Les talibans passés maîtres dans la collecte de l'impôt

Sur cette photo prise le 2 février 2023, des camions de fret sont vus stationnés à leur arrivée du Pakistan au poste frontière afghano-pakistanais de Torkham, dans la province de Nangarhar. (AFP)
Sur cette photo prise le 2 février 2023, des camions de fret sont vus stationnés à leur arrivée du Pakistan au poste frontière afghano-pakistanais de Torkham, dans la province de Nangarhar. (AFP)
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Publié le Jeudi 09 mars 2023

Les talibans passés maîtres dans la collecte de l'impôt

  • Selon la Banque mondiale, près de 60% du budget des talibans est financé par les douanes, comme celle du poste-frontière de Torkham, dans la province orientale de Nangarhar
  • Le fret entrant est essentiellement composé de denrées alimentaires tandis que dans le sens contraire, des convois de camions bigarrés se dirigent vers le Pakistan

TORKHAM: A Torkham, à la frontière avec le Pakistan, une file de camions chargés de fruits et de charbon patiente pour payer les droits de douane aux talibans, passés maîtres dans la collecte de l'impôt depuis qu'ils dirigent l'Afghanistan.

Le pays est plongé dans une des pires crises humanitaires au monde, mais cela n'empêche pas l'argent de continuer à circuler de main en main comme si de rien n'était depuis que les talibans ont pris le pouvoir en août 2021.

Dans le centre de Kaboul, une patrouille de percepteurs inspecte un bazar, taxant des vendeurs de miel, d'après-shampooing ou de plaques de cuisson.

"Il a été rapporté de manière assez constante qu'ils (les talibans, ndlr) s'en sortent plutôt bien en matière de recettes, et cela même alors que l'activité économique est assez faible", observe un responsable d'une organisation étrangère en Afghanistan.

"Cela a été un choc", confie-t-il à l'AFP.

Fin janvier, un rapport de la Banque mondiale faisait état d'une "forte" collecte de recettes à 136 milliards d'afghanis (1,4 milliard d'euros) sur les neuf premiers mois de 2022. Un résultat globalement conforme à celui obtenu par le précédent gouvernement, soutenu par les États-Unis, lors de sa dernière année au pouvoir.

Cependant, dans un pays où plus de la moitié de la population est confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, ces résultats soulèvent des questions.

Moins de corruption 

Selon la Banque mondiale, près de 60% du budget des talibans est financé par les douanes, comme celle du poste-frontière de Torkham, dans la province orientale de Nangarhar.

Le fret entrant est essentiellement composé de denrées alimentaires - des oranges, pommes de terre et la farine fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM) -, tandis que dans le sens contraire, des convois de camions bigarrés, chargés de charbon ou de chromite, se dirigent vers le Pakistan.

Frappé par la crise énergétique mondiale et un effondrement de son économie qui a réduit ses réserves en dollars, le Pakistan a conclu un accord pour payer le charbon afghan en roupies, contournant ainsi ses fournisseurs habituels en Afrique du Sud et en Indonésie.

Les exportations de charbon vers le Pakistan "ont probablement doublé" sous le gouvernement taliban et ont rapporté à l'Afghanistan 160 millions de dollars (150 millions d'euros), soit trois fois plus que ce que gagnait l'administration précédente, selon un rapport publié en 2022 par le groupe de recherche XCEPT.

Des recettes toutefois obtenues grâce au travail des enfants, une pratique courante dans l'industrie minière afghane, associée à des salaires dérisoires et des mesures de sécurité minimales.

"C'est leur stratégie depuis le premier jour: augmenter les revenus quel que soit le moyen", pointe Sulaiman Bin Shah, ancien vice-ministre du Commerce et de l'Industrie.

Les talibans dont le leitmotiv est la loi et l'ordre ont considérablement amélioré le problème de la corruption, qui a grevé les caisses publiques des gouvernements pro-occidentaux pendant les 20 ans de guerre.

L'Afghanistan a gagné 24 places en 2022 pour se positionner 150e au classement de Transparency international sur la perception de la corruption, l'un des rares indicateurs en amélioration pour le pays.

