BEYROUTH: Les supermarchés libanais ont commencé à afficher mercredi les prix en dollars américains, par décision des autorités face à la dépréciation rapide de la monnaie nationale dans le pays en plein effondrement économique.
Depuis le début de la crise sans précédent déclenchée en 2019, la livre libanaise (LL) a perdu plus de 95% de sa valeur par rapport au billet vert.
"Je suis obligée de convertir en LL le prix de tout ce que je veux acheter. C'est déroutant pour quelqu'un qui n'a pas de dollars", a déclaré à l'AFP Suzanne Zeitoun, 28 ans, qui faisait ses courses dans la branche d'une chaîne de supermarchés à Beyrouth.
"Les prix flambent. Que Dieu vienne en aide aux nécessiteux", a renchéri une autre femme qui a requis l'anonymat.
Mi-février, le ministre de l'Économie, Amine Salam, a annoncé que les supermarchés commenceraient à fixer le prix de leurs marchandises en dollars, laissant toutefois au client la possibilité de payer en LL au taux du marché parallèle, qui change plusieurs fois dans la journée.
Dans un pays qui importe 90% de ses marchandises, les restaurants et les magasins ont commencé il y a des mois à fixer leurs prix en dollars.
Dans un supermarché de Beyrouth, les prix étaient affichés en dollars, à l'exception des fruits et légumes produits localement, selon un photographe de l'AFP.
Sur un écran à l'entrée, l'enseigne affichait le taux de change de la livre qui avoisinait les 90.000 LL pour un dollar.
Fin janvier, la monnaie nationale valait encore environ 60.000 LL pour un dollar.
Depuis le début de la crise, les prix des marchandises étaient indexés sur le taux du marché parallèle, obligeant les commerçants à changer leurs tarifs de manière quasi quotidienne.
Les autorités ont en outre pris le 28 février une décision qui risque de provoquer une nouvelle hausse des prix, en triplant les droits de douane.
Les prix des denrées alimentaires ont augmentent de façon spectaculaire depuis 2019. Selon la Banque mondiale (BM), le taux d'inflation, le plus élevé au monde, a atteint 332% entre janvier 2021 et juillet 2022.
Le pays connaît l'une des pires crises économiques au monde depuis 1850 selon la BM.
La crise politique aggrave la situation et le pays est privé de président depuis le 1er novembre, le Parlement, divisé, échouant à s'entendre sur un nouveau chef de l'Etat.