et les européennes, estime aussi l'eurodéputée insoumise Manon Aubry, qui a proposé dans une note de blog de "commencer par un intergroupe au niveau européen" et d'organiser des débats thématiques sur "ce qui nous différencie, ce qui nous réunit, les choses qui ont bougé depuis 2019 ou peuvent bouger".

"L'acte II de la Nupes, c'est accepter que nous n'avons pas raison seuls, que nous pouvons tous faire des erreurs", reconnait-elle, et "que nous sommes désormais peut-être vus autant par les Français comme des élus Nupes que des élus LFI, PS, EELV, PCF ou Générations".


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Short Url
  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.