Macron et Sunak scellent un «nouveau départ» franco-britannique

Emmanuel Macron a accueilli vendredi à Paris en "ami" Rishi Sunak pour un sommet visant à écrire le "renouveau" de l'alliance "essentielle" entre la France et le Royaume-Uni. (AFP).
Emmanuel Macron a accueilli vendredi à Paris en "ami" Rishi Sunak pour un sommet visant à écrire le "renouveau" de l'alliance "essentielle" entre la France et le Royaume-Uni. (AFP).
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Publié le Samedi 11 mars 2023

Macron et Sunak scellent un «nouveau départ» franco-britannique

  • Emmanuel Macron s'est borné à souligner que Londres et Paris voulaient «avancer de concert» contre l'immigration irrégulière
  • Les deux pays ont aussi affiché leur volonté de continuer à aider militairement l'Ukraine, dont ils ont souhaité la victoire face à la Russie

PARIS: Emmanuel Macron et Rishi Sunak ont scellé vendredi un "nouveau départ" et une "nouvelle ambition" dans la relation franco-britannique, avec un accord sur l'épineuse question de la lutte contre l'immigration illégale, après des années de brouilles alimentées par le Brexit.

"C’est un moment de retrouvailles, de reconnexion et de nouveau départ (....) C'est un sommet d'une nouvelle ambition", a lancé le président français lors d'une conférence de presse commune à l'issue du premier sommet entre la France et le Royaume-Uni depuis 2018.

"A new beginning, an entente renewed" (Un nouveau départ, une entente renouvelée), a renchéri le Premier ministre britannique en référence à "l'entente cordiale" qui désigne la relation entre les deux pays depuis un siècle.

Ils ont tourné la page des tensions entre l'ex-Premier ministre Boris Johnson et Paris, sur fond d'incompréhensions récurrentes entre les deux côtés de la Manche.

L'ambiance avait été encore un peu plus plombée par son éphémère successeure Liz Truss, qui avait, un temps, refusé de dire si Emmanuel Macron était "ami ou ennemi" du Royaume-Uni. "Un grand ami, assurément", a tranché Rishi Sunak, dans un entretien au quotidien Le Figaro.

Quinze jours avant une visite d'Etat en France du roi Charles III pour son premier déplacement à l'étranger, les deux dirigeants ont enchaîné les gestes de complicité, échangeant les maillots de leurs équipes de rugby nationales qui s'affrontent samedi en Tournoi des Six Nations, ou partageant des anecdotes autour du football.

Du Brexit à la pandémie en passant par une vive brouille au sujet des alliances dans la région Asie-Pacifique, de multiples crises avaient interrompu la tradition des sommets annuels. La plupart d'entre elles sont surmontées, d'autant que Rishi Sunak vient de conclure un accord avec l'Union européenne sur l'Irlande du Nord après des mois de bras de fer.

Plus de 500 millions euros

A l'appui de cette relance, les deux pays ont noué un nouvel accord, après celui de l'automne, pour mettre un frein à l'immigration illégale depuis la France, avec une augmentation des financements britanniques en appui des efforts français.

"Au cours des trois prochaines années, la contribution du Royaume-Uni sera de 141 millions d'euros en 2023-24, 191 millions d'euros en 2024-25 et 209 millions d'euros en 2025-2026", selon un communiqué de Londres.

Le Premier ministre britannique a annoncé l'ouverture d'un "nouveau centre de détention" dans le nord de la France, "un nouveau centre de commandement" réunissant des spécialistes des deux pays et "500 agents supplémentaires patrouillant sur les plages françaises". Davantage de drones complèteront le dispositif "pour augmenter le taux d'interception".

Le sujet est explosif outre-Manche, où les conservateurs au pouvoir sont régulièrement pressés d'agir davantage. Le gouvernement britannique s'est donc montré à l'offensive pendant tout le sommet, communiquant beaucoup plus que des Français en retrait sur ce dossier.

