Pétrole: Ankara et Bagdad proches d'un accord après l’arrêt des exportations kurdes

L'oléoduc irako-turc au Kurdistan irakien, le 28 août 2016 (Photo, Reuters).
L'oléoduc irako-turc au Kurdistan irakien, le 28 août 2016 (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 31 mars 2023

Pétrole: Ankara et Bagdad proches d'un accord après l’arrêt des exportations kurdes

  • Une décision d'arbitrage ordonne à Ankara de verser 1,4 milliard de dollars à Bagdad pour avoir violé des contrats en achetant directement au gouvernement régional du Kurdistan
  • Des responsables du ministère irakien du Pétrole devraient se rendre en Turquie pour négocier une nouvelle méthode d'exportation du pétrole du nord de l'Irak

ANKARA: À la suite d’une décision arbitrale historique ordonnant à Ankara de verser 1,4 milliard de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) à Bagdad pour avoir violé des contrats en s'approvisionnant directement auprès du gouvernement régional du Kurdistan, la Turquie est invitée à conclure un nouvel accord pétrolier avec l'Irak.

Des responsables du ministère irakien du Pétrole devraient se rendre en Turquie pour négocier une nouvelle méthode d'exportation du pétrole du nord de l'Irak, à la suite de la décision rendue la semaine dernière par la Cour internationale d'arbitrage dans une affaire qui remonte à près de dix ans.

Cette décision a mis un terme aux exportations du Kurdistan irakien, qui s'élevaient à 450 000 bpj, et fait craindre une instabilité et une crise économique dans la région semi-autonome. Les exportations doivent désormais être autorisées par Bagdad et les deux parties irakiennes doivent conclure un accord plus large avant que la production de pétrole ne puisse reprendre complètement.

L'Irak a poursuivi la Turquie en 2014 au sujet des ventes directes du gouvernement régional du Kurdistan et a demandé 33 milliards de dollars de compensation. L'Irak a maintenu que le gouvernement régional du Kurdistan ne pouvait pas utiliser les oléoducs nationaux pour vendre du pétrole et que l'accord conclu par la Turquie avec la région violait un accord de 1973 entre les deux pays sur le pipeline de transit.

Bilgay Duman, coordinateur des études sur l'Irak au sein du groupe de réflexion Orsam, basé à Ankara, a déclaré que cette affaire reflétait le désaccord de longue date entre Bagdad et l'administration régionale kurde.

«La Turquie, qui respectera la décision d'arbitrage international, a montré qu'elle était prête à remplir ses obligations découlant du droit international et à contribuer au désamorçage du désaccord entre ses deux partenaires régionaux», a-t-il affirmé à Arab News.

Duman a indiqué que l'accord conclu par la Turquie avec le gouvernement régional du Kurdistan en 2013 comportait une clause d'indemnisation qui exigeait que toute compensation soit payée par Erbil. Toutefois, il a déclaré ignorer «dans quelle mesure l'indemnité qu'Ankara versera à l'Irak sera indemnisée par le gouvernement régional du Kurdistan».

Selon lui, le désaccord est également dû à des lacunes juridiques en Irak concernant le contrôle des champs pétroliers récemment découverts et exploités par le gouvernement régional du Kurdistan.

Les experts estiment que cette décision nuira à l'économie de ce dernier, qui a gagné 5,7 milliards de dollars par le biais du pétrole l'année dernière.

«L’Irak semble prêt à accepter des pertes financières pour obtenir la souveraineté sur le pétrole», a jugé Yerevan Saeed, chercheur associé à l'Institut du Golfe arabe à Washington. «Cela a des conséquences concrètes pour les Kurdes de la région du Kurdistan. L'économie du Kurdistan dépend fortement du pétrole.»

Il a prévenu que la suspension des ventes de pétrole soulevait des problèmes financiers et sécuritaires pour le gouvernement régional.

«La meilleure façon d'avancer est qu'Ankara joue un rôle constructif en servant de médiateur entre Erbil et Bagdad», a-t-il jugé.

«Si Ankara et Bagdad tentent de contourner le gouvernement régional du Kurdistan pour parvenir à un accord d'État à État, cela pourrait conduire à une résurgence du nationalisme kurde qui attiserait l'instabilité dans la région», a-t-il ajouté.

La Turquie, quant à elle, devrait se tourner vers le pétrole de la Russie et de l'Iran pour combler le vide laissé par la perte du pétrole du gouvernement régional du Kurdistan.

Selon Rich Outzen, chercheur principal à l'Atlantic Council, les effets de la décision d'arbitrage seraient ressentis le plus fortement dans le territoire du gouvernement régional du Kurdistan, mais aussi en Irak. «Cela nuira aussi à l'Irak tant que le pétrole ne coulera pas à flot. La Turquie et l'Irak trouveront un accord qui, à mon avis, impliquera moins que la pénalité totale», a-t-il expliqué à Arab News.

Outzen a mentionné que les États-Unis, qui fournissent un soutien budgétaire à Bagdad, devraient faire pression pour qu'un accord soit rapidement conclu avec Ankara et que les échanges commerciaux reprennent. «Les coûts du pétrole sont affectés par l'augmentation des prix mondiaux du pétrole. La dernière décision concerne l'oléoduc turco-irakien, et non les camions, de sorte qu'une partie du pétrole peut encore être acheminée par camion», a-t-il indiqué.

Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani, a récemment rendu une visite officielle à la Turquie, où il a discuté d'un projet de construction d'un corridor terrestre et ferroviaire entre Bassorah et la frontière turque.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".