L'allemand, passeport pour les étudiants syriens en médecine

Mohammed Shasho (à gauche) et Jaafar Mustafa parcourent un livre en allemand à Damas le 21 janvier 2023. (AFP)
Mohammed Shasho (à gauche) et Jaafar Mustafa parcourent un livre en allemand à Damas le 21 janvier 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

L'allemand, passeport pour les étudiants syriens en médecine

  • Alors que la Syrie abritait un seul institut de langue allemande avant 2011, elle en compte désormais plus de 80 dans les zones tenues par le gouvernement
  • L'Office allemand des migrations et des réfugiés a recensé plus de 700.000 demandes d'asile de ressortissants syriens depuis 2015

DAMAS: Dans le patio d'un dispensaire de Damas où il est bénévole, Mohammad Chacho, un étudiant en médecine, s'entraîne en ligne à perfectionner son allemand, sésame pour pouvoir émigrer en Allemagne.

Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, l'Allemagne est devenue une destination rêvée pour des centaines d'étudiants syriens en médecine, qui aspirent à s'y installer.

Alors que la Syrie abritait un seul institut de langue allemande avant 2011, elle en compte désormais plus de 80 dans les zones tenues par le gouvernement.

"La langue allemande est très difficile, d'autant qu'elle n'est pas enseignée en Syrie par des locuteurs natifs", explique à l'AFP M. Chacho, 23 ans, qui est en sixième année à la Faculté de médecine de Damas.

"Mais l'effort en vaut la peine et sera oublié dès que je ferai mes premiers pas en Allemagne", ajoute-t-il dans ce dispensaire installé dans une maison traditionnelle.

Des centaines de milliers de Syriens sont arrivés en Allemagne, notamment en 2015, pic de la vague d'émigration massive provoquée par la guerre.

La plupart ont fait le voyage sans avoir de visa. Car il est difficile pour un Syrien lambda d'obtenir un visa... à l'exception des médecins qui peuvent obtenir le précieux sésame - notamment vers l'Allemagne - s'ils remplissent certaines conditions, dont celle d'avoir un niveau d'allemand relativement élevé.

En l'absence de représentations allemandes en Syrie, les candidats au départ doivent déposer leur demande dans les ambassades au Liban, en Jordanie ou encore au consulat allemand à Erbil en Irak.

«Tous mes amis sont partis»

"Tous mes amis sont partis, se préparent à partir ou y songent", raconte à l'AFP un autre étudiant en médecine, Jaafar Moustafa, qui apprend aussi l'allemand.

L'Allemagne est "la destination la plus simple et la plus sûre (...) il y a une grande communauté syrienne, je ne serai pas dépaysé."

A l'Institut arabe de Damas, un des plus anciens centres d'apprentissage des langues étrangères dans la capitale, environ 70% des quelque 1.000 étudiants inscrits en cours d'allemand sont issus de filières médicales, affirme son directeur, Abdallah Saleh.

Avant 2011, l'intérêt des élèves était principalement porté sur l'apprentissage du français et de l'anglais, mais la tendance s'est inversée à partir de 2013.

"L'Institut Goethe de Damas était le seul institut spécialisé dans l'enseignement de l'allemand et répondait pleinement au besoin", déclare à l'AFP M. Saleh.

Si cet institut a fermé, "plus de 80" autres ont ouvert "et les étudiants doivent s'inscrire tôt pour réserver leurs places."

Omar Fattouh, diplômé en littérature allemande à l'Université de Damas, dispense un nouveau cours à l'Institut arabe et d'autres centres de la capitale, dans lequel il enseigne la traduction allemande des termes médicaux à ses élèves.

La majorité de ses élèves sont "des étudiants en médecine ou des demandeurs de regroupement familial", signale-t-il.

Fuite des cerveaux 

L'Office allemand des migrations et des réfugiés a recensé plus de 700.000 demandes d'asile de ressortissants syriens depuis 2015.

Le nombre de Syriens vivant en Allemagne s'élève aujourd'hui à environ 924.000, contre quelque 118.000 en 2014.

Depuis, le nombre de Syriens obtenant l'asile s'est réduit, même si Berlin a recommencé récemment à accorder des facilités aux étrangers - dont le personnel médical - pour compenser une pénurie de professionnels qualifiés.

Quelque 5.404 médecins syriens exerçaient fin 2021 en Allemagne, selon l'Ordre fédéral allemand des médecins. Ils représentaient ainsi le premier contingent de praticiens étrangers en Allemagne, devant la Roumanie, la Grèce et l'Autriche.

Les autorités syriennes ne communiquent pas de données sur le nombre annuel d'étudiants qui émigrent.

Mais la ministre adjointe de l'Enseignement supérieur Fadia Dib avait déclaré en mai 2022, lors d'un entretien avec une radio locale, que l'émigration des médecins était "devenue une réalité en raison de la crise économique".

Des spécialistes de domaines tels que "l'oncologie, la kinésithérapie, la radiologie et l'anesthésie" manquent en Syrie et se font désormais rares, avait-elle ajouté.

Face à cette fuite des cerveaux, Nabough al-Aawa, ancien doyen de la faculté de médecine de Damas, est inquiet pour l'avenir de la profession en Syrie.

"Mes étudiants commencent à apprendre l'allemand dès leurs premières années d'études", regrette ce sexagénaire qui enseigne la médecine depuis plus de 30 ans.

"Cela m'attriste qu'on les perde, ils sont censés reprendre le flambeau."


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.