Des responsables britanniques ont ainsi affirmé que la France dépenserait cinq fois plus sur trois ans que le financement de 541 millions d'euros annoncé par le Royaume-Uni -- sans que ce montant soit confirmé côté français.

Ils ont aussi annoncé que le "centre de détention" verrait le jour à Dunkerque, quand le ministère français de l'Intérieur s'est montré plus évasif, évoquant un "projet de centre de rétention administrative" pour étrangers en situation irrégulière dans l'attente de leur expulsion, dont la localisation serait "précisée ultérieurement".

Emmanuel Macron s'est borné à souligner que Londres et Paris voulaient "avancer de concert" contre l'immigration irrégulière tout en ayant "conscience des enjeux humains" et de "l'extrême sensibilité de ces sujets".

Il a rappelé qu'en 2022, "plus de 1 300 traversées d'embarcations de fortune" avaient été "empêchées", 55 filières de criminalité organisée démantelées, "grâce au travail de la cellule de renseignement conjointe franco-britannique".

A l'inverse, près de 46 000 ont pu traverser la Manche l'an passé.

«Contre-offensives» ukrainiennes

"La France ne peut plus rester complice des politiques indignes du Royaume-Uni" sur le dossier migratoire, s'est offusquée l'ONG France terre d'asile, quelques jours après la présentation à Londres d'un projet de loi controversé pour restreindre drastiquement le droit d'asile, vivement dénoncé par l'ONU.

Les deux pays ont aussi affiché leur volonté de continuer à aider militairement l'Ukraine, dont ils ont souhaité la victoire face à la Russie, et annoncé que la formation de militaires ukrainiens allait être coordonnée des deux côtés de la Manche.

"Notre volonté est d'aider l'Ukraine à résister et à mener les contre-offensives qu'elle souhaite mener", a dit Emmanuel Macron. "Nous voulons que l'Ukraine remporte cette guerre et nous sommes tout à fait unis", a confirmé Rishi Sunak.


Fusillade à Rennes: les quatre suspects mis en examen et écroués

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier". (AFP)
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  • La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé
  • Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits

RENNES: Les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes le 17 avril pour "reconquérir" un point de deal, ont été mis en examen et écroués, a annoncé mardi le parquet de Rennes.

Trois ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans d'emprisonnement.

La fusillade avait fait trois blessés par balle et un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs. Le pronostic vital de cette dernière victime touchée par le véhicule n'est plus engagé, a indiqué M. Teillet mardi matin.

Les quatre hommes sont déjà connus pour de multiples délits.

Selon les investigations menées par la DCOS de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de Rennes, les quatre gardés à vue "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d’assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu’il estimait être le sien", explique le magistrat.

C'est dans ce contexte "de règlement de compte lié au narcotrafic que des tirs d'arme à feu ont fait trois victimes et qu'une quatrième a été pourchassée en voiture, renversée violemment et laissée à terre, le 17 avril", poursuit M. Teillet.

Deux des mis en cause sont originaires de Tours, l'un de Marseille et le quatrième de la région parisienne.

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dit M. Teillet.


Macron attendu à La Réunion sur le chikungunya et les dégâts du cyclone Garance

 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
 Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. (AFP)
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  • A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre
  • Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans

SAINT-DENIS DE LA REUNION: Après Mayotte, Emmanuel Macron est attendu mardi à La Réunion, département d'outre-mer à la plus forte croissance économique, sur l'épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance.

Le chef de l'Etat, arrivé lundi soir sur l'île en provenance du département voisin de Mayotte, va aussi réaffirmer le "rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique", où la France aspire à se poser en puissance régionale au côté des Etats-Unis, de la Chine ou l'Inde.

Le président poursuit ainsi une tournée de cinq jours dans le sud-ouest de l'océan Indien qui le mènera aussi à Madagascar mercredi et l'île Maurice vendredi.

A Mayotte, il a annoncé lundi une enveloppe de plus de trois milliards d'euros sur six ans pour financer le plan de "refondation" du département le plus pauvre de France, meurtri par le cyclone Chido en décembre.

