BEYROUTH: La justice libanaise a reporté l'audience du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, poursuivi pour plusieurs délits financiers, après sa non comparution mercredi devant des juges européens, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Arrivé à la tête de la BDL en 1993, M. Salamé, 72 ans, est accusé par de nombreux Libanais, comme une grande partie de la classe politique du pays, de corruption et d'être l'un des principaux responsables de la grave crise financière que traverse le pays.
M. Salamé devait comparaître mercredi matin devant des magistrats européens au palais de justice de Beyrouth, mais il a envoyé son avocat à sa place, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Le gouverneur est l'objet d'une série d'enquêtes judiciaires aussi bien au Liban qu'à l'étranger, portant sur des soupçons de blanchiment d'argent et d'"enrichissement illicite".
M. Salamé était absent car il "attend une réponse à un mémorandum qu'il a soumis", a déclaré à l'AFP une personne proche du dossier, sous le couvert de l'anonymat.
Dans ce mémorandum, le gouverneur dit "considérer que la présence de juges internationaux au Liban et l'instruction de dossiers financiers le concernant vont à l'encontre de la souveraineté nationale", indique cette source.
La justice a rétorqué que "la mise en oeuvre de la convocation internationale ne contredit pas le droit libanais et ne porte pas atteinte à la souveraineté libanaise", selon cette source.
L'audience a été reportée à jeudi matin à 10H30 (08H30 GMT), affirme la source.
Des magistrats européens ont soumis mardi une centaine de questions au juge Charbel Abou Samra, qui doit procéder à l'interrogatoire de M. Salamé en leur présence, a indiqué une autre source judiciaire --également sous le couvert de l'anonymat-- précisant que M. Salamé doit comparaître "en tant que témoin" et "ne sera ni inculpé ni arrêté".
Parallèlement aux affaires judiciaires en Europe qui visent M. Salamé, son frère Raja et son ancienne assistante Marianne Hoayek ont également été convoqués dans le cadre d'une enquête au Liban ouverte en 2021.
Cette enquête a été ouverte dans le cadre d'investigations concernant plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds suspects opérés par le gouverneur et son frère.
Convoqué de nombreuses fois après une série de plaintes et d'enquêtes, le gouverneur de la BDL nie catégoriquement toutes les accusations à son encontre.