Au Liban, même les morts n'échappent pas aux criminels qui ciblent les cimetières

Des éléments de la sécurité libanaise montent la garde à Beyrouth (Photo, AFP).
Des éléments de la sécurité libanaise montent la garde à Beyrouth (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 04 mars 2023

Au Liban, même les morts n'échappent pas aux criminels qui ciblent les cimetières

  • Des armes et de l'essence sont volées dans des véhicules militaires, tandis que des gangs de kidnappeurs ciblent des victimes aisées
  • Pendant ce temps-là, des centaines de milliers de fonctionnaires du secteur public, de l'armée et de la sécurité reçoivent un salaire mensuel qui suffit à peine à couvrir leurs besoins pendant deux jours

BEYROUTH: Au Liban, des voleurs dérobent des clôtures en fer dans des cimetières et sur des sites funéraires pour les revendre pour quelques dollars sur le marché noir, alors que le pays s'habitue à entendre parler de vols à la tire, de trafic de drogue et de vols presque quotidiennement.

Alors que la crise financière et économique du pays s'aggrave, le Liban assiste à l'effondrement des secteurs social, sanitaire et éducatif.

Les gangs qui commettent des vols à main armée, des enlèvements et des meurtres — souvent motivés par la vengeance — sont devenus des mafias organisées composées de citoyens libanais, ainsi que de réfugiés syriens et palestiniens.

Malgré les mesures prises par les services de sécurité et les services militaires et en dépit de la surveillance des quartiers que certaines villes ont mise en place afin de se protéger, les taux de criminalité sont en hausse.

EN BREF

Les vols ne se limitent plus aux personnes et aux habitations, mais concernent également les institutions publiques et de sécurité.

Rabab, de la ville de Hermel, a révélé: «Des personnes non identifiées ont volé la clôture en fer entourant la tombe de ma mère dans le cimetière de la ville afin de pouvoir vendre le métal.»

Tony, un autre résident, a indiqué être entré dans sa maison d'été dans le quartier de Keserwan la semaine dernière et avoir trouvé à l'intérieur deux hommes masqués qui tentaient de cambrioler les lieux. Se battant avec les intrus, il a enlevé le masque de l'un d'entre eux, pour découvrir qu'il s'agissait du concierge de l'immeuble, un homme que Tony connaissait et en qui il avait confiance depuis plus de 11 ans.

Une source sécuritaire a déclaré à Arab News: «Les criminels volent tout ce qui a une valeur financière, notamment les infrastructures. Nous pourrions bientôt voir davantage de crimes de ce type, mais nous sommes prêts à les déjouer et nous essayons de compenser notre manque de capacités logistiques.»

Les vols ne se limitent plus aux personnes et aux habitations, mais concernent également les institutions publiques et sécuritaires.

Les archives de l'agence de presse nationale libanaise ont été volées, bien que son siège soit situé près du ministère de l'Intérieur et de la Banque centrale, où la sécurité est censée être renforcée.

Les voleurs ont également pris pour cible la sécurité de l'État libanais, dérobant des armes, des munitions et de grandes quantités d'essence dans des véhicules militaires.

Cependant, les crimes les plus organisés comprennent les enlèvements avec demande de rançon.

Un autre Libanais, Michel Makhoul, a été la cible d'une tentative d'enlèvement dans la région de Zahle-Bekaa cette semaine lorsque sa voiture a été arrêtée par un groupe d'hommes. Sa fiancée, qui se trouvait également dans le véhicule, a réussi à s'échapper.

Les kidnappeurs ont demandé une rançon à la riche famille de Makhoul avant de s'enfuir vers Brital, dans le nord de la Bekaa, où ils ont été poursuivis par l'armée.

Un soldat a été blessé lorsque les unités militaires ont été attaquées par les kidnappeurs. Un suspect syrien et trois Libanais ont été arrêtés, selon un communiqué de l'armée, tandis que Makhoul a été libéré sain et sauf.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News: «Les détenus syriens au Liban représentent plus de 40% du nombre total de détenus dans les prisons, dont la plupart ont commis des vols et des meurtres.»

La source a ajouté: «Lorsque le Hezbollah a établi des points de passage illégaux afin de relier le Liban à la Syrie pendant ses opérations militaires à l'intérieur de la Syrie, il a fermé les yeux sur les nouveaux points de passage parallèles qui étaient utilisés par les contrebandiers des forces de facto qui se font protéger par les militants du Hezbollah. Les activités de contrebande se sont étendues de la nourriture et des médicaments subventionnés aux armes et aux dollars, en plus des individus recherchés.»

