ROME: La communauté internationale risque de «voir les Frères musulmans créer l’instabilité» en Tunisie si le pays ne reçoit pas rapidement une «aide financière substantielle», a affirmé le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, lors d’une conférence à laquelle Arab News a assisté.
«Nous ne pouvons pas tolérer la radicalisation de la Méditerranée», a-t-il poursuivi, affirmant que la Tunisie était au bord de «l’effondrement économique» et que les négociations pour un prêt de près de 1,9 milliard de dollars (1 dollar = 0,93 euro) du Fonds monétaire international (FMI) sont «dans l’impasse» en raison des récentes politiques du président Kaïs Saïed.
Élu en 2019, le président tunisien a dissous le Parlement en juillet 2021, réformé la Constitution du pays pour accroître ses pouvoirs présidentiels, puis organisé un référendum suivi d’élections législatives avec un taux de participation très faible.
Début 2023, il a réprimé la dissidence en arrêtant des hommes politiques, des syndicalistes, des juges et des membres de la société civile. La situation économique en Tunisie est désastreuse, ce qui pousse de plus en plus de personnes à tenter de se rendre en Italie sur de petites embarcations.
M. Tajani a déclaré que l’Italie était «la plus intéressée» à faire en sorte que «la Tunisie résolve ses problèmes et ne devienne pas un État en faillite». Il a souligné que le gouvernement italien travaillait dur pour s’assurer que le FMI et la Banque mondiale aidaient la Tunisie.
«Mais il y a un problème: le FMI, avec le soutien des États-Unis, dit: “Vous devez d’abord mener des réformes, et ensuite nous vous donnerons de l’argent”. D’autre part, les Tunisiens répondent: “D’abord l’argent et ensuite les réformes”», a-t-il indiqué.
«C'est pourquoi nous proposons que le FMI verse immédiatement une première partie du montant, le reste du prêt pouvant être payé en fonction de l’avancement des réformes.»
Pour M. Tajani, la communauté internationale «ne peut pas se permettre de commettre l’erreur de laisser la Tunisie aux Frères musulmans».
Stefania Craxi, présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat italien, a déclaré à Arab News que «les Frères musulmans prospéreront si le prêt n’est pas accordé et si l’économie continue son déclin».
«Le FMI a raison de demander des réformes, mais il doit accorder le prêt avant que le pire ne se produise pas. Cet argent doit arriver maintenant», a-t-elle ajouté.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com