BEYROUTH: Un calme précaire est revenu jeudi à Aïn al-Hilweh, le plus grand camp de réfugiés palestiniens au Liban, après une nuit d'affrontements violents entre des hommes armés du mouvement Fatah et leurs adversaires appartenant au groupe extrémiste Asbat al-Ansar.
Plusieurs échanges de tirs de mitrailleuse et de mortiers ont fait un mort parmi les membres du Fatah, ainsi que sept blessés.
On pouvait entendre les coups de feu dans la ville côtière voisine de Sidon, adjacente au camp.
Ghassan Ayoub, un responsable de la sécurité palestinienne à Aïn al-Hilweh, a détaillé à Arab News que «ce qui a commencé comme une dispute isolée s'est soudainement transformé en affrontements que les forces palestiniennes à l'intérieur du camp s'efforcent de contenir.»
Il a indiqué que la victime n'avait pas encore été enterrée en raison des tensions qui couvaient dans le camp.
Des responsables de la sécurité ont affirmé que les affrontements avaient éclaté mercredi soir après qu'une dispute entre des membres du Fatah dans l'un des quartiers a fait des blessés.
Alors qu'ils transportaient les blessés vers un hôpital qui se trouve à l'intérieur du camp, des membres armés du Fatah sont passés devant la mosquée Al-Shuhada à l'entrée d'Al-Safsaf, un quartier contrôlé par le groupe Asbat al-Ansar.
Un garde de la mosquée a tiré sur les passants, blessant un membre du Fatah. Le groupe a riposté et les affrontements se sont intensifiés tout au long de la nuit.
Le blessé, Mahmoud Zubaidat, est décédé jeudi matin. Son frère a tiré des coups de feu en l'air à l'annonce de sa mort, amenant les forces palestiniennes à prendre des mesures pour rétablir le calme.
Les écoles de l'Unrwa à l'intérieur du camp ont fermé jeudi pour protéger les élèves.
Selon un communiqué de l'hôpital Nidaa al-Insan situé à l'intérieur du camp, sept personnes gravement ou légèrement blessées ont été prises en charge, dont l’une avait besoin d'une intervention chirurgicale.
Le député indépendant Abdel Rahman al-Bizri a déclaré que ces affrontements armés «menaçaient la sécurité des résidents et des citoyens et nuisaient à la cause palestinienne».
Il a affirmé qu'«un travail sérieux devait être fait pour empêcher que ces affrontements ne se reproduisent, car ils nuisent à la paix civile et à la stabilité dans la région, d'autant plus que le Liban a besoin de paix et de calme pour surmonter les circonstances critiques et exceptionnelles qu'il traverse actuellement.»
Al-Bizri a appelé les groupes rivaux à «assumer leurs responsabilités».
Des réunions sont en cours pour contenir la situation, et «une commission d'enquête sera constituée pour établir les responsabilités et prendre les mesures nécessaires en vue de désamorcer la situation», a-t-il ajouté.
Ghassan Ayoub a nié tout lien entre les violences et un rapport du site web américain «The Media Line» affirmant que des mercenaires des camps palestiniens au Liban étaient recrutés pour rejoindre les forces russes en Ukraine.
Le ministère palestinien des Affaires étrangères a nié ces allégations, les qualifiant de «nouvelles sans fondement».
«Le peuple palestinien a sa propre cause et ses propres batailles à mener, et ne participe à aucune autre guerre ou conflit ailleurs dans le monde», a ajouté le ministère.
Une source libanaise a affirmé au site américain qu'«en coopération avec le Hezbollah, des employés de l'ambassade de Palestine au Liban étaient en contact avec des militants du Fatah afin qu’ils puissent être recrutés en échange de quelques centaines de dollars».
Selon la même source, «des Palestiniens résidant au Liban se sont inscrits pour se joindre au conflit en Ukraine pour le compte de la Russie, après s'être vu offrir une somme de 350 dollars par des organismes russes».
Le site web américain a affirmé que «la majorité des Palestiniens déployés sur les lignes de front en Ukraine étaient originaires d'Aïn al-Helweh», ajoutant que «les recrues étaient des membres du mouvement politique Fatah, ainsi que d'autres organisations telles que le Front populaire pour la libération de la Palestine».
Un rapport de 2017 de l'Administration centrale libanaise des statistiques et du Bureau central palestinien des statistiques précisait que plus de 174 000 Palestiniens vivaient dans les camps.
Selon l'Unrwa, 20 000 Palestiniens ont fui la Syrie vers le Liban après le déclenchement de la guerre.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com