La Réunion est secoué par une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre, qui a fait six morts depuis le début de l'année et touché potentiellement 100.000 personnes, soit un habitant sur neuf.

Emmanuel Macron sera informé des derniers développements de l'épidémie, qui a atteint son pic ces derniers jours, lors d'un échange avec l'Agence régionale de la santé.

Engorgements 

Les difficultés sur ce front restent palpables. Le directeur général du centre hospitalier de La Réunion, Lionel Calenge, a demandé l'envoi de renforts médicaux face au risque de saturation des centres de santé.

"Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de +chik+ sur nos deux services d'urgence", ce qui génère "vraiment une grosse tension sur nos capacités", a-t-il alerté dimanche.

Début avril, le CHU avait déclenché le plan blanc, dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux.

Une campagne de vaccination a aussi été lancée le 7 avril. Les 40.000 premières doses du vaccin Ixchiq, le premier ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché en Europe, sont destinées aux personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités. Elles peuvent se faire vacciner gratuitement.

Autre défi pour La Réunion, le passage du cyclone Garance, le 28 février, a généré près de 250 millions d'euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans.

Déjà frappées par une sécheresse sévère, toutes les filières agricoles de l'île - la canne à sucre représentant 53% de la surface agricole - ont lourdement été impactées par les vents et les pluies de Garance, qui a fait cinq morts.

"Echelle régionale" 

A la même époque, l'an passé, le cyclone Bilal avait déjà mis à terre les productions de l'île, deux cyclones en deux ans qui témoignent de l'augmentation et de l'intensification de ces phénomènes météorologiques.

Le chef de l'Etat rencontrera dans la matinée des exploitants agricoles alors que l'île est autosuffisante aux trois-quarts.

La souveraineté alimentaire sera au coeur du cinquième sommet de la Commission de l'océan Indien jeudi à Madagascar.

La Réunion y est représentée au côté de Madagascar, Maurice, des Comores et des Seychelles mais pas Mayotte, les Comores s'opposant à l'intégration de l'archipel dans l'organisation en raison d'un contentieux colonial.

"Le président veut à travers cette visite illustrer le fait que l’échelle régionale c’est le moyen de mieux survivre, de mieux se préparer à affronter ces éléments climatiques", résume l'Elysée.

"Cet espace régional doit s’organiser avec l'ensemble de ses territoires et il y a un avenir commun à bâtir", assure la présidence française.

Emmanuel Macron fera aussi le point sur l'état de l'économie réunionnaise.

 


Macron présidera lundi un Conseil des ministres sur la « refondation » de l'archipel depuis Mayotte

(Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron présentera un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.
  • Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

PARIS : Emmanuel Macron présidera lundi un Conseil des ministres en visioconférence depuis Mayotte afin de présenter un projet de loi programme très attendu sur la « refondation » de l'archipel, quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, a annoncé dimanche l'Élysée.

Ce texte, qui comprend un volet important de lutte contre l'immigration clandestine depuis les Comores, y sera présenté en vue d'une adoption par le Parlement d'ici l'été, a-t-on précisé.

Une loi d'urgence, destinée à faciliter la reconstruction de Mayotte via des assouplissements des règles d'urbanisme et de commande publique, a déjà été adoptée en février.

La loi de refondation, beaucoup plus large, comprend des « mesures plus structurelles permettant le développement économique et social du territoire sur de nouvelles bases », selon le ministre des Outre-mer Manuel Valls.

Mayotte, le département le plus pauvre de France, est confronté à plusieurs défis majeurs : une forte pression migratoire, un habitat précaire avec de nombreux toits de tôle et bidonvilles, ainsi que des difficultés économiques et sociales.

Ce texte, attendu depuis plusieurs années par les élus mahorais, prévoit notamment un durcissement des conditions d'obtention du titre de séjour dans l'archipel, une aide au retour volontaire et la facilitation des évacuations d'habitats insalubres et illégaux.