10% de la population vivant en France est immigrée, selon l'Insee

Sept millions d'immigrés vivaient en France en 2021, soit 10,3% de la population, selon une étude démographique de l'Insee publiée jeudi, qui explore pour la première fois depuis dix ans l'évolution de l'immigration sur plusieurs générations. (AFP)
Sept millions d'immigrés vivaient en France en 2021, soit 10,3% de la population, selon une étude démographique de l'Insee publiée jeudi, qui explore pour la première fois depuis dix ans l'évolution de l'immigration sur plusieurs générations. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 30 mars 2023

10% de la population vivant en France est immigrée, selon l'Insee

  • «10,3% de la population vivant en France est immigrée» en 2021, au sens d'une personne «née étrangère à l'étranger», contre «6,5% en 1968», écrit l'institut
  • Parmi les descendants d'immigrés, ceux de la deuxième génération sont plus de 50% à n'avoir qu'un seul parent immigré

PARIS: Sept millions d'immigrés vivaient en France en 2021, soit 10,3% de la population, selon une étude démographique publiée jeudi, qui explore pour la première fois depuis dix ans l'évolution de l'immigration sur plusieurs générations.

"10,3% de la population vivant en France est immigrée" en 2021, au sens d'une personne "née étrangère à l'étranger", contre "6,5% en 1968", écrit l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans son document intitulé "Immigrés et descendants d'immigrés en France".

Plus d'un tiers (36%) de ces personnes ont acquis la nationalité française depuis leur arrivée.

Parmi les descendants d'immigrés, ceux de la deuxième génération sont plus de 50% à n'avoir qu'un seul parent immigré, et ceux de la troisième génération (qui ont au moins un grand-parent immigré) sont neuf sur dix à n'avoir qu'un ou deux grands-parents immigrés.

Les origines, elles, se diversifient. Là où les immigrés étaient surtout originaires d'Europe du Sud il y a cinquante ans, ils viennent désormais principalement du Maghreb, d'Afrique ou d'Asie.

L'appartenance à une religion plus forte chez les immigrés

Les personnes immigrées en France sont davantage attachées à une religion que le reste de la population, selon une étude publiée jeudi par l'Insee, qui montre que l'islam occupe la première place et le catholicisme la troisième, après les autres confessions chrétiennes.

Plus nombreux à déclarer une religion 

Les immigrés sont deux fois plus nombreux à "s'affilier à une religion" que les personnes sans ascendance migratoire, affirme l'Institut de la statistique dans son étude.

En 2019-2020, 58% des personnes de 18 à 59 ans sans ascendance migratoire sur deux générations ne déclarent pas de religion. Ce taux est de 21% chez les immigrés, définis par l'Insee comme des personnes nées étrangères à l'étranger et résidant en France, y compris celles qui ont acquis ensuite la nationalité française.

L'islam, première religion déclarée

Sur la même période, "les musulmans représentent 10% de la population en France métropolitaine mais sont nettement plus présents parmi les immigrés (44%)", selon l'étude.

Dans le détail, les immigrés se disent musulmans à 44%, à 17% fidèles d'une religion chrétienne autre que le catholicisme (protestants, orthodoxes...) et à 15% catholiques.

Pour les descendants d'immigrés (personnes nées en France ayant au moins un parent immigré), ces niveaux s'élèvent respectivement à 32%, 19% et 8%.

A titre de comparaison, dans l'ensemble de la population, 29% des personnes âgées de 18 à 59 ans se déclarent catholiques, 10% musulmanes, 9% se déclarent affiliées à d'autres religions chrétiennes et moins de 1% se disent de confession juive.

Port du voile 

L'Insee rappelle que 26% des femmes musulmanes disent porter le voile.

Cette pratique concerne "36% des femmes musulmanes immigrées" et "17% des descendantes de deuxième génération". Elle est devenue plus fréquente qu'il y a 10 ans (les chiffres étaient respectivement de 22% et 13%).

Aujourd'hui, cette pratique "est la plus courante chez les immigrées (originaires) de Turquie et du Moyen-Orient" (46%), note l'institut.

Autre enseignement, les descendantes d'immigrés portent le voile à un plus jeune âge: "Alors que le port du voile est plus fréquent chez les immigrées après 35 ans (30% chez les 18-24 ans et 42% chez les 35-44 ans), c'est parmi les 25-34 ans que la pratique est la plus répandue pour les descendantes d'immigrés (20%, contre 17% chez les 35-44 ans)".

Ces données sont issues de l'enquête Trajectoires et Origines, "l'une des rares sources représentatives de la population résidant en France métropolitaine permettant d'étudier les affiliations et pratiques religieuses", précise l'institut.

Ainsi, les immigrés venant d'Espagne et d'Italie sont passés de 882.000 en 2011 à 543.000 en 2021, tandis que les Maghrébins représentent 2 millions de personnes (1,63 million en 2011). Au total, près de la moitié des immigrés en 2021 sont originaires d'Afrique (3,31 millions sur 6,96).

Les femmes représentent désormais la moitié (52%) de cette population (44% en 1968).

L'immigration se concentre dans les grandes agglomérations, précise l'étude, selon laquelle 20% de la population parisienne est immigrée, 32% en Seine-Saint-Denis, banlieue populaire du nord de la capitale.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
Short Url
  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.