Manifestations: le préfet de police invite la Défenseure des droits dans la salle de commandement

Les autorités tablent sur un total de 650.000 à 900.000 manifestants mardi, dont 70.000 à 100.000 dans la capitale. (AFP).
Les autorités tablent sur un total de 650.000 à 900.000 manifestants mardi, dont 70.000 à 100.000 dans la capitale. (AFP).
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Publié le Mardi 28 mars 2023

Manifestations: le préfet de police invite la Défenseure des droits dans la salle de commandement

  • Sollicitée par l'AFP, Claire Hédon a répondu qu'elle ne pourrait pas s'y rendre, du fait d'un déplacement dans le Cher
  • Interrogé sur France Inter, le préfet de police l'avait invitée en faisant valoir qu'elle verrait "à quel moment (il) décide d'engager la force". "Elle verra que j'engage la force quand des individus tout grimés, tout en noir commencent à casser"

PARIS: Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a invité mardi la Défenseure des droits dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris pour qu'elle voie comment les forces de l'ordre interviennent, lors de la 10e journée d'action contre la réforme des retraites.

Sollicitée par l'AFP, Claire Hédon a répondu qu'elle ne pourrait pas s'y rendre, du fait d'un déplacement dans le Cher.

Interrogé sur France Inter, le préfet de police l'avait invitée en faisant valoir qu'elle verrait "à quel moment (il) décide d'engager la force". "Elle verra que j'engage la force quand des individus tout grimés, tout en noir commencent à casser des commerces", a-t-il dit. "Il n'y a pas un pays au monde où on n'intervient pas dans ce genre de situation".

"Nous intervenons avec beaucoup de proportion", a-t-il encore assuré.

La communication de la Défenseure des droits a confirmé à l'AFP que le préfet de police l'avait invitée dès lundi soir. "Elle est aujourd’hui en déplacement à Bourges et ne pourra pas s’y rendre. La Défenseure des droits a cependant accepté de s’y rendre lors d’une prochaine mobilisation", a-t-on appris de même source.

Dans un entretien publié dans le Monde mardi matin, Claire Hédon avait notamment déclaré: "Le premier objectif du maintien de l’ordre est ce respect de la liberté de manifester avec, pour corollaire, la protection et la sécurité des personnes. Les témoignages et les images qui nous parviennent montrent des situations inacceptables".

Son institution indépendante a précisé à l'AFP avoir reçu "65 saisines dénonçant des manquements à la déontologie par les forces de l’ordre depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, dont une cinquantaine ces dix derniers jours".

"Nous nous sommes saisis d'office du cas d’une personne présentée comme sans-abri, mise à terre place de la Bastille, avec des insultes" et "envisageons de nous saisir d'office du cas d’un jeune homme qui s’est fait roulé dessus par un motard", a précisé la même source.

A propos de la BRAV-M, unité de policiers à moto décriée, Laurent Nuñez a, lui, réaffirmé que "sa dissolution n'était pas à l'ordre du jour".

"Ces comparaisons faites avec les Voltigeurs (unités à moto mises en cause dans la mort de Malik Ousekine en 1986, ndlr) sont sidérantes, tout comme le sont certains propos contre ses fonctionnaires qui sont insultants et dont certains relèvent de qualification pénale et judiciaire", a-t-il estimé.

Il a prévenu que "désormais, quelle que soit la personne qui tient ces propos - un responsable politique, un avocat - il saisira systématiquement la justice de ces insultes".

Les autorités tablent sur un total de 650.000 à 900.000 manifestants mardi, dont 70.000 à 100.000 dans la capitale.

Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 13.000 policiers et gendarmes - dont 5.500 à Paris - sont mobilisés, ce qui constitue un dispositif "inédit".


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.