PARIS: L'accusation a requis mercredi quatorze ans de réclusion criminelle à l'encontre d'une "revenante" de Syrie, jugée à Paris pour avoir rejoint les rangs du groupe Etat islamique (EI) et qui se présente désormais comme une "repentie".
L'avocate générale Alexa Dubourg a demandé que cette peine soit assortie d'une période de sûreté des deux tiers, mettant en avant les "capacités de dissimulation" de l'accusée et sa "détermination hors du commun".
"Elle dit aujourd'hui qu'elle a changé. Je ne prendrai pas le pari de la croire", a lancé la magistrate.
Douha Mounib, 32 ans, comparaît depuis lundi devant la cour d'assises spéciale pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle, pour deux séjours en zone irako-syrienne entre 2013 et 2017, entrecoupés de tentatives répétées de rallier de nouveau ce théâtre de guerre.
Prolixe dans le box, l'accusée a raconté comment son "désir" d'aller en Syrie avait viré à "l'obsession" depuis qu'elle s'était radicalisée, quelques mois avant d'entamer un premier périple en 2013 vers cette zone de guerre, épousant un passeur qu'elle venait de rencontrer en Turquie.
Ce premier séjour avait été écourté après deux mois, en raison de l'instabilité de la région. Douha Mounib n'avait ensuite eu de cesse de vouloir repartir en Syrie, mais chacune de ses tentatives s'était soldée par un échec.
Sa détermination avait fini par payer à l'été 2015: grâce à la carte d'identité dérobée à sa mère, elle avait réussi à passer la frontière turco-syrienne avec son second époux tunisien et le fils de ce dernier, âgé de moins de deux ans.
Ils avaient séjourné une quinzaine de mois en Irak et en Syrie, successivement à Mossoul puis Raqqa, deux villes conquises par l'EI.
De ce séjour, Douha Mounib a livré une "version des faits très édulcorée", affirmant que son mari n'avait "jamais combattu", qu'elle n'avait vu aucune des "atrocités quotidiennes" commises par l'EI, et que l'activité de sage-femme qu'elle avait elle-même exercé l'aurait été de façon "clandestine", une présentation "assez audacieuse", a estimé l'avocate générale.
Après avoir quitté fin 2016 les territoires contrôlés par l'Etat islamique, et passé quelques mois en Syrie, Douha Mounib avait été arrêtée en mars 2017 alors qu'elle franchissait la frontière syro-turque avec sa fille âgée de quelques mois et l'enfant de son mari.
Elle avait été rapatriée en France fin 2017 et incarcérée. La défense plaidera après la pause méridienne.