Macron entame une tournée test en Afrique centrale

Emmanuel Macron a appelé lundi à «bâtir une nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable» avec l'Afrique (Photo, AFP).
Emmanuel Macron a appelé lundi à «bâtir une nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable» avec l'Afrique (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 01 mars 2023

Macron entame une tournée test en Afrique centrale

  • Le chef de l'Etat est attendu en fin d'après-midi dans la capitale gabonaise, première étape d'un périple qui le conduira ensuite en Angola, au Congo et en RDC
  • Il effectue son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017

LIBREVILLE: Le président français Emmanuel Macron entame mercredi à Librevillle une tournée de quatre jours en Afrique centrale, l'occasion d'éprouver la "nouvelle relation" qu'il appelle de ses vœux avec un continent où l'influence de la France ne cesse de reculer.

Le chef de l'Etat est attendu en fin d'après-midi dans la capitale gabonaise, première étape d'un périple qui le conduira ensuite en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo.

Il effectue son dix-huitième déplacement en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017. Il s'y rend surtout deux jours après avoir exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir.

Prenant acte d'un ressentiment croissant envers la France, ex-puissance coloniale, Emmanuel Macron a appelé lundi à "bâtir une nouvelle relation, équilibrée, réciproque et responsable" avec l'Afrique.

Il a aussi annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel, mais devenue l'incarnation de l'héritage colonial aux yeux d'une jeunesse avide de "nouvelle" indépendance.

"L'Afrique n'est pas un pré-carré", a martelé le chef de l'Etat, prônant une "posture de modestie et d'écoute" dans le prolongement de son discours de Ouagadougou en novembre 2017.

Démocratie d'abord

Depuis août 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Elle a aussi quitté en décembre la Centrafrique où elle était intervenue pour mettre fin à des violences interethniques.

Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais sur les réseaux, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans sa sphère d'influence historique.

Emmanuel Macron entend désormais s'appuyer sur la société civile et les diasporas africaines en France pour tourner la page de la "Françafrique", longtemps faite de liens troubles et de soutien à des potentats locaux.

"Notre intérêt, c'est d'abord la démocratie", martèle-t-il, promettant aussi de "défendre les intérêts" économiques français là où nombre de pays, de la Chine à la Turquie, avancent à visage découvert.

L'exercice s'annonce délicat au Gabon où l'opposition l'accuse d'"adouber" à travers sa visite le président Ali Bongo, élu dans des conditions controversées en 2016 et probable candidat à sa réélection cette année.

Ce dernier l'accueillera dès mercredi soir à la présidence pour un dîner, suivi d'une séquence jeudi dans le cadre du Sommet One Forest sur la préservation des forêts tropicales.

"A tort ou à raison, les Gabonais interpréteront votre arrivée dans leur pays comme l'expression du soutien de la France au régime en place, en vue de favoriser son maintien au pouvoir", ont asséné les principaux leaders de l'opposition gabonaise.

À contrecourant

Emmanuel Macron se défend de toute démarche "politique" et assure que l'unique but de sa visite est le sommet sur les forêts du bassin du Congo, premier poumon de la planète selon l'Elysée, désormais menacé par la surexploitation agricole.

Idem à Luanda où il signera vendredi un partenariat pour développer la filière agricole en Angola, pays pétrolier de premier plan mais où la majeure partie de la population reste plongée dans la pauvreté.

Le président angolais Joao Lourenço, réélu en 2022, incarne la continuité du Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), au pouvoir depuis l'indépendance du Portugal en 1975 et longtemps parti unique.

Emmanuel Macron fera ensuite une brève escale à Brazzaville où le président Denis Sassou Nguesso est au pouvoir depuis près de 40 ans, une rencontre qui risque là aussi d'apparaître à contrecourant de son discours de lundi.

La République démocratique du Congo, ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, lui offrira sans doute une meilleure opportunité pour dérouler sa vision de l'Afrique.

Mais là aussi le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année et l'opposition ne voit pas d'un bon oeil cette visite.

Le président français sera aussi très attendu sur la crise dans l'est du pays, où le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23 et où il a tenté, en vain, une médiation.


Madagascar: Macron annonce la signature d'accords économiques ambitieux

Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme"
  • "La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron et son homologue malgache Andry Rajoelina ont annoncé mercredi un renforcement de leur coopération économique, via plusieurs projets ambitieux, au premier jour d'une visite d'Etat à Antananarivo.

Emmanuel Macron a annoncé que "plusieurs accords importants seront scellés" lors de cette visite, citant "énergie, numérique, infrastructures, connectivité et tourisme".

"La France a toujours été proche de Madagascar", a renchéri Andry Rajoelina, en souhaitant qu'elle "s'investisse encore plus", évoquant l'"immense potentiel" de l'île-Etat de l'océan Indien.

Emmanuel Macron a annoncé un accompagnement financier de l'Agence française développement (AFD) ainsi qu'un prêt du Trésor français pour la réalisation d'un barrage hydroélectrique à Volobe, dans l'Est du pays, dans les tuyaux depuis près d'une décennie.

Un accord devrait aussi être signé pour l'entrée du géant de l'électricité français EDF au capital de la Compagnie générale d'hydroélectricité (CGHV) malgache, a appris l'AFP auprès d'une source proche des discussions.

Alors que la France était le premier client et troisième fournisseur de Madagascar en 2024, Emmanuel Macron a évoqué un "accompagnement financier" et un "soutien technique" pour la rénovation de voies ferroviaires, ainsi que "des accords importants en termes de sécurisation des apports en blé".

