Liban: En plein effondrement de la livre, l'économie se dollarise

Des Libanais font leurs courses dans un supermarché où les prix des produits sont affichés en dollars américains, à Beyrouth, au Liban, le 1er mars 2023. (Reuters)
Des Libanais font leurs courses dans un supermarché où les prix des produits sont affichés en dollars américains, à Beyrouth, au Liban, le 1er mars 2023. (Reuters)
Short Url
Publié le Jeudi 02 mars 2023

Liban: En plein effondrement de la livre, l'économie se dollarise

  • Le ministère des Finances a mis en garde contre le chaos économique imminent et il a fixé le prix du dollar douanier à 45 000 livres libanaises
  • Le ministère avait fixé cette valeur à 15 000 livres il y a seulement quelques semaines

BEYROUTH: L'escalade de la confusion politique a fait chuter la livre libanaise à un nouveau record sur le marché noir, s’échangeant à 90 000 livres pour 1 dollar (1 dollar = 0,94 euro) mercredi.
Le dernier plongeon de la monnaie locale fait que le taux de change est plus de soixante fois inférieur au taux de base de 1 500 livres pour 1 dollar qui était en vigueur depuis trois ans.
Face au danger de chaos économique imminent, le ministère des Finances a fixé le prix du dollar douanier à 45 000 livres libanaises afin que le Trésor public puisse payer les salaires du secteur public.
Il y a quelques semaines seulement, le ministère avait fixé cette valeur à 15 000 livres.
Les magasins et les supermarchés ont également commencé à fixer le prix des produits en dollars mercredi.
Les économistes et les experts politiques ont prédit que la livre libanaise tomberait bientôt à 100 000 livres pour 1 dollar.
Dans le même temps, un homme a pris d'assaut une agence de la Creditbank à Sidon, au sud de Beyrouth, et il a menacé d'y mettre le feu si on lui refusait l'accès à ses économies. L'homme a fini par quitter la banque sans récupérer son argent après avoir reçu l'assurance qu'il ne ferait l'objet d'aucune accusation pénale.
L'économiste Jassem Ajaka déclare que «le trou dans lequel le pays s'est enfoncé est sans fin», et il ajoute: «Le pire est encore à venir et nous nous noyons dans le chaos le plus total en raison des erreurs accumulées.»
M. Ajaka explique que le ministère des Finances n'avait d'autre choix que d'augmenter le dollar douanier pour accroître les recettes du Trésor.
Des sources ont indiqué à Arab News que le ministère a estimé à 8 000 milliards de livres libanaises le coût de la couverture des augmentations et des allocations d'aide sociale qui ont été ajoutées aux salaires du secteur public.
«Le pays souffre d'un important déficit, et l'augmentation des recettes est l'une des exigences du Fonds monétaire international (FMI)», souligne Jassem Ajaka.
«Après avoir augmenté le dollar douanier et dollarisé l'économie, l'enjeu réside dans le contrôle des prix du marché en l'absence d'institutions étatiques efficaces. Un immense chaos nous attend.»
Les observateurs économiques estiment que si la classe politique reste inactive, l'effondrement financier, économique et bancaire est inévitable.
Alors que la monnaie locale plonge et que les prix des produits de base et des denrées alimentaires augmentent de minute en minute, le ministère des Finances a été vivement critiqué pour sa décision d'augmenter le dollar douanier, une mesure qui risque de réduire considérablement le pouvoir d'achat de la population.
Hani Bohsali, chef du syndicat des importateurs de produits alimentaires, déclare que cette décision était surprenante et qu'elle entraînerait une augmentation de 2 à 10% des prix des produits de base.
«Même si les huiles et les céréales sont exemptées de l'augmentation des droits de douane, leurs prix vont augmenter avec la chute de la monnaie locale.»
Le député de Tripoli Achraf Rifi a averti que la dépréciation de la monnaie locale pourrait entraîner une véritable catastrophe aux répercussions dévastatrices.
«Les Libanais sont devenus les victimes d'un massacre économique», s’indigne-t-il. «Le pouvoir en place et le Hezbollah doivent partir avant que nous puissions commencer à réformer ce que ce système a détruit.»
Le Conseil des évêques maronites s'est réuni mercredi et il a appelé le gouvernement intérimaire à s'acquitter de ses fonctions avec sagesse et à éviter toute action susceptible d’aggraver la situation.
Le Conseil a exprimé ses inquiétudes concernant la sécurité et il a demandé aux forces de l'ordre de renforcer les mesures.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


En Tunisie, un décret présidentiel contre les « fausses informations» menace les libertés

Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
Le président tunisien Kais Saied s'adresse aux journalistes après avoir voté aux élections locales de 2023 dans la localité de Mnihla, dans la province de l'Ariana, à la périphérie de Tunis, le 24 décembre 2023. (Photo, AFP)
Short Url
  • En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54
  • La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali

TUNIS: La multiplication des poursuites judiciaires en Tunisie contre des journalistes et personnalités publiques depuis la publication d'un décret visant à combattre ce que le gouvernement considère comme de "fausses informations" est devenu une "menace" pour la liberté d'expression encourageant "l'autocensure", déplorent des ONG et des professionnels des médias.

Le 13 septembre 2022, le président Kais Saied a promulgué le "décret 54" qui punit de jusqu'à cinq ans de prison quiconque utilise les réseaux d'information et de communication pour "rédiger, produire, diffuser (ou) répandre de fausses nouvelles (...) dans le but de porter atteinte aux droits d'autrui ou de porter préjudice à la sécurité publique".

La même peine peut être appliquée en cas de diffusion "de nouvelles ou de faux documents (...) visant à diffamer d'autres personnes, de porter atteinte à leur réputation, de leur nuire financièrement ou moralement". Le temps de détention double "si la personne visée est un agent public", selon le décret controversé.

