PARIS: Le président français Emmanuel Macron reçoit vendredi à Paris le Premier ministre britannique Rishi Sunak pour un sommet franco-britannique sous le signe de la "reconnexion" et du "renouveau" après des années de tensions, afin de renforcer la coopération sur l'immigration, le nucléaire, la défense ou l'aide à l'Ukraine.
Signe de cette volonté d'écrire "une nouvelle page", Emmanuel Macron accueille Rishi Sunak quinze jours avant une visite d'Etat en France du roi Charles III, dont ce sera le premier déplacement officiel à l'étranger.
Le sommet bilatéral de vendredi est le premier depuis 2018.
Du Brexit à la pandémie en passant par une vive brouille au sujet des alliances dans la région indo-pacifique, de multiples crises avaient interrompu la tradition des rencontres annuelles. La "priorité" est donc "de reprendre des habitudes de travail communes", souligne-t-on à l'Elysée.
L'arrivée en octobre à la tête du gouvernement britannique de Rishi Sunak semble avoir facilité ce tournant.
Les relations ont rarement été au beau fixe entre Emmanuel Macron et l'ex-Premier ministre Boris Johnson. Elles s'étaient encore dégradées avec son éphémère successeure Liz Truss qui avait, un temps, refusé de dire si le président français était un "ami ou ennemi" du Royaume-Uni.
Après ces déclarations un peu "fraîches", "M. Sunak a utilement qualifié la France de pays ami, allié et partenaire", se réjouit-on à Paris.
Formation pour les Ukrainiens
Au-delà du rabibochage, le sommet, qui réunira aussi à l'Elysée sept ministres de chaque pays et se terminera par une conférence de presse des deux dirigeants, a pour ambition de relancer la coopération sur plusieurs thèmes-clés.
Côté britannique, l'accent est mis sur la lutte contre l'immigration clandestine, source de tensions entre les deux rives de la Manche. Le dossier est hautement sensible pour les conservateurs qui promettent depuis la sortie de l'Union européenne de "reprendre le contrôle" des frontières.
Paris et Londres négocient "les termes d'un renforcement" de leur coopération et des moyens pour contrôler les flux migratoires depuis la France, dans le sillage du traité de Sandhurst signé en 2018 et d'un nouvel accord conclu en novembre, a fait savoir la présidence française. "D'autres initiatives en matière migratoire" sont en cours de négociation.
Dans l'entourage du dirigeant conservateur britannique, on juge "crucial" de travailler "avec les Français pour empêcher les traversées et les pertes de vies humaines dans la Manche", alors que plus de 46.000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2022 sur des embarcations de fortune, un record malgré la multiplication des plans pour lutter contre ce phénomène.
Downing Street espère donc "continuer à renforcer les patrouilles" pour "sévir contre les gangs" de passeurs "et stopper davantage de bateaux".
Ce sujet sera abordé quelques jours après la présentation mardi par le gouvernement britannique d'un projet de loi controversé pour restreindre drastiquement le droit d'asile, vivement dénoncé par l'ONU. A l'Elysée, on minimise sa portée immédiate ainsi que son "impact" sur "les côtes françaises".
Emmanuel Macron a, lui, signalé sa volonté de renforcer le partenariat de défense avec le Royaume-Uni, gravé dans le marbre par le Traité de Lancaster House en 2010 mais mis en sourdine depuis le Brexit.
Le contexte actuel permet de "donner un nouvel élan", a dit un conseiller du président français.
L'invasion russe de l'Ukraine présente un défi commun aux deux premières armées européennes, les deux seules dotées de l'arme nucléaire en Europe.
"La guerre en Ukraine force les deux pays à se rapprocher", explique à l'AFP Georgina Wright, experte au cercle de réflexion Institut Montaigne. "Il y a clairement une volonté de bâtir une relation de confiance".
C'est d'ailleurs sur l'aide à Kiev que des annonces de coopération sont attendues, en termes de formation et d'équipements pour les militaires Ukrainiens.
Un "partenariat stratégique" doit par ailleurs être conclu sur l'énergie nucléaire, et des investissements croisés annoncés par des entreprises des deux pays, le tout avec comme fil rouge la décarbonation de l'économie pour lutter contre le réchauffement climatique.