A Torkham, un camionneur explique que sous le régime précédent, il payait 25.000 afghanis (260 euros) aux points de contrôle illégaux qui jalonnaient son trajet vers Mazar-i-Sharif, plus de 600 km au nord-ouest.

"Maintenant, nous voyageons jour et nuit, et personne ne nous demande de les payer", remarque Najibullah, 30 ans.

"L'Afghanistan a cette capacité (de collecter l'impôt), c'est ce que nous sommes en train de faire", souligne le porte-parole du ministère des Finances, Ahmad Wali Haqmal.

Auparavant, "le principal problème était la corruption", pointe-t-il.

"Ils sont plus efficaces parce que les gens ont peur d'eux", nuance l'analyste Torek Farhadi. "Les talibans dirigent l'administration d'une poigne de fer. Ils ont les armes, et personne ne peut voler de l'argent."

Sortir de l'ombre 

La transformation des talibans d'insurgés en bureaucrates n'est pas totalement inattendue.

Pendant les 20 ans de guerre contre les Etats-Unis et les forces de l'Otan, ils avaient administré les zones sous leur contrôle, désignant des gouverneurs régionaux, établissant des tribunaux et créant un système d'imposition pour remplir leurs coffres.

Le nouveau directeur des douanes afghanes, Abdul Matin Saeed, tenait à l'époque des postes de péage illégaux destinés à financer l'insurrection dans la province de Farah (ouest), à la frontière avec l'Iran, et dans celle de Balkh (nord), à la frontière avec l'Ouzbékistan.

"Nous n'avions pas le contrôle total des routes (...) Mais nous arrivions quand même à nos fins". Cette expérience s'est avérée "très utile" lorsque la République est tombée et qu'il a pris ses fonctions à Kaboul, explique-t-il.

La communauté internationale, qui ne reconnaît pas le gouvernement taliban, a fait pression pour qu'il renonce aux mesures liberticides prises à l'encontre des femmes. Des sanctions financières ont été prises, mais la capacité du régime à collecter des recettes intérieures lui confère une plus grande indépendance.

L'année dernière, le gouvernement taliban a publié un budget annuel prévoyant 231 milliards d'afghanis (2,4 milliards d'euros) de dépenses, mais sans plus de détails. On ignore tout de la manière dont l'argent est utilisé.

Une opacité dérangeante pour Torek Farhadi. "Je veux voir comment ils l'ont dépensé. Où est-il allé?".


Renault et Nissan remanient leur alliance, notamment en ce qui concerne leurs participations croisées

Cette photo combinée montre les logos de Nissan Motor (à gauche) et de Renault (à droite) affichés à Tokyo le 17 janvier 2023. (Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
Cette photo combinée montre les logos de Nissan Motor (à gauche) et de Renault (à droite) affichés à Tokyo le 17 janvier 2023. (Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
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  • Le nouvel accord prévoit également la cession de la participation de 51 % de Nissan dans l'usine de Chennai, en Inde, dont Renault prendrait le contrôle.
  • Nissan est également « libéré de son engagement à investir dans Ampere », filiale du groupe Renault dédiée à la production de véhicules électriques.

PARIS : Les constructeurs automobiles Renault et Nissan ont annoncé lundi être tombés d'accord pour remanier leur accord de février 2023, revoyant leur alliance. À la clé : la possibilité pour les deux entreprises de descendre à 10 % de participations croisées, au lieu de 15 % actuellement.

Le nouvel accord prévoit également la cession de la participation de 51 % de Nissan dans l'usine de Chennai, en Inde, dont Renault prendrait le contrôle intégral, et la production par le constructeur français sur le continent européen d'un véhicule dérivé de Twingo pour le compte de l'entreprise japonaise.

Nissan est également « libéré de son engagement à investir dans Ampere », filiale du groupe Renault dédiée à la production de véhicules électriques, ont indiqué les deux partenaires dans un communiqué.

Renault « a un fort intérêt à voir Nissan redresser sa performance le plus rapidement possible », a souligné le directeur général du groupe français, Luca de Meo, cité dans le communiqué.

