PARIS: Après les divergences stratégiques sur la réforme des retraites qui ont fragilisé la Nupes à l'Assemblée, La France insoumise relativise les divisions, à quelques jours de la mobilisation sociale du 7 mars, et presse ses partenaires d'aller plus loin dans l'alliance.
Choix des Insoumis de maintenir jusqu'au bout leurs milliers d'amendements, à l'inverse de ses alliés socialistes, écologistes et communistes, pour ne pas examiner l'article du texte portant l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, tweet de Jean-Luc Mélenchon critiquant les communistes: les deux semaines de débat ont laissé "des traces" au sein de l'alliance de gauche LFI-PS-EELV-PCF, notent plusieurs élus de la Nupes.
Lors d'une conférence de presse, le coordinateur de LFI Manuel Bompard a relativisé les divisions: "ce n'est pas la fin du monde", "ce n'est pas un désaccord dramatique. Nous, on a imposé notre position à personne. Nous n'avons pas empêché les autres groupes de la Nupes de retirer leurs amendements", a-t-il souligné.
Mais le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel a regretté dans la matinée que LFI ait "pourri le débat" et la députée EELV Sandrine Rousseau avait qualifié auparavant "d'erreur" le tweet de Mélenchon.
Au PS, où le premier secrétaire Olivier Faure soutient la Nupes, même les plus pro-Nupes avouent avoir un goût amer.
La séquence est "l'un des événements les plus graves" qu'ait connu la Nupes depuis sa naissance aux législatives de mai dernier, concède à l'AFP le député PS Arthur Delaporte, "mais cela reste des divergences stratégiques et pas sur le fond".
Et pour lui, l'épisode aura aussi permis de "montrer l'autonomie de la Nupes vis à vis de LFI".
Mais un secrétaire national du PS, Christophe Clergeau, a averti sur Facebook: "LFI, qui se voulait l’âme de la Nupes pourrait en devenir le principal handicap si cette formation ne retrouvait pas le sens de ses responsabilités".
«Vous avez raison»
"C'est pas 'LFI contre ses partenaires', c'est 'une majorité de LFI et une minorité des autres, contre le reste'", estime le député insoumis Hadrien Clouet, rappelant qu'il y a eu certes des divisions en interne chez les Insoumis, mais aussi dans les autres groupes de la Nupes. "Des députés des autres groupes sont venus me dire: 'finalement vous avez eu raison'", raconte-t-il à l'AFP.
Pour Manuel Bompard, une stratégie commune de la Nupes "ça ne peut pas être: 'les Insoumis, vous abandonnez votre stratégie parce que vous n'êtes pas d'accord avec les autres'".
Il rappelle que LFI avait proposé au moment de la création de la Nupes un groupe parlementaire commun, refusé par les autres partenaires, au prétexte de garder leur autonomie. "Si on voulait une position commune, il fallait faire un seul groupe".
Mais cet épisode de tension est surtout l'occasion pour lui de rebondir sur la demande de l'écologiste Sandrine Rousseau de passer à un "acte 2" de la Nupes, "plus clair et démocratique".
Il a relancé la proposition de LFI, faite début février à ses partenaires écologistes, communistes et socialistes, de "créer des assemblées populaires par cantons, par circonscriptions, par communes", de raviver le "parlement de la Nupes", ouvert aux personnalités extérieures, mais aussi d'organiser des listes communes.
En ligne de mire notamment: une liste commune aux Européennes de 2024, à laquelle une partie des partenaires de LFI a déjà opposé une fin de non-recevoir.
Il faut "des discussions collectives sur les sénatoriales et les européennes, estime aussi l'eurodéputée insoumise Manon Aubry, qui a proposé dans une note de blog de "commencer par un intergroupe au niveau européen" et d'organiser des débats thématiques sur "ce qui nous différencie, ce qui nous réunit, les choses qui ont bougé depuis 2019 ou peuvent bouger".
"L'acte II de la Nupes, c'est accepter que nous n'avons pas raison seuls, que nous pouvons tous faire des erreurs", reconnait-elle, et "que nous sommes désormais peut-être vus autant par les Français comme des élus Nupes que des élus LFI, PS, EELV, PCF ou Générations".