Pendant ce temps-là, des centaines de milliers de fonctionnaires du secteur public, de l'armée et de la sécurité reçoivent un salaire mensuel qui suffit à peine à couvrir leurs besoins pendant deux jours. Ils ne bénéficient plus d'une couverture médicale complète et ne peuvent pas se permettre de payer l'éducation de leurs enfants.

En 2022, une enquête menée par l'administration centrale des statistiques en collaboration avec l'Organisation internationale du travail a montré que près d'un tiers de la main-d'œuvre active du Liban était au chômage, tandis que plus de 60% de l'emploi total était informel.

La même année, Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur la pauvreté et les droits de l'homme, a constaté que les réfugiés palestiniens et syriens étaient confrontés à des conditions de vie désastreuses au Liban: 88% d'entre eux vivent dans des conditions inférieures aux normes et près de la moitié des familles de réfugiés syriens sont sans abri et souffrent d'insécurité alimentaire.

Les difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés conduisent souvent à des affrontements. Dimanche dernier, une trentaine de Syriens ont attaqué une boulangerie dans le quartier de Ksara, dans la Bekaa, détruisant son contenu et frappant les employés qui avaient refusé de leur donner plusieurs paquets de pain, suscitant la colère des habitants.

Les boulangeries rationnent leurs produits pour éviter le commerce sur le marché noir.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le plan israélien de distribution d'aide «contraire aux principes humanitaires» selon une ONG norvégienne

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  • Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés
  • Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages

OSLO: Le projet du gouvernement israélien de distribuer de l'aide humanitaire à Gaza dans des centres contrôlés par l'armée est "fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a déclaré lundi à l'AFP le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).

"Nous ne pouvons pas et ne voulons pas faire quelque chose qui est fondamentalement contraire aux principes humanitaires", a dit Jan Egeland à l'AFP.

"Les agences des Nations unies et tous les autres groupes humanitaires internationaux ont dit non à cette idée émanant du cabinet israélien et de l'armée israélienne", a-t-il ajouté.

Le cabinet de sécurité israélien estime qu'il y a "actuellement suffisamment de nourriture" dans la bande de Gaza et a consenti à la "possibilité d'une distribution humanitaire" si cela venait à être "nécessaire", a indiqué lundi une source officielle israélienne.

Israël accuse le Hamas de détourner l'aide humanitaire, et justifie son blocus de la bande de Gaza par la nécessité de faire pression sur le mouvement pour qu'il libère les otages.

Selon le responsable de l'ONG norvégienne, le gouvernement israélien "veut militariser, manipuler et politiser l'aide en ne l'autorisant que dans quelques centres dans le sud, un système où les gens seront contrôlés et où il sera impossible d'agir".

Cela "obligera les gens à se déplacer pour obtenir de l'aide, ce qui prolongera la famine parmi la population civile. Nous ne prendrons donc pas part à cela", a ajouté M. Egeland.

"Si l'une des parties tente de contrôler, de manipuler et de rationner l'aide destinée aux civils de l'autre camp, cela va à l'encontre de toutes nos valeurs", a-t-il encore ajouté.

De son côté, le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), a souligné que le "plan qui nous est présenté signifie que de vastes zones de Gaza (...) resteront privées d'approvisionnement".

Les organisations d'aide internationale, de même que les Palestiniens de Gaza, témoignent depuis des semaines d'une situation humanitaire dramatique, notamment en raisons des pénuries de biens de première nécessité.

Le Programme alimentaire mondial (PAM), un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a annoncé le 25 avril y avoir "épuisé tous ses stocks".


Jordanie: une touriste belge et son fils morts dans des inondations 

Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
Cette photo prise le 10 novembre 2018 à Wadi Musa, près de Petra, dans l'ouest de la Jordanie, montre des travailleurs opérant une excavatrice après les crues soudaines qui ont tué plusieurs personnes dans la région. (AFP)
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  • Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman"
  • "Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision

AMMAN: Une touriste belge et son fils, disparus pendant plusieurs heures, ont péri dans des inondations dans le sud de la Jordanie, ont annoncé lundi les autorités, au lendemain de l'évacuation du site antique de Pétra après des crues.

