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La noyade d’Aylan Kurdi

Les images du garçon étendu sans vie sur une plage turque ont mis les projecteurs sur la détresse des réfugiés.
Les images du garçon étendu sans vie sur une plage turque ont mis les projecteurs sur la détresse des réfugiés.
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Publié le Mardi 08 décembre 2020

La noyade d’Aylan Kurdi

  • Les membres de la famille Kurdi étaient des Syriens d’origine kurde, tentant de se rendre en Europe lors de la crise des réfugiés de 2015
  • Les images du corps sans vie d’Aylan, gisant face contre terre sur une plage turque, ont braqué l’attention du monde sur la crise grandissante des réfugiés

Résumé

Aux premières heures du 2 septembre 2015, Abdallah Kurdi et sa famille embarquent à bord d’un petit bateau sur les côtes turques dans l’espoir d’atteindre l’île grecque de Kos. Mais le bateau chavire cinq minutes après son départ de Bodrum.

Aylan Kurdi, trois ans, ainsi que son grand frère et sa mère, meurent noyés. Les membres de la famille Kurdi étaient des Syriens d’origine kurde, tentant de se rendre en Europe lors de la crise des réfugiés de 2015. La ville de leurs ancêtres, Kobani, a été dévastée par des combats entre combattants kurdes et Daech, qui avait établi un proto-état chevauchant la frontière irako-syrienne. 

Les images du corps sans vie d’Aylan, gisant face contre terre sur une plage turque, ont braqué l’attention du monde sur la crise grandissante des réfugiés, illustrant l’ampleur des souffrances, les vies détruites, et les traversées périlleuses que risquaient ces gens en pleine détresse. Ce moment a ému des millions de personnes et causé un changement majeur dans la perception des populations européennes du désastre humanitaire qui se déroulait. L’Allemagne accepta d’accueillir 50 000 réfugiés supplémentaires. 

Mais le changement de politique fut de courte durée. Selon les Nations unies, depuis le pic du nombre de passages de réfugiés en 2015, 10 000 d’entre eux se sont noyés, en l’absence de moyen légal et sûr de traverser la Méditerranée.

Plus de neuf ans après l’éclatement de la révolte en Syrie contre le régime du président Bachar el-Assad, un calme tendu règne dans une bonne partie du pays. Mais en 2015, la guerre civile battait son plein, des villes entières étaient rasées, et Daech avait établi un proto-état chevauchant la frontière irako-syrienne. Des déplacés syriens en masse tentaient d’embarquer pour l’Europe dans des embarcations de fortune qui sillonnaient la mer Méditerranée. Des milliers d’entre eux ont échoué. 

Le désespoir et le découragement qui ont marqué cette période ont été capturés pour l’éternité par les images d’un garçon de trois ans, Syrien d’origine kurde, Aylan Kurdi, gisant sur une plage turque, face contre terre. Les photos, prises par un journaliste turc, ont rapidement été diffusées à travers la planète, heurtant les consciences et sensibilisant la terre entière à la crise des réfugiés, comme aucun autre événement depuis le début de la guerre. 

La tragédie de la famille Kurdi a touché une corde tellement sensible en Europe, aussi bien chez les gens ordinaires que chez les intellectuels, que l’Union européenne a décidé d’assouplir les contrôles à ses frontières, de façon temporaire, pour les réfugiés syriens. Nous avons appris par la suite, que lorsque leur lutte de chaque instant pour rester en vie en tant que réfugiés en Turquie était devenue intenable, le père d’Aylan, Abdallah Kurdi, et cinq membres de sa famille avaient décidé de faire le voyage incertain vers ce qu’ils percevaient comme la sécurité en Europe. 

Leur destination ultime était censée être le Canada, où ils espéraient rejoindre des membres de leur famille à Vancouver. Tima Kurdi, une tante d’Aylan, avait fait une demande de parrainage pour que ses proches puissent obtenir le statut de réfugiés, selon le système d’immigration au Canada.  

Les dates clés

  1. Le 15 mars 2011 : Des mois après le début de la révolte en Syrie, une crise des réfugiés éclate et se transforme en l’une des pires tragédies humanitaires du XXIème siècle. 
  2. Le 9 février 2015 : La crise européenne des réfugiés empire, avec au moins 300 migrants noyés lorsque quatre bateaux pneumatiques partis de Libye chavirent. 
  3. Le 2 septembre 2015 : Un garçon de trois ans, Aylan Kurdi, se noie, le bateau qui le transportait avec sa famille pour rallier la Grèce ayant chaviré sur les côtes turques. 
  4. 2018 : Le père et la tante d’Aylan créent la Fondation Kurdi dont le but est d’aider des enfants dans les camps de réfugiés en leur offrant de la nourriture, des médicaments et des habits.
  5. Le 2 mars 2020 : Une offensive des forces du régime dans la province d’Idlib, dans le Nord-Ouest de la Syrie, déclenche une nouvelle vague de réfugiés de la Turquie vers l’Europe, causant la noyade d’un enfant de 4 ans sur les côtes grecques. 