En un an et demi, plus de 60 personnes parmi lesquelles des journalistes, des avocats et des opposants à M. Saied ont fait l'objet de poursuites au nom du décret 54, affirme à l'AFP le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Zied Dabbar.

En dépit de ses objectifs officiels, ce "décret-loi n'a par exemple jamais été appliqué aux cas de cyberattaques", note-t-il.

Pour le célèbre chroniqueur radio Haythem Mekki, le texte vise "à faire taire les voix indésirables au pouvoir, ce qui explique les multiples poursuites lancées contre des personnes qui n'ont fait que critiquer les autorités".

Objet lui-même d'une enquête sur la base du décret 54 pour une publication sur l'état de la morgue de l'hôpital de Sfax (centre), ce journaliste estime que le texte a "réussi à intimider les milieux médiatiques et gravement affecté la liberté d'expression".

"On n'ose quasiment plus critiquer le président, ni en faire un objet de satire alors qu'à un moment on avait des guignols (des marionnettes humoristiques, ndlr) pour tous les responsables de l'Etat", constate-t-il. "La chape de plomb est là et pèse lourd", déplore M. Mekki.

La liberté d'expression était considérée comme le principal acquis de la Révolution de 2011 qui a fait chuter le dictateur Zine El Abidine Ben Ali. Mais depuis le coup de force en juillet 2021 du président Saied, par lequel il s'est octroyé tous les pouvoirs, plusieurs ONG et l'opposition ont déploré un recul des droits et libertés.

"Climat de peur" 

Selon l'ONG américaine Human Rights Watch, le pouvoir tunisien utilise ce décret "pour étouffer et intimider un large éventail de critiques".

Pour le professeur en science de l'information, Sadok Hammami, "ce décret-loi n'est pas du tout une réponse à la désinformation ni aux +fake news+ puisqu'il vise plus particulièrement des personnalités publiques et politiques".

"Le climat actuel décourage les professionnels des médias et instaure une atmosphère de peur, de censure et d'autocensure", selon lui.

"Aujourd'hui, les gens craignent de s'exprimer pour ne pas subir les foudres du décret 54", confirme à l'AFP Hamza Belloumi, un animateur de télévision vedette.

Son émission hebdomadaire qui dévoile des affaires de corruption ou des sujets sociaux sensibles, s'appuyait sur les témoignages de personnes "qui avaient le courage de parler, mais sont beaucoup plus réticentes aujourd'hui". "Soit elles n'acceptent pas de parler, soit elles réclament des garanties d'anonymat", regrette-t-il, soulignant avoir "énormément réduit" le nombre de reportages.

Même si "l'idée du texte était motivée par une bonne volonté, son utilisation est mauvaise. Il est devenu un instrument pour museler la parole", ajoute-t-il.

Fin février, 40 députés ont déposé une demande au Parlement pour réviser le décret mais son examen est "entravé par le président" de la Chambre, accuse le président du SNJT.

L'avocat et militant politique Ayachi Hammami, poursuivi depuis janvier en vertu du décret après une intervention radiophonique sur la situation des magistrats, déplore "une instrumentalisation des lois pour frapper fort les voix opposantes, les écarter et faire peur aux Tunisiens".

"Il est temps de réviser ce décret surtout à l'approche de la présidentielle (prévue à l'automne, ndlr) qui exige le plus grand niveau de solidarité entre les acteurs médiatiques, politiques et socio-économiques", abonde le député indépendant Mohamed Ali.

 

 


Une offensive israélienne sur Rafah «pourrait conduire à un bain de sang» selon le chef de l'OMS

Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Short Url
  • Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour «anéantir » selon lui les dernières brigades du Hamas
  • Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville

GENÈVE: Une offensive terrestre de l'armée israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, "pourrait conduire à un bain de sang", a mis en garde le chef de l'Organisation mondiale de la santé vendredi sur le réseau social X.

"L'OMS est profondément préoccupée par le fait qu'une opération militaire à grande échelle à Rafah, Gaza, pourrait conduire à un bain de sang et affaiblir davantage un système de santé déjà à genoux", écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, à propos de la ville où sont massés 1,2 million de Palestiniens venus y chercher refuge.

Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas, mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville.

Outre le coût en vies humaines, une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur des opérations humanitaires", a averti vendredi le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 

 


La Sûreté publique saoudienne publiera samedi les instructions pour obtenir le permis d’entrée à La Mecque avant la saison du Hajj

La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d'entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj. (Photo, AFP)
Short Url
  • La Direction générale des passeports a déclaré qu’elle avait commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque
  • Tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes

RIYAD: La Direction générale de la sûreté publique d’Arabie saoudite a annoncé qu’elle publierait samedi des instructions à l’intention des résidents souhaitant obtenir l’autorisation d’entrer à La Mecque avant le début de la saison du Hajj, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Elle a par ailleurs expliqué que tout résident saoudien souhaitant obtenir un permis doit présenter une demande auprès des autorités compétentes et a indiqué que ceux qui n’obtiennent pas les permis nécessaires se verront interdire l’accès à la Ville sainte.

La Direction générale des passeports a également déclaré avoir commencé à délivrer des permis d’entrée électroniques pour les travailleurs à La Mecque afin de simplifier les procédures d’entrée pour les résidents pendant la saison du Hajj.

Le service numérique, accessible via la plate-forme en ligne Absher et le portail Muqeem du ministère de l’Intérieur, permettra à ceux qui souhaitent obtenir un permis d’entrée de soumettre leurs documents en ligne sans avoir à se rendre en personne dans les bureaux de passeports.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com