BEYROUTH: Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a exprimé son soutien à la candidature d'une femme à la présidence de la République.
Lors de son sermon dominical, il s'est demandé: «Comment serait la situation si une femme était choisie comme candidate à la présidence?»
«Depuis la fondation de l'État libanais, nous n'avons eu que des présidents masculins, qui étaient parfois puissants et parfois impuissants», a-t-il ajouté.
Mgr Audi estime que «l'élection d'une femme à la présidence révélera la faiblesse des hommes qui considèrent leurs positions comme installées, alors que les femmes – en tant que femmes au foyer, mères, employées, ou dans tout autre rôle – sont toujours actives».
«Alors pourquoi ne pas laisser les femmes prendre en charge les affaires du pays, à l'instar de nombreux autres pays qui sont devenus des pionniers grâce à leurs présidentes?», a-t-il lancé.
Depuis l'année dernière, les forces politiques libanaises se démènent pour désigner un successeur à l'ancien président Michel Aoun, afin de mettre fin à la vacance qui paralyse les institutions de l'État.
Alors que les chefs de parti masculins détiennent les clés des décisions politiques du pays depuis des décennies, les femmes libanaises sont toujours exclues des principaux postes de décision – notamment la présidence, le poste de premier ministre et le poste de président du parlement – malgré leur présence importante dans d'autres domaines.
Pour Randa al-Yasir, spécialiste des questions féminines, «les principaux prétextes utilisés contre la participation politique des femmes émanent de la culture et des traditions sociétales, qui ont toujours permis à la mentalité masculine d'avoir le dernier mot dans la désignation des candidates», ajoutant que l’opinion des religieux contribue à influencer les mentalités.
«La position de l'archevêque Élias Audi dans son sermon est remarquable. Il a brisé le stéréotype contre les femmes dans les positions de pouvoir», a-t-elle noté.
«Il a clairement encouragé la prise de pouvoir par des hommes ou des femmes patriotiquement égaux pour diriger le pays.»
«La reconnaissance des hommes religieux contribuera à changer cette culture qui a privé les femmes de l'accès aux hautes fonctions nationales», a-t-elle espéré.
Deux femmes extérieures au système politique traditionnel ont annoncé leur candidature à la présidence – un poste réservé à une personnalité maronite – pour succéder à M. Aoun.
La première candidate est Tracy Chamoun, ancienne ambassadrice du Liban en Jordanie et petite-fille de Camille Chamoun, le deuxième président post-indépendance.
La seconde candidate est May Rihani, auteure et experte en matière d'éducation des filles et d'autonomisation des femmes.
Les noms de Chamoun et Rihani étaient absents des 11 sessions parlementaires organisées pour l'élection présidentielle.
Les candidates n'ont reçu la voix d'aucun député actuel, y compris les députés réformateurs et indépendants, en raison des tensions politiques actuelles.
Bien que les libanaises ait obtenu le droit de vote en 1952, et malgré la présence d'un mouvement féministe actif, la représentation des femmes dans les affaires politiques peine à répondre aux attentes.
Huit femmes ont remporté des sièges parlementaires lors des élections de 2022, certaines d'entre elles ayant participé activement aux manifestations de 2019.
Le mouvement féministe au Liban collabore avec des organismes internationaux pour accroître la représentation des femmes dans les conseils municipaux et favoriser leur accession à la fonction de maire.
Il reste à savoir si des élections municipales auront lieu en mai prochain ou si les mandats des conseils actuels seront prolongés en raison du vide présidentiel.
Par ailleurs, lors d'un séminaire organisé par le Programme des Nations unies pour le développement, la directrice de l'organisation Seeds for Legal Initiatives a déclaré que les lois injustes à l'égard des femmes ont fait d'elles des «citoyennes de seconde zone qui dépendent toujours de tuteurs masculins».
Elle a réaffirmé que «l'engagement des femmes en politique n'est pas un privilège, mais un droit inhérent et évident face à l'aggravation des forces politiques stigmatisées par une masculinité brutale résultant de l'accumulation de l'impuissance publique et de la corruption».
Joelle Abou Farhat, présidente de l'organisation non gouvernementale Fiftyfifty au Liban, a exprimé sa crainte face à «la représentation politique limitée des femmes au Parlement, et la présence de seulement 600 femmes dans les conseils municipaux sur les 12 000 postes municipaux».
Elle a ajouté que «les femmes n'ont pas besoin d'être guidées, mais de s'émanciper.
Le Hezbollah s'oppose à la participation des femmes à la vie politique et aucune des listes électorales soutenues par le parti n’a comporté de candidate féminine.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com