Aux premières heures du 2 septembre, la famille Kurdi, dont les origines remontent à la ville de Kobani, avait embarqué à bord d’un bateau pneumatique opéré par des passeurs. Le bateau a chaviré cinq minutes après son départ de la ville turque de Bodrum.

Plus d’une douzaine de personnes s’étaient retrouvées sur un bateau d’une capacité maximale de huit passagers, dans l’espoir de rallier l’ile grecque de Kos, en mer Egée.  Abdallah a par la suite déclaré que les passagers n’avaient pas de gilets de sauvetage fonctionnels ni aucun autre moyen de secours.  

« Des réfugiés syriens et d’autres demandeurs d’asile continuent d’embarquer sur des bateaux dangereux et d’entreprendre le périlleux voyage à travers la Méditerranée pour rallier l’Europe ». 

Emina Osmandzikovic

Le voyage à travers la Méditerranée a coûté des milliers de vies de migrants et de réfugiés depuis le début des guerres en Syrie et en Irak. Mais c’est la mort d’Aylan qui est devenue instantanément un symbole des conflits et de la crise européenne des réfugiés de 2015. 

La tragédie de cette famille kurde a réellement trouvé un écho en moi, en tant que Bosnienne, à un niveau profondément personnel. Forcés à l’exil durant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995, les membres de ma propre famille se sont retrouvés dispersés à travers le monde et nous avons été laissés sans autre alternative que de recommencer nos vies à zéro. 


Image retirée.
Extrait des archives d’Arab News, le 3 septembre 2015

Preuve de la force de quelques photos, les images d’Aylan ont touché des millions de cœurs, déclenché une floraison de hashtags dans un élan d’activisme et provoqué un changement majeur, même s’il fut bref, dans la perception par le public en Europe de la crise des réfugiés. Immédiatement après la tragédie, Abdallah a été ramené en avion chez lui et il a bénéficié d’une escorte de la police et d’un logement. Tima, elle-même réfugiée, a été invitée à s’exprimer devant les Nations unies et l’Union européenne. 

Les médias européens ont changé leur langage et le lexique employé pour décrire la crise, le mot ‘refugiés’ prenant le dessus sur ‘migrants’. L’Allemagne, bien que déjà le premier pays hôte de réfugiés en Europe, a accepté d’accueillir 50 000 réfugiés supplémentaires. Mais le changement de politique a été de courte durée. Avec l’intensification de la crise des réfugiés, de nombreux pays du Sud et de l’Est de l’Europe ont fermé leurs frontières aux Syriens. 

Des réfugiés syriens et d’autres demandeurs d’asile continuent d’embarquer sur des bateaux dangereux et d’entreprendre le périlleux voyage à travers la Méditerranée pour rallier l’Europe. Au total, l’année 2015 a été marquée par plus d’un million d’arrivées et au moins 3 500 personnes mortes en mer. Depuis lors, selon les Nations unies, 10 000 autres se sont noyées, en l’absence de moyen légal et sûr de traverser la Méditerranée.  Image retirée.

 

« L’afflux actuel en Europe est principalement composé de Syriens quittant leur pays ravagé par la guerre. En Europe, le concours d’insultes a atteint un regrettable pic, avec certains pays accusant la Russie d’amplifier le conflit syrien et d’être responsable du flux de sans-abri. 

Bikram Vohra pour Arab News, le 3 septembre 2015

 

Une controverse politique a éclaté au Canada peu après la noyade d’Aylan, à la nouvelle du rejet par le Département Immigration, Refugiés et Citoyenneté de la demande de parrainage déposée par Tima pour l’un des frères d’Abdallah, parce qu’elle avait été jugée incomplète. 

En 2018, Tima a publié un livre sur Aylan titré Le petit garçon sur la plage : La fuite de ma famille de Syrie et notre espoir d’une nouvelle patrie. Elle écrit : « Tout le monde a promis d’en faire plus, mais la bonne volonté était de courte durée ». 

Tima et son frère gèrent à présent la Fondation Kurdi, qui aide des enfants dans les camps de réfugiés. En février 2019, Abdallah a été invité à rebaptiser un bateau de sauvetage allemand Alan Kurdi, à Palma de Majorque, dans les îles Baléares espagnoles. 

Mais en rétrospective, le monde a tiré très peu de leçons de la tragédie vécue par la famille Kurdi. En février, lors une nouvelle vague de réfugiés provenant de Turquie, la première victime était un autre enfant, un garçon de 4 ans qui s’est noyé lorsqu’un bateau a chaviré sur l’île grecques de Lesbos. 

 

Emina Osmandzikovic, dont la famille a été forcée à l’exil durant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995, couvre les sujets liés aux réfugiés pour Arab News. Twitter : @eminaosmnandzik 

 

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.