Sa banlieue, elle en est fière. Elle parle avec enthousiasme de la solidarité qui y règne. «Quand une personne est en deuil, toute la cité est en deuil. Quand il y a un mariage, nous faisons tous la fête», explique-t-elle au journal l’Humanité.
Sabrina Ouazani est une actrice française née le 6 décembre 1988 à Saint-Denis, de parents d'origine algérienne. Elle a grandi dans la Cité des 4 000 à La Courneuve, théâtre d’un drame qui avait mené à une intervention musclée de Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur.
Rien ne la prédestine à embrasser le métier d’actrice. Petite, elle est très sportive, alternant rugby et danse classique. Pourtant, à l’âge de treize ans, elle répond à une annonce de «casting sauvage» pour le film L’esquive (2004) d’Abdellatif Kechiche qui recherche des «jeunes de 14 à 17 ans». Ce premier contact avec la caméra lui procure une sensation de «liberté incommensurable».
Sans avoir jamais pris de cours de théâtre, elle décroche l’un des rôles principaux et obtient même une nomination aux César dans la catégorie du meilleur espoir féminin. Une star est née.
Elle poursuit tout de même ses études, obtient un bac ES et s’oriente vers une licence d’histoire «pour assurer ses arrières». Mais son nom est désormais connu, et elle reçoit de multiples propositions.
La Graine et le Mulet (2007), Adieu Gary (2009), Tout ce qui brille (2010), Des hommes et des dieux (2010), Inch’Allah (2013), Pataya (2016), Taxi 5 (2018)… Sabrina Ouazani multiplie les rôles et se fait une place de choix dans le cercle fermé du cinéma français.
Actrice au talent indéniable, elle s’investit à fond dans ses personnages. D’abord cantonnée à des personnages de banlieusarde, puis de «beurette» dit-elle, elle n’hésite pas à travailler son accent pour interpréter une jeune banquière venue de la capitale dans De l’autre côté du périph (2012).
Son investissement dans les rôles ne fait aucun doute. Pour préparer celui de danseuse de breakdance dans Break (2018), elle s’entraîne pendant dix mois, huit heures par jour, tous les jours, ce qui lui permet de se passer de doublure. «C’était un beau défi, je me suis éclatée!», dit-elle.
Ses parents ont quitté l’Algérie, encore enfants, pour venir s’installer en France, et n’y sont plus retournés, «par manque de moyens», dit-elle. À sa majorité, sa première vraie dépense est donc de s’offrir un voyage vers ce pays qu’elle ne connaît pas.
Comédies, drames, films d’action, Sabrina est à l’aise dans différents genres: «Il est vrai que j’ai longtemps été attirée par les rôles tragiques», explique-elle au journal La Croix, «mais une actrice doit savoir passer d’un genre à l’autre».
En 2018, Sabrina passe de l’autre côté de la caméra et endosse pour la première fois la casquette de réalisatrice. Elle met ainsi en scène le court-métrage présenté à Cannes On va manquer. Le film raconte l’histoire d’une jeune fille qui prépare un couscous pour sa grand-mère qui arrive d’Algérie à l’occasion de l’Aïd. «J'avais envie de parler du poids du regard de l'autre, de notre capacité à nous travestir pour plaire à l'autre et être aimé. Ce sujet était important pour moi», explique-elle lors d’un entretien dans l’émission La Clique.
À l’automne 2020, elle contribue avec 20 personnalités culturelles françaises à l’album Jours de gloire, un projet décrit par ses instigateurs comme une initiative «citoyenne non partisane, qui vise à fédérer tous les français, quelle que soit leur origine, autour d’une humble fierté: l’héritage commun que constituent les valeurs de la république française».
Ces portraits ont été choisis et rédigés pour mettre l’accent sur des parcours remarquables de citoyens français d’origine arabe dans le cadre de l’enquête Arab News en Français / YouGov intitulée «Comprendre la minorité marginalisée de France». Quelques exemples parmi des dizaines de milliers qui viennent prouver que l’ampleur d’un débat stigmatisant souvent surchargé de préjugés ne change rien au fait qu’un brassage de cultures peut servir d’outil enrichissant pour une meilleure intégration.
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