BEYROUTH: Le Hezbollah a annoncé qu'il soutiendra l'ancien ministre Sleiman Frangieh, ami et partisan du président syrien, Bachar Assad, en tant que candidat à la présidence libanaise.
L'annonce de ce lundi est intervenue deux jours après que le président du Parlement, Nabih Berri, un allié du Hezbollah, a annoncé son soutien à la nomination de Frangieh.
Âgé de 56 ans, Frangieh est l'héritier d'une dynastie politique dont le grand-père du même nom a été président de 1970 en passant par la guerre civile libanaise de 1975, jusqu’à 1990.
Le Liban n'a plus de chef d'État depuis la fin du mandat de l'ancien président Michel Aoun en octobre dernier, ce qui complique la paralysie institutionnelle dans un pays confronté à une crise économique de plus en plus grave.
Bien que Frangieh bénéficie du soutien du parti de Berri, le Mouvement Amal, il est très peu probable qu'il obtienne les 65 voix parlementaires nécessaires à son élection.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré lundi que son équipe était «attachée au quorum des deux tiers pour l'élection du président lors de la première et de la deuxième session».
Un observateur politique a déclaré à Arab News que «le Hezbollah, le mouvement Amal et leurs alliés croient que Frangieh est le seul candidat de facto, qu'ils n'ont pas de plan B, et que cette affaire pourrait plonger le pays dans l'enfer».
Jusqu'à présent, Berri a rejeté tout amendement constitutionnel qui permettrait la nomination du commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, à la présidence.
Le Parlement comprend 128 députés, dont la moitié sont chrétiens et l'autre moitié musulmans, conformément à la Constitution.
Le député Qassem Hachem, du bloc parlementaire de Berri, a rejeté la proposition selon laquelle le président du Parlement appellerait le Parlement à voter prochainement, avant le Ramadan.
Cependant, le député Sami Gemayel, chef du parti des Phalanges libanaises, a lancé une violente attaque contre le Hezbollah, en déclarant: «Le Liban vit dans l'ombre d'une milice bien armée: le Liban est tenu en otage et les Libanais doivent résister à ce type d'occupation.»
Gemayel a affirmé qu'il «n'élirait pas Sleiman Frangieh» et a appelé l'opposition libanaise à s'unir et à affronter son adversaire commun.
L'ancien député Fares Souaid a déclaré que le soutien du Hezbollah à Frangieh montrait que le groupe ignorait l'opinion publique. «Que Dieu protège le Liban», a-t-il ajouté.
Les observateurs politiques craignent que le vide présidentiel prolongé n'aggrave les tensions sectaires dans le pays.
Le Groupe international de soutien au Liban a publié une déclaration soulignant les risques de paralysie institutionnelle et blâmant les autorités libanaises pour les retards dans la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international.
La déclaration exhorte «les dirigeants politiques à travailler conformément à la Constitution et à respecter l'accord de Taëf en élisant un nouveau président sans plus tarder».
L'ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari, a également rendu visite au patriarche maronite, Bechara al-Rahi, pour réaffirmer le soutien de l’Arabie saoudite à un plan de sauvetage destiné à aider le pays à faire face à la crise.
Walid Ghayad, porte-parole du patriarche, a déclaré que «l'Arabie saoudite, qui confirme la nécessité de résoudre la question de la présidence, n'a pas interféré dans la question des noms des candidats, mais elle soutient l'élection d'un président qui n'est pas impliqué dans des questions de corruption financière ou politique».
La coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, Joanna Wronecka, a déclaré sur Twitter: «Les institutions de l'État doivent répondre aux besoins de la population. La crise actuelle au Liban confirme la responsabilité des dirigeants politiques d’encourager les institutions de l'État et de leur permettre d'atteindre leurs objectifs.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com