RABAT: La deuxième vague d’une étude publié par l’Observatoire National des Discriminations et de l’Égalité dans le Supérieur (ONDES) – dont les résultats ont été rendus public ce 9 mars – suggère que les étudiants et étudiantes d’origine maghrébine ont moins de chances d’intégrer certains programmes d’études supérieures, notamment les masters. Pour cause, la consonance maghrébine de leurs noms.
L’étude souligne que l'écart de taux de réussite entre un candidat avec un nom français et un candidat avec un nom à consonance maghrébine – tous deux présentant des qualifications identiques – est similaire dans les deux vagues de l’étude.
En 2022, l'écart était de 7,7 points, tandis que l'année précédente, il était de 8,6 points. Une différence relative de 11,2 % et 12,3 %, dans la probabilité d'obtenir une réponse à une demande simple d'information.
«La permanence de ces écarts élevés signale que les résultats obtenus n’ont pas un caractère ponctuel ou conjoncturel», mais qu’«ils sont plutôt de nature structurelle», concluent les auteurs de l’étude.
D’autre part, les résultats de l’étude indiquent que le genre n’y est pour rien, puisqu'une étudiante d’origine maghrébine sera tout autant défavorisée qu’un étudiant de la même origine.
En ce qui concerne les filières concernées, l’étude relève une discrimination plus marquée à l’égard des maghrébins pour les masters «les plus sélectives et les plus attractives», c’est-à-dire les filières qui offrent les meilleurs débouchés: sciences, technologies, santé ou encore droit. Alors que les études en lettres, langues, sciences humaines et sociales font l’objet d’une discrimination moindre.
Cette étude a porté sur 2 122 formations offertes par 84 établissements alors que la première vague de l’étude – conduite en 2011 – portait sur 607 formations offertes par 19 établissements.
Discrimination à l’embauche
À en croire les chiffres, la discrimination à l’égard de candidats maghrébins est tout aussi importante à l'embauche.
Une analyse de la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares), relevant du ministère du Travail français – publiée en novembre 2021 – mettait déjà en exergue les difficultés significatives pour les candidats à l'embauche dont les noms ont une consonance maghrébine.
Selon cette analyse – en moyenne – un candidat dont l’identité suggère une origine maghrébine, a 31,5 % moins de chances d’être contacté par un recruteur qu'un candidat dont le nom possède une consonance française.
Tout comme pour les étudiants postulant pour des masters, l’analyse ne suggère pas de liaison entre la discrimination subie et le genre du candidat.