PARIS: Jean-Luc Mélenchon a demandé l'organisation d'"un référendum" ou "une dissolution" de l'Assemblée nationale pour éviter le blocage du pays, mardi, sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Deux Français sur trois sont toujours opposés au projet du gouvernement, selon les sondages. Et les syndicats s'attendent "à plus de 2 millions" de manifestants dans les rues.
"Il y a d'un côté sa volonté à lui (Emmanuel Macron, NDLR), de l'autre côté celle du peuple. A qui doit revenir le dernier mot ? Évidemment au peuple", a déclaré le leader de La France insoumise (LFI) à Marseille, avant le départ de la manifestation.
"Le moment est venu pour lui de prendre l'initiative démocratique qui correspond à cette situation de blocage", a estimé l'ancien candidat à la présidentielle.
"Ou bien une dissolution puisqu'il est évident qu'il y a une différence entre ce que ressent le pays et ce que dit l'Assemblée nationale ou bien, plus simplement, un référendum", a-t-il ajouté, dénonçant dans cette réforme phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron, "une sorte de caprice du prince", "une manière inutile, injuste et cruelle de gouverner".
Au départ de la manifestation parisienne, les dirigeants de la coalition de gauche Nupes se sont, comme lors des mobilisations précédentes, affichés ensemble. "La gauche est unie pour faire plier le gouvernement", s'est réjoui Olivier Faure, le premier secrétaire du PS.
La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a pour sa part fustigé la "lâcheté" d'Emmanuel Macron, dont la parole est rare sur les retraites depuis le début du mouvement social: "Il a envoyé ses ministres au front et il a disparu".
Le patron des communistes, Fabien Roussel, qui manifestait depuis Besançon, a observé: "La France entre dans une période sociale éruptive, comme elle en a rarement connue sous la Ve République".
Il a appelé le gouvernement à retirer la réforme ou de la soumettre à un référendum, car "on ne peut gouverner contre le peuple aussi massivement rassemblé".
Macron « solitaire »
Plus aucun carburant ne sort des raffineries françaises, 80% des trains sont annulés. A la mi-journée, le taux de gréviste était de 39%, moins que le 19 janvier mais davantage que les autres journées d'action qui ont suivi.
Du côté des enseignants, on compte quelque 33% de grévistes, selon le ministère de l'Education, bien en-deçà des chiffres des syndicats.
Une nouvelle réunion de l'intersyndicale est prévue dans la soirée pour décider des suites du mouvement.
Les syndicats ambitionnent de mettre la France "à l'arrêt", jouant leur va-tout face au gouvernement à quelques jours d'une probable adoption du texte au Sénat.
Dans une tribune publiée dans Libération, le patron des députés socialiste, Boris Vallaud, dénonce une réforme qui "pervertit la démocratie". Elle relève d'un "coup de force politique" et "symbolise comme jamais (la) pratique solitaire du pouvoir" d'Emmanuel Macron.
La CGT prévoit au total 265 rassemblements. Les autorités anticipent, selon une source policière, entre 1,1 et 1,4 million de participants, dont 60 à 90 000 à Paris.