PARIS: Une file de jeunes devant des pâtes, du lait, des légumes : une distribution alimentaire a été organisée mercredi aux abords de l'Assemblée nationale par un syndicat étudiant, avec le soutien de députés écologistes, pour que les élus soient "confrontés à la réalité" ".
Plus de 700 personnes s'étaient inscrites selon le syndicat étudiant l'Alternative et plus de 150 jeunes attendaient déjà avant midi sur l'esplanade des Invalides, proche du Palais Bourbon. "La jeunesse a les crocs", "Revenu étudiant maintenant ou on va devenir méchant", pouvait-on lire sur des écrits scotchés devant les produits proposés.
"Depuis 2017 et surtout depuis la crise sanitaire, il y a une précarité étudiante qui a explosé, les fichiers des distributions alimentaires qu'on organise risquent encore de s'allonger", a expliqué devant des journalistes Eléonore Schmitt, porte-parole de L'Alternative.
"Les députés macronistes se sont battus contre le repas à 1 euro pour tous et ce sont les mêmes qui aujourd'hui veulent mettre en place une réforme des retraites qui va condamner notre génération à une précarité à vie", a-t-elle lancé, jugeant "symbolique aujourd'hui de se poser juste devant leurs fenêtres pour qu'ils soient aussi confrontés à la réalité".
Elle était enveloppée de députés écologistes, qui ont défendu en vain mercredi après-midi en commission une proposition de loi demandant d'ouvrir l'accès du RSA aux jeunes dès 18 ans et d'élargir le nombre d'étudiants éligibles aux bourses, avec des montants augmentés.
"On propose que ces mesures soient financées par la solidarité intergénérationnelle", via une réforme de la fiscalité sur les successions, a fait valoir la députée Sophie Taillé-Polian.
Mais ce texte a été rejeté mercredi en commission, à l'instar de plusieurs autres propositions de loi que les écologistes ont inscrites dans leur "niche parlementaire" du 6 avril, journée qui leur sera réservée dans l'hémicycle.
Leurs textes demandant d'interdire les vols privés en jets et d'interdire la chasse le dimanche ont ainsi été repoussés, tout comme celui voulant bannir toute publicité lumineuse dans l'espace public.
La proposition écologiste d'une "prime alimentaire" mensuelle de 50 euros par personne à destination des ménages les plus précaires a elle été complètement modifiée par un amendement du groupe macroniste Renaissance, qui jugeait notamment le dispositif trop visé. La version réécrite prévoit une "prime" expérimentale, aux modalités renvoyées à un décret.
D'autres mesures du même texte ont été rejetées, comme l'interdiction des produits à base de viande contenant des nitrites.
Les écologistes ont par ailleurs retiré leur proposition de loi demandant un état des lieux de la menace terroriste d'extrême droite. Ils ont jugé qu'elle avait été dénaturée mercredi en commission par des demandeurs que son champ soit élargi à l'extrême gauche.
Depuis le "passage en force" sur les retraites, "le gouvernement nous fait la mascarade du dialogue", a réagi après ces revers la cheffe de file des députés verts à l'Assemblée, Cyrielle Chatelain, s'insurgé contre un manque d'ouverture de la majorité présidentielle. "Ce gouvernement est une escroquerie", a-t-elle lancé.