« Dans un esprit pragmatique et orienté vers les affaires, nous avons discuté des solutions les plus efficaces pour soutenir son plan de redressement », a-t-il ajouté.

Nissan, qui rencontre des difficultés, est engagé dans des réductions d'effectifs et de capacités massives. Selon son PDG Ivan Espinosa, l'entreprise souhaite « créer un modèle économique plus agile et efficace qui nous permettra de réagir rapidement à l’évolution des conditions du marché et de conserver les liquidités pour nos investissements futurs ».

« Nos projets de nouveaux SUV pour le marché indien sont toujours d’actualité et nous poursuivrons nos exportations de véhicules vers d'autres marchés », a précisé M. Espinosa.

Le rachat des parts de Nissan dans l'usine de Chennai aura un impact de 200 millions d'euros sur la trésorerie de Renault, a indiqué le groupe, qui a confirmé sa perspective financière pour l'année 2025.

Il est également prévu que Renault, via Ampere, développe un dérivé de Twingo conçu par Nissan pour le marché européen à partir de 2026.

Enfin, les deux constructeurs pourront faire descendre leurs participations croisées à 10 %, sous réserve d'un processus « organisé et coordonné avec l'autre société ».

Actuellement, Renault et Nissan détiennent chacun 15 % de participations croisées. L'accord libère également Nissan de l'obligation d'injecter, comme prévu auparavant, 600 millions d'euros dans Ampere.

Cet amendement de l'accord sur l'alliance Renault-Nissan et la résiliation de l'accord d'investissement dans Ampere seront effectifs « sous réserve de la réalisation de certaines conditions préalables, attendue d’ici fin mai » prochain, stipule le communiqué, sans préciser ces conditions.


Le prince héritier saoudien émet des directives pour freiner la hausse des prix des terrains et des loyers à Riyad

En réponse à la hausse des prix des terrains et des coûts de location à Riyad, le prince héritier Mohammed bin Salman a ordonné samedi une série de mesures visant à atteindre la stabilité dans le secteur de l'immobilier. (SPA)
En réponse à la hausse des prix des terrains et des coûts de location à Riyad, le prince héritier Mohammed bin Salman a ordonné samedi une série de mesures visant à atteindre la stabilité dans le secteur de l'immobilier. (SPA)
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  • Le prince héritier Mohammed bin Salman a ordonné samedi une série de mesures visant à atteindre la stabilité dans le secteur immobilier,
  • La décision fait suite à une étude menée par la Commission royale pour la ville de Riyad et le Conseil des affaires économiques et du développement.

RIYAD : En réponse à la hausse des prix des terrains et des coûts de location à Riyad, le prince héritier Mohammed bin Salman a ordonné samedi une série de mesures visant à atteindre la stabilité dans le secteur immobilier, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Cette décision fait suite à une étude menée par la Commission royale pour la ville de Riyad et le Conseil des affaires économiques et du développement, qui a évalué les défis auxquels est confronté le marché de la capitale saoudienne.

Un aspect clé de la directive sera la levée des restrictions sur les transactions foncières et le développement dans le nord de Riyad.

Cette mesure permettra la vente, l'achat, la division et la subdivision de terrains dans les zones désignées, ainsi que la délivrance de permis de construire, a rapporté l'agence de presse SPA.

Les zones concernées comprennent une section de 17 kilomètres carrés au nord de Riyad, bordée par la route King Khalid à l'ouest et la route Prince Saud bin Abdullah bin Jalawi au sud, ainsi qu'une zone de 16,2 kilomètres carrés au nord de la route King Salman, qui s'étend jusqu'à la route Abu Bakr Al-Siddiq et le district d'Al-Qayrawan.

Ces ajouts, combinés aux suspensions précédemment levées couvrant 48,28 kilomètres carrés, portent la superficie totale disponible pour le développement à Riyad à 81,48 kilomètres carrés.

Afin d'améliorer l'accès au logement, le RCRC a été chargé de fournir aux citoyens des terrains résidentiels planifiés et aménagés.

