LONDRES: Le Comité pour la protection des journalistes a condamné les autorités tunisiennes pour avoir empêché des journalistes indépendants et étrangers d'assister à la session d'ouverture du Parlement.
Le CPJ a qualifié cette décision d'attaque contre la liberté de la presse, ajoutant que les autorités devraient permettre une couverture équitable de l'événement.
«L'interdiction faite aux journalistes de couvrir la session d'ouverture du nouveau Parlement tunisien est la dernière tentative du président, Kaïs Saïed, de censurer l'information et de réprimer la liberté de la presse», a déclaré Cherif Mansour, coordinateur du programme du CPJ pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
«Les autorités tunisiennes doivent permettre à tous les membres de la presse de couvrir les événements historiques sans harcèlement ni favoritisme», a-t-il précisé.
Ce lundi, les législateurs ont annoncé que seules la télévision et la radio d'État ainsi que l'agence de presse nationale seraient en mesure de couvrir la session, la première depuis la dissolution du Parlement en juillet 2021.
Selon le communiqué, la décision a été prise afin d’éviter tout «désordre» et pour empêcher la diffusion d'une «image inappropriée» du Parlement.
Les journalistes ont manifesté contre leur exclusion de la session parlementaire, en se rassemblant à l'entrée du Parlement et en scandant: «Législateurs, c'est une honte. La presse est assiégée.»
Pour Amira Mohammed, vice-présidente du Syndicat des journalistes, il s’agit d’«un scandale et une grave violation de la liberté de la presse. Cela nuit à l'image de la Tunisie et porte atteinte au droit des citoyens à des médias libres et pluralistes.»
C'est la première fois depuis la destitution du dictateur Ben Ali en 2011 que la presse est empêchée d'accéder au Parlement.
Au cours de la session, l’instance législative tunisienne a élu Ibrahim Bouderbala, un fervent partisan de Saïed au poste de président du Parlement.
Depuis son élection en 2019, Saïed, ancien président de l'Association tunisienne de droit constitutionnel, a été au centre de nombreuses critiques pour avoir introduit des politiques visant à consolider ses pouvoirs.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com