Quelle que soit la violence à laquelle le pays recourt contre les Palestiniens, Israël trouve toujours un moyen de la minimiser et de rejeter la faute sur les victimes.
Dimanche, des colons israéliens armés, qui bénéficient constamment de la protection de l'armée israélienne, se sont livrés à un saccage à grande échelle à Huwara, un village situé au sud de Naplouse en Cisjordanie.
Les colons ont terrorisé les habitants, incendié des bâtiments et des dizaines de voitures, et attaqué des civils, notamment des vieillards, des femmes et des enfants, le tout sous les yeux des soldats israéliens qui ne sont pas intervenus avant la fin de la vague de violence. Certains commentateurs ont décrit l'attaque comme une mini-Kristallnacht, ou Nuit de cristal, en référence aux attaques violentes contre les entreprises juives dans toute l'Allemagne nazie en novembre 1938.
Les responsables israéliens ont qualifié la violence des colons d'«actions de terreur» – fait inhabituel –, mais ont affirmé que cette violence était un «acte de vengeance», ce qui signifie que ses auteurs ont été provoqués par la violence palestinienne. Il s’agit là de deux poids, deux mesures, car les soldats et les colons israéliens ont pris pour cible et tué de nombreux Palestiniens, dont onze lors d'une attaque par les militaires à Naplouse quelques jours plus tôt.
Le meurtre de deux colons juifs a déclenché la violence de dimanche et suscité la colère des politiciens israéliens et des médias, comme si leur mort était plus importante que celle du nombre cinq fois plus élevé de Palestiniens tués la semaine précédente.
Depuis le 1er janvier, plus de 60 Palestiniens ont été tués, la plupart lors de vastes raids des Forces de défense israéliennes à Jénine et Naplouse. Parmi les personnes tuées figurent des vieillards, des femmes et des enfants, bien que la machine de relations publiques partiale d'Israël décrive généralement les victimes comme des «terroristes».
Une base de données gérée par l'organisation israélienne des droits humains B'Tselem montre que, depuis 2000, 10 341 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens, contre 855 Israéliens tués par des Palestiniens. 86 autres Palestiniens ont été tués par des civils israéliens. En plus des tueries, les Israéliens ont détruit des milliers de maisons palestiniennes. De plus, au cours de l'année écoulée, des dizaines de colonies israéliennes en Cisjordanie, réservées exclusivement aux juifs, ont été construites ou agrandies sur des terres palestiniennes.
La nature asymétrique des statistiques révèle l'hypocrisie de la stratégie de relations publiques d'Israël, qui rejette toute la responsabilité sur les Palestiniens et excuse le terrorisme israélien comme étant une réaction à la violence.
Lorsque vous suivez de près les principaux médias d'information, il devient clair que les cas impliquant des victimes israéliennes reçoivent une couverture plus détaillée, avec une insistance sur le côté humain, que les décès palestiniens, qui sont présentés comme de simples statistiques.
Israël a tué un nombre dix fois plus élevé de chrétiens et de musulmans palestiniens sans avoir à s'inquiéter d'une vive réaction publique parce que l’opinion publique n’a pas de présentation objective de la violence. Ce n'est que lorsque des juifs israéliens sont tués que les médias, ainsi que de nombreux responsables élus aux États-Unis réagissent avec indignation.
Bien que le problème réside dans la nature violente du gouvernement d'apartheid d'Israël, l'un des facteurs qui alimentent ce déséquilibre est associé à l’échec de la communauté internationale à intervenir.
Les Palestiniens bénéficient du soutien de nations du monde entier, dont celui de nombreux pays parmi les plus grands et les plus puissants, mais aucun d'entre eux ne semble capable de peser suffisamment fort pour arrêter les abus violents et répétés commis par Israël contre les droits humains des Palestiniens. Ce n'est pas que les Palestiniens sont ingrats vis-à-vis du soutien qu'ils reçoivent de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, du Moyen-Orient, de l'Amérique du Sud et même des États-Unis. C'est juste que ce soutien est souvent creux et dénué d'action réelle.
Le soutien à la Palestine est important quand on regarde les chiffres, mais il est faible quand on en examine la substance. À l'ONU, par exemple, les résolutions de l'Assemblée générale condamnant les atrocités israéliennes contre les Palestiniens sont adoptées à une large majorité et soutenues par pas moins de 143 des 193 États membres de l'organisation. Il y a généralement moins de dix pays, dont Israël, qui votent contre de telles résolutions, les autres s'abstenant, car ne voulant décevoir aucune des parties.
Cependant, l'Assemblée générale a beaucoup moins de pouvoir que le Conseil de sécurité de l'ONU, car ses résolutions sont essentiellement l’expression de points de vue, et non d'action réelle, à moins que les sujets ne soient pas sujets à controverse. C'est comme si les nations du monde n'avaient aucun pouvoir de faire quoi que ce soit dès lors qu’il s'agit d'Israël.
Huwara est un exemple de l'urgente nécessité pour la communauté internationale d'intervenir et d'agir de manière concrète
Huwara est un exemple de l'urgente nécessité pour la communauté internationale d'intervenir et d'agir de manière concrète. Il est important que l’indignation exprimée aille au-delà des simples remontrances.
Israël s'intéresse de plus en plus au monde arabe, qui a été son objectif international le plus important ces dernières années. Les pays arabes peuvent considérablement influencer les actions d'Israël. Ils peuvent convertir leur indignation en influence en adoptant des mesures de politique étrangère contre Israël.
Tant que la communauté internationale ne mettra pas plus de mordant dans sa condamnation de la violence d'Israël, rien ne changera. Les unités militaires israéliennes continueront de se frayer un chemin à travers les communautés palestiniennes de Cisjordanie et de tuer de plus en plus de Palestiniens, les médias et les politiciens américains favorables à Israël lui fournissant un bouclier de sympathie.
Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il est joignable sur son site personnel à l'adresse www.Hanania.com.
Twitter: @RayHanania
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com