Entre 10 000 et 40 000 parcelles seront mises à disposition chaque année au cours des cinq prochaines années, à un prix plafonné à 1 500 riyals le mètre carré. Ces terrains seront proposés aux citoyens mariés ou aux personnes âgées de plus de 25 ans, à condition qu'ils ne possèdent pas de biens immobiliers.

Des règles strictes régiront la délivrance de ces terrains, interdisant la revente, la location ou l'hypothèque pendant 10 ans, sauf s'ils servent à financer une construction. Si le terrain reste inexploité pendant cette période, le gouvernement en redeviendra propriétaire et l'acheteur sera remboursé.

Pour stimuler davantage l'offre immobilière, des amendements au système de redevances sur les terres blanches (une politique conçue pour encourager le développement des terres vacantes) seront introduits dans les 60 jours.

En outre, des mesures réglementaires seront mises en œuvre dans les 90 jours pour assurer un juste équilibre entre les propriétaires et les locataires.

Enfin, l'Autorité générale de l'immobilier et le RCRC ont été chargés de surveiller et de contrôler les prix de l'immobilier à Riyad.

Ils soumettront des rapports périodiques pour évaluer l'efficacité de ces mesures et garantir la stabilité et l'accessibilité du marché immobilier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La campagne de logement de Good Regions a reçu 1,8 milliard de don pendant le ramadan

Cette initiative a permis de soutenir plus de 11 479 familles grâce à des dons en espèces, des solutions de financement, des dons pour la construction d'unités de logement et des contributions en nature. (AFP)
Cette initiative a permis de soutenir plus de 11 479 familles grâce à des dons en espèces, des solutions de financement, des dons pour la construction d'unités de logement et des contributions en nature. (AFP)
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  • Cette initiative a permis de soutenir plus de 11 479 familles grâce à des dons en espèces, des solutions de financement, des dons pour la construction d'unités de logement et des contributions en nature.
  • « Cette large participation reflète l'esprit de responsabilité sociale de notre peuple et incarne la vision nationale qui consiste à fournir aux familles méritantes une stabilité résidentielle digne », a déclaré M. Al-Kuraidis.

RIYAD : Un total de 1,8 milliard de riyals saoudiens (491,7 millions de dollars) a été donné à la campagne de logement Jood Regions d'Arabie saoudite au cours du mois de Ramadan.

Cette initiative a permis de soutenir plus de 11 479 familles grâce à des dons en espèces, des solutions de financement, des dons pour la construction d'unités de logement et des contributions en nature.

Abdulaziz Al-Kuraidis, secrétaire général de la National Developmental Housing Corporation (Sakan), a remercié tous les donateurs de la campagne, y compris le roi Salman et le prince héritier Mohammed bin Salman, qui ont donné un total combiné de 150 millions de SR.

« Cette large participation reflète l'esprit de responsabilité sociale de notre peuple et incarne la vision nationale qui consiste à fournir aux familles méritantes une stabilité résidentielle digne », a déclaré M. Al-Kuraidis.

« À la Fondation Sakan, en collaboration avec nos partenaires, nous continuerons à développer des initiatives et des partenariats innovants qui contribuent au développement durable et aident à atteindre les objectifs de la Vision 2030 saoudienne. »

Al-Kuraidis a déclaré que la plateforme continuerait à faire progresser les objectifs de la Fondation Sakan en mettant en œuvre des projets complets.

La campagne Jood Regions vise à fournir des logements adéquats aux familles dans toute l'Arabie saoudite. Elle a été lancée pour la première fois pendant le Ramadan 2024 et a fourni plus de 10 000 unités de logement aux familles dans le besoin dans les 13 provinces.

L'initiative comprend des événements visant à sensibiliser et à encourager la participation de la communauté, en réunissant des entrepreneurs, des dirigeants et d'autres personnes pour s'assurer que les citoyens peuvent accéder à un logement convenable avec facilité et fiabilité, réalisant ainsi les objectifs des initiatives de développement du logement.

La plateforme Wad Al-Iskan a joué un rôle essentiel dans le succès de la campagne Jood Regions, a déclaré M. Al-Kuraidis. La plateforme est une autre initiative de Sakan qui permet aux gens d'aider les familles à obtenir un logement adéquat en soumettant leurs dons en ligne. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com