PARIS: Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a invité mardi la Défenseure des droits dans la salle de commandement de la préfecture de police de Paris pour qu'elle voie comment les forces de l'ordre interviennent, lors de la 10e journée d'action contre la réforme des retraites.
Sollicitée par l'AFP, Claire Hédon a répondu qu'elle ne pourrait pas s'y rendre, du fait d'un déplacement dans le Cher.
Interrogé sur France Inter, le préfet de police l'avait invitée en faisant valoir qu'elle verrait "à quel moment (il) décide d'engager la force". "Elle verra que j'engage la force quand des individus tout grimés, tout en noir commencent à casser des commerces", a-t-il dit. "Il n'y a pas un pays au monde où on n'intervient pas dans ce genre de situation".
"Nous intervenons avec beaucoup de proportion", a-t-il encore assuré.
La communication de la Défenseure des droits a confirmé à l'AFP que le préfet de police l'avait invitée dès lundi soir. "Elle est aujourd’hui en déplacement à Bourges et ne pourra pas s’y rendre. La Défenseure des droits a cependant accepté de s’y rendre lors d’une prochaine mobilisation", a-t-on appris de même source.
Dans un entretien publié dans le Monde mardi matin, Claire Hédon avait notamment déclaré: "Le premier objectif du maintien de l’ordre est ce respect de la liberté de manifester avec, pour corollaire, la protection et la sécurité des personnes. Les témoignages et les images qui nous parviennent montrent des situations inacceptables".
Son institution indépendante a précisé à l'AFP avoir reçu "65 saisines dénonçant des manquements à la déontologie par les forces de l’ordre depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, dont une cinquantaine ces dix derniers jours".
"Nous nous sommes saisis d'office du cas d’une personne présentée comme sans-abri, mise à terre place de la Bastille, avec des insultes" et "envisageons de nous saisir d'office du cas d’un jeune homme qui s’est fait roulé dessus par un motard", a précisé la même source.
A propos de la BRAV-M, unité de policiers à moto décriée, Laurent Nuñez a, lui, réaffirmé que "sa dissolution n'était pas à l'ordre du jour".
"Ces comparaisons faites avec les Voltigeurs (unités à moto mises en cause dans la mort de Malik Ousekine en 1986, ndlr) sont sidérantes, tout comme le sont certains propos contre ses fonctionnaires qui sont insultants et dont certains relèvent de qualification pénale et judiciaire", a-t-il estimé.
Il a prévenu que "désormais, quelle que soit la personne qui tient ces propos - un responsable politique, un avocat - il saisira systématiquement la justice de ces insultes".
Les autorités tablent sur un total de 650.000 à 900.000 manifestants mardi, dont 70.000 à 100.000 dans la capitale.
Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 13.000 policiers et gendarmes - dont 5.500 à Paris - sont mobilisés, ce qui constitue un dispositif "inédit".