Il a aussi souhaité un "partenariat en matière de terres rares stratégiques", ces métaux nécessaires aux technologies de la transition énergétique que l'île a dans son sous-sol.

Accompagné de son épouse Brigitte, il est aussi venu renforcer la place de la France dans l'océan Indien, en dépit de contentieux persistants hérités de la colonisation.

C'est le premier président français depuis Jacques Chirac en 2005 à se rendre dans l'ancienne colonie qui compte 30 millions d'habitants.

La France, confrontée à une souveraineté contestée sur plusieurs de ses territoires et aux ambitions croissantes de la Chine et de la Russie dans cette partie du monde, entend consolider son statut de puissance régionale.

Mémoire 

Madagascar revendique les îles Eparses tout comme les Comores revendiquent l'archipel de Mayotte. Ces deux territoires français occupent une position stratégique dans le canal du Mozambique, une voie de transit majeure pour le commerce international, riche en hydrocarbures.

"Ces demandes de rétrocession, c'est un enjeu d'identité nationale, d'accès aux ressources et un moyen de pression pour obtenir autre chose" de la France, résume Denys-Sacha Robin, spécialiste en droit international de la mer à l'université Paris-Nanterre.

Les îles Éparses seront "évoquées", a indiqué l'Elysée. Paris privilégie une solution de type "cogestion". Des souverainistes malgaches souhaitent à l'inverse que le président Rajoelina remette la question de la rétrocession sur la table, comme celle obtenue des Britanniques par l'île Maurice pour l'archipel des Chagos en 2024.

La question mémorielle liée à la colonisation reste aussi au coeur de la relation franco-malgache. Le président Macron s'est ainsi engagé en faveur de la restitution de biens culturels.

Le crâne du roi Toera, décapité en 1897 par les troupes françaises et emporté comme trophée en France, ne sera toutefois pas restitué comme prévu à l'occasion de la visite.

Des descendants du roi s'opposaient à une restitution en avril, synonyme de malheur selon les traditions locales. La famille a demandé aussi que le tombeau du roi, récemment profané, soit restauré avant d'accueillir dignement les restes humains.

Les Malgaches réclament des gestes mémoriels plus forts de Paris. Comme la mise en place "d'une commission pour faire toute la lumière sur ce qu'on appelle les violences coloniales", relève Jeannot Rasoloarison, historien à l'université d'Antananarivo.

Le président français défendra jeudi l'intégration de Mayotte, bloquée par les Comores, à la Commission de l'océan Indien (COI), à l'occasion du cinquième sommet de l'organisation intergouvernementale dans la capitale malgache.

"La France tout entière a vocation à avoir sa place dans la COI", a martelé lundi le président à Mayotte, alors que seul le département de La Réunion y est aujourd'hui représenté.


Attaque contre des prisons: Bayrou mercredi dans l'Isère avec Darmanin et Retailleau

François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon. (AFP)
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  • Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France
  • Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram

PARIS: François Bayrou se rend mercredi, en compagnie du garde des Sceaux Gérald Darmanin et du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) pour exprimer son soutien au personnel pénitentiaire, a-t-on appris auprès de Matignon.

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de multiples faits visant depuis mi-avril plusieurs établissements pénitentiaires et des surveillants en France.

Un groupe revendiquant la "défense des droits des prisonniers français", ou DDPF, sigle retrouvé aux abords des prisons prises pour cibles, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram.

Le Pnat a notamment annoncé lundi se saisir de l'enquête sur des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov ayant visé dans la nuit un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires.

Dans la nuit de dimanche à lundi, "plusieurs tirs par arme à feu et jets de cocktail Molotov ont visé des pavillons dans un lotissement en Isère, où résident plusieurs agents pénitentiaires" et "des graffitis +DDPF+ (droits des prisonniers français, NDLR) ont été découverts sur place", a indiqué le parquet national antiterroriste (Pnat), qui "s'est saisi de ces faits".

À Villefontaine, commune iséroise située non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d'une maison a été incendiée et des impacts de tirs ont été découverts sur la façade, selon la gendarmerie et des sources syndicales. Une inscription "DDPF" a été retrouvé taguée sur le domicile.

M. Darmanin a indiqué mardi que "plusieurs attaques" contre des prisons "ont été dissuadées" dans la nuit de lundi à mardi.


Un jeune homme, poignardé près d'un point de deal, entre la vie et la mort

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès. (AFP)
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  • La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès
  • L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise

LYON: Un jeune homme est entre la vie et la mort après avoir été poignardé à proximité d'un point de deal à Villeurbanne, dans la banlieue de Lyon, a indiqué mardi à l'AFP une source policière.

La victime a reçu "une vingtaine de coups de couteau" lundi soir et "son pronostic vital reste engagé" mardi midi, a précisé la source policière, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.

L'agression a eu lieu vers 23H30 dans le quartier du Tonkin, où de nombreux points de deal ont été démantelés ces derniers mois mais qui reste un haut-lieu du trafic de stupéfiants dans l'agglomération lyonnaise.

La victime, un "jeune homme", est "défavorablement connue de la justice", mais le lien avec le trafic de drogues "n'a pas encore été établi" à ce stade de l'enquête, selon cette source policière.

Fin novembre, un homme d'une trentaine d'années avait été tué par balle dans ce même quartier à Villeurbanne où plusieurs fusillades ont éclaté en 2024.