Les équipes de secours ont retrouvé "les corps d'une femme et de son fils, tous deux de nationalité belge, qui avaient disparu après des inondations dans la région de Choubak, à environ 200 km au sud d'Amman", selon un communiqué de la Direction de la sûreté générale.

"Les corps retrouvés après plusieurs heures de recherches dans des conditions météorologiques difficiles ont été évacués", a-t-il ajouté sans autre précision.

Selon des déclarations du gouverneur de Maan, Hassan al-Jabour, rapportées par la chaîne de télévision officielle Al-Mamlaka, la Belge et ses trois enfants faisaient partie d'un groupe de touristes comprenant également 14 Tchèques en "voyage d'aventure" dimanche, sans guide.

Les autorités ont réussi à évacuer la majorité du groupe mais la Belge et ses trois enfants ont disparu, a-t-il ajouté. Les équipes de secours ont trouvé deux des enfants en "bonne santé".

La veille, les autorités jordaniennes ont évacué près de 1.800 touristes de Pétra, dans le sud du pays, après des crues dans la région, de plus en plus sujette aux pluies intenses et tempêtes. Aucune victime n'a été signalée après que des inondations ont touché le site antique, selon un responsable.

L'autorité météorologique a diffusé une vidéo montrant de violentes crues s'abattant sur le site antique tandis que des visiteurs se rassemblaient à l'entrée de la Khazneh, l'un de ses édifices les plus emblématiques, en attendant leur évacuation.

Classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le site de Pétra est célèbre pour ses temples monumentaux taillés dans la roche rose. Il a été désignée en 2007 comme l'une des sept merveilles du monde à l'issue d'un vote en ligne.


Attaque contre une boîte de nuit à Damas, une femme tuée selon une ONG

Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
Des personnes passent devant l'entrée fermée de la boîte de nuit al-Karawan, qui a été attaquée par des hommes armés pendant la nuit, dans la rue Saadallah al-Jabri de Damas, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin
  • Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux

DAMAS:  Des inconnus ont tiré à l'arme automatique lundi avant l'aube dans une boîte de nuit en plein centre de Damas, tuant une femme, la deuxième attaque du genre en une semaine, selon un témoin et une ONG.

Les motivations des assaillants n'étaient pas connues dans l'immédiat. Et les autorités n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Après l'arrivée au pouvoir en décembre d'Ahmad al-Chareh, qui a dirigé la coalition de rebelles islamistes radicaux ayant renversé Bachar al-Assad, experts et intellectuels ont dit craindre une islamisation de la société syrienne. La communauté internationale a appelé les nouvelles autorités à respecter les libertés.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "des hommes armés non identifiés ont attaqué à l’arme automatique le cabaret al-Karouane dans le quartier Hijaz, tuant une danseuse et blessant plusieurs personnes".

"J’ai entendu des coups de feu à l’aube et je n'ai osé entrer dans la boîte qu'une fois les tirs terminés", a dit à l'AFP un témoin s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "J’ai vu le corps d’une femme, des traces de sang au sol, une scène de chaos."

La boîte de nuit était fermée lundi matin sur ordre des forces de sécurité, selon un gardien d’un bâtiment voisin.

Un habitant de la rue où se trouve le cabaret a déclaré qu’une voiture transportant des membres des forces de sécurité était garée à l'angle de la rue depuis plusieurs jours et surveillait les lieux.

L’attaque est survenue quelques heures après la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo, filmée par une caméra de surveillance, montrant un groupe armé attaquer une autre boîte de nuit dans le centre de Damas il y a quelques jours.

Dans la vidéo, authentifiée par l’AFP, on voit des hommes armés s’approcher de la boîte de nuit, puis frapper à coups de crosse les clients paniqués, hommes et femmes, en pleine fuite. Une femme y apparaît trébuchant à deux reprises sous les coups.

Le ministère de l’Intérieur a annoncé, selon la chaîne syrienne Al-Ekhbariya dimanche, l’arrestation des assaillants.

La vidéo "montre un groupe de militaires attaquant des civils dans un quartier de Damas. Les auteurs de l’agression ont été identifiés, arrêtés et remis à la justice", a indiqué le ministère.

"Toute agression à l'encontre des citoyens ou des infrastructures publiques sera punie par la justice", a-t-il souligné.